Procès Chirac: L'ancien chef de l'Etat sera jugé en son absence
JUSTICE•Le tribunal a «pris acte» du dossier médical de l'ancien président de la République...Vincent Vantighem
Un seul être lui manque et tout est dépeuplé. Dominique Pauthe, le président du tribunal chargé de juger l’affaire des emplois présumés fictifs de la mairie de Paris aura tout de même pris une heure de réflexion. Finalement, il a dispensé Jacques Chirac de se rendre physiquement au palais de justice.
«Le tribunal prend acte du dossier médical qu'il a reçu. Dans ces conditions, Jacques Chirac sera représenté par ses avocats et jugé en son absence», a-t-il annoncé vers 19h. Dominique Pauthe n’a même pas demandé de nouvelle expertise médicale.
Une démarche pénible car publique
Près de vingt ans après les faits reprochés, le premier procès d’un ancien Président de la Cinquième République a donc fait «pschitt». La faute au trouble neurologique dont Jacques Chirac a reconnu souffrir, ce week-end. «Entre 2007 et 2011, sa situation ne s’est pas améliorée. Il aura bientôt 79 ans. Il est souffrant», a indiqué Jean Veil, son avocat, lors de l’audience. A cette évocation: silence dans le prétoire.
A côté des autres prévenus, le fauteuil réservé à l’ancien chef d’Etat est donc resté vide. Sa voix un peu métallique n’a pas résonné non plus. Seule la lettre qu’il a fait parvenir au tribunal a permis à l’auditoire de saisir son désarroi: «Cette démarche m’est pénible car publique, avoue dans ce courrier l’ancien chef d’Etat. Je crois ce procès utile à notre démocratie. Mais (…) je ne pense pouvoir apporter au tribunal mon concours.»
Pas de «procès de l’humiliation»
Après un scanner le 9 avril et un examen neurologique passé à la Pitié-Salpêtrière le 23 juin, les médecins, eux, en sont convaincus. Jacques Chirac souffre de «troubles sévères de la mémoire» et commet «d’importantes erreurs de jugement et de raisonnement», selon le rapport remis par ses avocats. Dans le prétoire, personne n’a voulu contester l’usure que seul le temps peut infliger à un homme.
«Nous ne voulons pas d’un procès de l’humiliation», a même admis à la barre Jérôme Karsenti, avocat de l’association Anticor, partie civile dans ce procès. De son côté, le ministère public a estimé que «l’opportunité d’entendre Jacques Chirac n’apporterait rien de plus…» C’est donc sans son prévenu «vedette» que le procès des emplois fictifs se poursuivra mardi après-midi. Il encourt tout de même toujours dix ans de prison et 150 000 euros d’amende.