POLITIQUENicolas Sarkozy joue l'apaisement en Nouvelle-Calédonie

Nicolas Sarkozy joue l'apaisement en Nouvelle-Calédonie

POLITIQUENicolas Sarkozy a donné des signes d'ouverture aux indépendantistes...
Nicolas Sarkozy à Pékin (Chine), le 25 août 2011.
Nicolas Sarkozy à Pékin (Chine), le 25 août 2011. - GOH HAI CHIN / AP / SIPA
© 2011 AFP

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Nicolas Sarkozy a exhorté les Calédoniens à rejeter la violence et à réfléchir à leur maintien ou non au sein de la France de manière «apaisée», lors de la visite qu'il a effectuée, de vendredi à dimanche, en Nouvelle-Calédonie, théâtre de récents affrontements meurtriers. «Apaisement», «dialogue des communautés», «paix et justice»: pendant deux jours et demi, le président de la République, en visite pour la première fois dans le territoire qui l'avait le mieux élu en 2007 (62,8%), s'est efforcé de désamorcer les tensions politiques et sociales des derniers mois.

Sans évoquer de repentance, une notion qu'il a toujours rejetée, Nicolas Sarkozy a donné beaucoup de signes d'ouverture en direction des indépendantistes, reconnaissant que la colonisation fut «une période de négation de l'identité kanak». Il a notamment été le premier président français à se rendre au Sénat coutumier à Nouméa. Dans le nord, il a également été visiter le chantier de la gigantesque usine de nickel Koniambo, majoritairement détenue par les Kanaks.

Le chef de l'Etat, qui n'a pas voulu déprogrammer ce long voyage malgré la crise et l'implication de la France sur le dossier libyen, a fait étape à Pékin en chemin pour le «caillou» afin de s'entretenir avec son homologue chinois Hu Jintao.

Tensions dans l'île

Selon l'entourage de Nicolas Sarkozy, qui préside cette année le G20 des principaux pays riches et émergents, «cette rencontre a été importante car le poids de la Chine est essentiel pour le G20», qui se réunira début novembre à Cannes pour tenter de trouver des solutions à la crise des dettes souveraines.

En Calédonie, après six mois de tensions politiques marqués par une grande instabilité gouvernementale, un conflit social a dégénéré sur l'île de Maré (environ 200 km à l'est de Nouméa) le 6 août en affrontements qui ont causé la mort par balles de quatre jeunes Kanaks.

«Le cancer de la violence peut resurgir à chaque instant si on n'est pas vigilant», a mis plusieurs fois en garde M. Sarkozy. Pour lui, il est d'autant plus urgent de contenir cette violence que des échéances politiques capitales se préparent sur l'archipel: entre 2014 et 2018, les Calédoniens seront appelés à se prononcer lors d'un référendum pour ou contre leur maintien au sein de la République française.

Opération sur le nickel

Dimanche, devant quelque 3.000 invités rassemblées dans une salle omnisport près de Nouméa, le chef de l'Etat a affirmé qu'il était personnellement «pour le maintien de la Nouvelle-Calédonie dans la France» mais qu'il respecterait le choix que les Calédoniens feront.

Nicolas Sarkozy est fidèle en cela à l'esprit de l'accord de Nouméa, signé sous le gouvernement socialiste de Lionel Jospin en 1998 et qui a instauré un processus de décolonisation par étapes de l'archipel. Toutefois, il leur a demandé de «ne pas attendre 2014, comme une peine» mais de se préparer «dès maintenant» à cet important rendez-vous.

«La France gardera de façon certaine le contrôle du capital d'Eramet», le principal opérateur du nickel calédonien, a-t-il par ailleurs affirmé, en mettant en avant les convoitises que les richesses calédoniennes en nickel (un quart des ressources mondiales) pourraient attirer.

Le président a en outre réitéré son soutien au choix de deux drapeaux, kanak et tricolore - comme emblême de la Nouvelle-Calédonie, preuve selon lui de «la reconnaissance mutuelle des deux légitimités qui fondent» ce territoire. Lors des Jeux du Pacifique, ouverts samedi soir à Nouméa par le président français, pour la première fois, les athlètes calédoniens ont défilé derrière les deux étendards entrecroisés.