Affaire Karachi: Vers une nouvelle «piste Chirac»
AFFAIRE•Des juges enquêtent sur des réseaux présentés comme proches de l'ancien Président Jacques Chirac...Reuters
Les juges qui enquêtent sur une possible corruption en marge de contrats d'armement et de la présidentielle de 1995 ont demandé à élargir leur procédure à une nouvelle piste sur des réseaux présentés comme proches de l'ancien président Jacques Chirac, a-t-on appris ce jeudi de source judiciaire.
De nouveaux éléments laissent penser que de l'argent versé en marge de ces contrats d'armement, qui pourrait avoir financé la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995, pourrait avoir ensuite alimenté ces supposés «réseaux Chirac» après l'accession du maire de Paris à l'Elysée la même année.
Comme l'écrit Le Monde, le réquisitoire pour abus de biens sociaux dit «supplétif» demandé par les juges enquêteurs Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loire pour étendre leur saisine est en cours d'examen au bureau du procureur Dominique Planquelle.
Vieilles querelles et le nom de Nicolas Sarkozy
Vieille de 16 ans, cette affaire trouble la droite car elle réveille de vieilles querelles et le nom de Nicolas Sarkozy, à l'époque des faits ministre du Budget et porte-parole de la campagne Balladur, figure en procédure, dans un rapport de police luxembourgeois concernant la création de structures off shore liées à l'argent des marchés.
Le chef de l'Etat nie toute implication et a dit le 2 novembre à propos de l'affaire, à la télévision : «Il ne sortira rien de tout cela et tout le monde le sait».
Les juges sont sur la piste d'un possible détournement de commissions légales convenues en marge de la vente de sous-marins au Pakistan (84 millions d'euros) et de frégates en Arabie saoudite (200 millions d'euros) dans les années 1990.
L'hypothèse est que le retour en France d'une partie de cet argent via des comptes off shore au Luxembourg et, in fine, des retraits d'espèces en Suisse, a été organisé.
Deux proches de Nicolas Sarkozy mis en examen
Le magistrat a démontré que l'équivalent de trois millions d'euros en espèces, d'origine mystérieuse, avaient été versés dans les comptes de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995. Deux proches de Nicolas Sarkozy, Thierry Gaubert et Nicolas Bazire, sont mis en examen.
L'homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine, intervenu sur ces marchés et également mis en examen, a cependant affirmé aux juges que le même système de retour de commissions avait été maintenu après l'élection de Jacques Chirac, mais au profit de personnes proches de lui.
Des vérifications ayant accrédité ses dires, Ziad Takieddine demande une nouvelle audition de Dominique de Villepin, ancien secrétaire général de l'Elysée (1995-2002) et ex-Premier ministre (2005-2007).
Ce dernier, déjà entendu fin 2010, a alors expliqué que Jacques Chirac avait ordonné en 1995 l'arrêt du paiements des commissions suspectes, dans l'optique d'une «moralisation de la vie publique internationale».