Meurtre d'Agnès: Le gouvernement réfute toute exploitation
FAITS-DIVERS•La mère de l'adolescente est «fatiguée» par la tournure politicienne qu'a pris l'affaire...© 2011 AFP
Le gouvernement a réfuté mardi toute exploitation politique de l'assassinat d'Agnès en Haute-Loire, avoué par un lycéen déjà poursuivi pour viol, défendant sa décision de légiférer à la suite de «dysfonctionnements» dans le suivi du jeune homme. La mère d'Agnès, Paola Marin, a déploré dans le même temps que «tout ça a(it) pris la tournure la plus politicienne, qui ne nous intéresse pas, qui nous dépasse».
«Nous n'avons pas à exploiter des événements comme cela»
«Ce que les Français attendent de nous, c'est une grande dignité, nous n'avons pas à exploiter des événements comme cela», a déclaré le Premier ministre François Fillon mardi à l'Assemblée nationale, se refusant à «polémiquer» avec le PS. La loi présentée mercredi en conseil des ministres, qui comprend des mesures sur l'évaluation de la dangerosité des délinquants, n'est pas «un texte de circonstance», a-t-il affirmé. Soulignant que le drame «aurait pu être évité», François Fillon a relevé que le lycéen «n'aurait jamais dû être placé dans un établissement d'éducation normal sans une surveillance particulière».
Les ministres Luc Chatel (Education) et Claude Guéant (Intérieur) ont parlé de «dysfonctionnements» dans le suivi du jeune homme, jugé «réinsérable et ne présentant pas de dangerosité» et scolarisé dans un établissement mixte au Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire) après quatre mois de détention provisoire pour le viol d'une jeune fille de 16 ans dans le Gard.
«Des signes avant-coureurs qui, à la lecture des événements actuels, auraient été des indices»
La justice et le directeur du collège-lycée où étaient scolarisés Agnès et son meurtrier présumé, n'ont «pas bien travaillé», a déclaré à l'AFP le grand-père de l'adolescente, Armel Martin. Les syndicats de magistrats se sont interrogés sur la nature des «dysfonctionnements» dénoncés alors que les enquêtes sont en cours, redoutant «des solutions simplistes» et s'affligeant de voir la loi pénale transformée en «outil de communication politique».
Luc Chatel a révélé que le lycéen avait fait l'objet de deux exclusions d'une semaine en 2010-2011, frôlant le renvoi, sans dire si son comportement sexuel était en cause. La veille, le collège-lycée avait indiqué que le lycéen était passé en «conseil de vie scolaire» en juin 2011, sans en préciser le motif. Alberto Munoz, administrateur de l'établissement, avait évoqué «des petits gestes» du jeune homme et «des signes avant-coureurs qui, à la lecture des événements actuels, auraient été des indices».
«Le juge a appliqué toutes les règles»
Selon le directeur Philippe Bauwens, son établissement savait que le lycéen avait «eu des ennuis avec la justice», sans en connaître la nature. Un éducateur de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) du Gard a rencontré en mars le directeur du collège-lycée, a indiqué le procureur de Nîmes Robert Gelli, sans préciser la teneur de leurs échanges.
Relevant que «le juge a appliqué toutes les règles» mais qu'elles devaient changer «maintenant», Michel Mercier a annoncé l'envoi la semaine prochaine d'une circulaire aux parquets généraux pour détailler les mesures contre les auteurs mineurs de crimes sexuels les plus graves pas encore jugés. Parmi ces dispositions figurent l'évaluation «pluridisciplinaire» de la dangerosité des délinquants, examinée mercredi en conseil des ministres.
Un «échec français» en matière de récidive
Les procureurs sont aussi invités à requérir le placement en centre éducatif fermé (CEF) des mineurs ayant «avoué des crimes sexuels particulièrement graves». Un décret «sur le secret partagé entre la justice, l'école, la santé» est «pratiquement prêt», selon Michel Mercier. Une réforme «plus profonde» de la législation sur les mineurs après les élections de 2012 a été préconisée par Claude Guéant.
Bruno Le Roux, porte-parole des députés PS et du candidat François Hollande, a estimé que ce drame signait un «échec français» en matière de récidive pour les délits et crimes sexuels. Il a notamment cité «pas moins de six lois sur la récidive» depuis 1997, ainsi que «la réduction des moyens» de la PJJ et de la psychiatrie judiciaire. La mère d'Agnès a souhaité que les obsèques de sa fille, à une date non précisée, soit strictement privées.