ECONOMIEPlan d'austérité: La France s'impose un nouveau tour de vis budgétaire

Plan d'austérité: La France s'impose un nouveau tour de vis budgétaire

ECONOMIESix à huit milliards d'économies supplémentaires sont prévus...
Avec Reuters

Avec Reuters

Objectif : six à huit milliards d'euros d'économies supplémentaires. Le gouvernement français dévoile ce lundi de nouvelles mesures pour contenir son déficit public et préserver sa notation souveraine, dans le cadre d'un budget parmi «les plus rigoureux depuis 1945».

François Fillon, qui présentera le « Plan d'équilibre des finances publiques» à 12h00 à Matignon après le conseil des ministres, a préparé les esprits en affirmant samedi qu'il n'y avait pas d'alternative à la réduction de la dépense publique.

Le Premier ministre s'exprimera par la suite dans le cadre du journal de 20 heures de TF1.

Calendrier accéléré pour la réforme des retraites

L'exécutif, qui a procédé dimanche aux ultimes arbitrages, s'abstient toujours de parler de «rigueur» ou d'«austérité» mais «l'heure de vérité» annoncée par le chef du gouvernement sonne comme telle à six mois de l'élection présidentielle.

Selon Les Echos, le gouvernement envisagerait d'accélérer le calendrier de transition vers l'âge de départ à la retraite à 62 ans, prévu en 2018 dans la réforme.

Cette échéance serait avancée à 2017 voire 2016, ce qui entraînerait plusieurs milliards d'euros de moindres dépenses sur la prochaine législature, précise le quotidien économique à paraître lundi.

Pas de nouvelle journée de solidarité en vue

Le ministre de l'Economie et des Finances, François Baroin, a déclaré au «Grand Jury» RTL-LCI-Le Figaro que la réduction des niches fiscales se poursuivrait et que le plan serait équilibré entre dépenses et recettes.

Au volet recettes, il a annoncé que le gouvernement avait écarté l'instauration d'une seconde journée de solidarité après celle créée en 2004 par Jean-Pierre Raffarin et qui a rapporté plus de deux milliards d'euros en 2010.

La ministre du Budget, Valérie Pécresse, a assuré sur M6 que les dépenses sociales ne seraient pas affectées et que les ménages les plus modestes ne seraient pas pénalisés.

Propositions sur la TVA

«Tout le monde paiera à due proportion de ses capacités contributives», a-t-elle affirmé. Un relèvement de la TVA serait envisagé dans certains des secteurs qui bénéficient d'un taux réduit à 5,5%, comme la restauration, la construction ou les services à la personne. Cette mesure rapporterait environ un milliard d'euros par an. Un nouveau taux à 7% pourrait être ainsi créé.

«La TVA a des effets extrêmement bénéfiques », a plaidé dimanche Alain Juppé au « Grand rendez-vous» Europe 1/i-télé/Le Parisien-Aujourd'hui en France.

«La TVA est un impôt qui est bon pour l'emploi. (...) Cela ne veut pas dire qu'il faut l'augmenter demain», a-t-il ajouté.

Cahuzac estime que le compte n’y est pas

Le gouvernement projetterait en outre, selon Le Figaro et Le Journal du Dimanche, d'augmenter l'impôt sur les sociétés des entreprises qui réalisent plus de 500 millions d'euros de chiffre d'affaires (un gain d'un milliard d'euros par an).

Nicolas Sarkozy avait annoncé le 27 octobre, lors de son intervention télévisée, de nouvelles mesures après celles du 24 août afin d'ajuster le budget 2012 à l'aune de la révision à la baisse de la prévision de croissance française pour 2012 - de 1,75% à 1%.

François Fillon avait présenté le 24 août un plan de 12 milliards d'euros et de recettes supplémentaires pour 2011 et 2012.

Six à huit milliards d'euros d'économies seraient désormais nécessaires au gouvernement français pour tenir son objectif de réduction du déficit public malgré le ralentissement économique.

Objectif de réduire l'endettement

La France se fixe pour objectif une réduction de son déficit public à 4,5% du PIB fin 2012, 3% en 2013 et 2% en 2014.

«Le seul programme qui vaille en 2012, c'est le retour à l'équilibre des finances publiques», a dit François Fillon samedi lors d'un discours à Morzine (Haute-Savoie).

«Il n'est pas utile de s'en prendre aux agences de notation, aux banquiers, aux spéculateurs ou à je ne sais quel bouc émissaire, pas utile de faire croire qu'il y a des trésors cachés pour financer nos dépenses publiques», a-t-il estimé.

Economie de neuf à dix milliards d’euros

«Il n'y a pas d'autre recette pour réduire l'endettement que de réduire la dépense», a répété François Fillon.

Un message également à l'adresse des agences de notation et des marchés financiers, en attente de gages de crédibilité dans les turbulences de la zone euro.

Jérôme Cahuzac, président socialiste de la commission des Finances de l'Assemblée, estime dans Le Journal du Dimanche qu'il faudra en réalité au gouvernement «entre neuf et dix milliards d'euros» d'économies supplémentaires qui devraient passer selon lui par la suppression du «paquet fiscal» voté en 2007.