Sur le fond et la forme, François Hollande ravi de sa première sortie diplomatique
DIPLOMATIE•François Hollande était aux États-Unis pour un marathon de rendez-vous internationaux...© 2012 AFP
Une semaine à peine après son installation à l'Elysée, François Hollande est ressorti très satisfait de son premier marathon international aux Etats-Unis, où il a largement volé la vedette à ses pairs et juge avoir pesé sur les débats.
Pour un baptême du feu, le programme était d'une rare intensité. En quatre jours, de la Maison Blanche au sommet du G8 à Camp David puis à celui de l'Otan à Chicago, le nouveau président français a multiplié les rendez-vous avec les «grands» de la planète. L'occasion de poser les premiers jalons de son action diplomatique et, aussi, d'imposer un nouveau style.
«Il est très différent de mon collègue Nicolas Sarkozy»
Sur la forme, François Hollande est apparu très à l'aise, multipliant les bons mots avec Barack Obama dans le prestigieux Bureau ovale de la Maison Blanche ou avec la presse lors de la photo de famille du sommet de Camp David. Seul petit «couac», la cravate dont il a oublié de se séparer pour respecter le code vestimentaire décontracté imposé aux invités du G8.
Pour la plupart, ses pairs ont tous vanté la qualité et même la chaleur de leur première rencontre avec le chef de l'Etat français. Même ceux qui, pendant la campagne électorale présidentielle, lui avaient plus ou moins ouvertement préféré son rival Nicolas Sarkozy, comme le président américain ou le Premier ministre britannique David Cameron.
«Il est très différent de mon collègue Nicolas Sarkozy», a noté dans un registre plus retenu le Premier ministre russe Dmitri Medvedev, «ce sont des personnalités différentes, ils représentent des sensibilités politiques différentes et je l'ai senti pendant la discussion».
Discipline budgétaire et croissance économique
Sur le fond, François Hollande n'a pas caché sa satisfaction sur la tournure prise par les discussions à l'ordre du jour de son séjour américain et s'est attribué, déjà, quelques succès diplomatiques sur des thèmes dont il avait fait quelques unes des promesses emblématiques de sa campagne.
D'abord sur le débat entre discipline budgétaire et croissance économique. A Camp David, celui qui s'est engagé à imposer à la chancelière allemande Angela Merkel une renégociation du pacte de discipline budgétaire européen s'est réjoui que «la croissance a été le grand sujet de ce G8». «Je considère que le mandat qui m'a été confié par les Français a déjà été honoré», s'est même vanté François Hollande.
Le retrait des troupes françaises d'Afghanistan
Autre motif de satisfaction français, le retrait des troupes françaises combattantes d'Afghanistan avant la fin de l'année 2012, soit deux ans avant l'échéance fixée par ses partenaires de l'Otan. Cet engagement a fait grincer pas mal de dents à Chicago, mais François Hollande juge avoir apporté les explications nécessaires, notamment en confirmant les engagements de la France en matière de formation des policiers et militaires après 2014, pour faire passer la pilule auprès de ses alliés.
Cette décision aurait pu causer «un malentendu entre la France et ses alliés, ça n'a pas été le cas», a-t-il noté, «nous avons veillé à ce que la position de la France soit pleinement respectée et appliquée et, en même temps, j'ai veillé à ce que nos alliés (en) comprennent bien le sens».
Vives critiques à droite
Au final, même s'il a récusé le terme de «période d'essai», François Hollande a jugé positivement ses premiers pas sur la scène internationale. «Il est très ferme sur ses positions et en même temps d'un abord facile», a jugé son ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, «c'est un sans faute».
Sans surprise, ses adversaires politiques en France ont sévèrement critiqué la prestation du nouveau président. «Présomptueux», a jugé le député du parti de la droite UMP Axel Poniatowski. «Il va falloir qu'il mette de l'eau dans son vin», a averti l'ex-conseiller de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino. «Des mots», a résumé la présidente du Front national Marine Le Pen.
Au-delà du fond, l'entourage de François Hollande a surtout souligné la rapidité avec laquelle l'ex-président du conseil général de Corrèze s'est glissé dans ses habits de dirigeant mondial. «Il a même refusé de répondre à une question sur le football», s'est amusé le ministre de la Défense, et ami de trente-cinq ans, Jean-Yves Le Drian.