INTERVIEWPortrait officiel de François Hollande: «On passe du président normal à l'homme normal»

Portrait officiel de François Hollande: «On passe du président normal à l'homme normal»

INTERVIEWElodie Mielczareck est sémiologue. Elle décrypte la photo officielle du président François Hollande, dévoilée ce lundi...
Propos recueillis Par Anne Kerloc’h

Propos recueillis Par Anne Kerloc’h

Votre première réaction sur la photo?

C’est surprenant! On ne s’attend pas du tout à ce type d’image. Je ne sais pas si elle va être recadrée mais ce format carré étonne, ainsi que le cadrage. Généralement, le personnage occupe les deux-tiers de l’image, et plutôt sur un des côtés. Là, il est très central mais avec beaucoup de vide autour de lui, il a l’air un peu perdu. Jacques Chirac, lui aussi, avait posé en extérieur mais occupait plus l’espace, ce qui lui donnait une certaine stature. Cela éloigne du portrait officiel pour aller vers la pose officieuse.

Ce format carré détonne pour un portrait officiel?

C’est le format du Polaroïd, de la photo amateur. Avec la place du paysage, cela donne une certaine volonté de naturalité, qui est d’ailleurs la marque de Raymond Depardon. Les symboles patriotiques forts, les drapeaux, l’Elysée, sont aussi très éloignés. Du coup, on passe du président normal à l’homme normal… Ce qui n’est pas évident! Après, il y a des aspects positifs. Les jambes donnent une impression de mouvement d’action. Le petit souci, ce sont les bras, qui eux, sont statiques. Comme s’il y avait un hiatus entre le haut et le bas du corps. Sinon, les couleurs sont douces, dans les tons de bleus, verts, ce qui donne une impression d’apaisement, de tranquillité.

Beaucoup rapprochent ce cliché de celui de Chirac, lui aussi élu de Corrèze...

Je dirais que c’est un mix entre Valéry Giscard d’Estaing et Jacques Chirac. Ce dernier pour le côté homme d’extérieur et pas d’intérieur, la mise en avant de la nature. Tous deux montrent que ce ne sont pas des bureaucrates qui aiment rester assis devant une table de travail, qu’ils vont au contact de l’extérieur. Je le rapproche aussi du premier pour sa volonté de casser complètement les codes de la photo officielle. A contrario, on a une vraie opposition avec celle de Nicolas Sarkozy.

Au final, ratage ou réussite?

Cette photo est surprenante, un peu déséquilibrée, mais intéressante car elle bouscule les codes. Son slogan était axé sur le changement et on est bien face à un changement.