Wauquiez sur les minima sociaux: Le «chômage est LE cancer de notre société», répond le PS
RÉACTIONS•es propositions de l'ancien secrétaire d'État à l'Emploi provoquent un certain remous...© 2011 AFP
L'offensive du ministre UMP Laurent Wauquiez contre «les dérives de l'assistanat» et sur les contreparties à apporter au RSA a suscité ce lundi de vives réactions à gauche et dans le milieu associatif, où l'on fustige une manoeuvre politique. «Il n'est pas possible de dire que l'essentiel est de légiférer sur la question des bénéficiaires du RSA pour réduire leurs prestations à 75% du Smic alors que le problème majeur pour ces gens - il faut être complètement aveugle pour ne pas l'avoir vu - c'est d'avoir du boulot!», a estimé David Assouline. «Aujourd'hui (...), il y a un chômage qui est LE cancer de notre société», a ajouté le secrétaire national du PS à la communication, qui remplaçait comme animateur du point presse le porte-parole Benoît Hamon, victime d'un «petit pépin de santé».
L'ancien secrétaire d'Etat à l'Emploi, aujourd'hui ministre des Affaires européennes, a proposé dimanche de demander cinq heures hebdomadaires de service social aux bénéficiaires du Revenu de solidarité active (RSA) et «de plafonner le cumul de tous les minima sociaux à 75% du Smic, pas plus».
Ces propositions seront regroupées dans une proposition de loi, qui sera déposée «dans les 10 jours» à l'Assemblée, par son groupe «la Droite sociale», a expliqué dimanche Laurent Wauquiez, qui souhaite nourrir le débat avant l'élection présidentielle de 2012.
«Désigner les chômeurs comme les coupables»
Le député PS de l'Essonne, Manuel Valls, a fustigé lundi sur LCI des propositions visant «comme d'habitude avec ce gouvernement» à «désigner les chômeurs, ceux qui bénéficient du RSA comme les responsables, comme les coupables, comme les boucs-émissaires de la crise».
«C'est scandaleux d'avoir de tels propos», a de son côté réagi la députée communiste Marie-George Buffet. Le but du gouvernement, «c'est une fois encore d'essayer de rameuter l'électorat d'extrême droite en montrant du doigt les Français qui vivraient de l'assistanat», a-t-elle ajouté sur France Info.
Pour la présidente de la Fnars (Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale), Nicole Maestracci, les propositions de Laurent Wauquiez sont «très démagogiques et très polémiques». «Il y a toujours l'idée qu'il y a des gens qui sont des fainéants, qui touchent une prestation sans rien faire et la réalité n'est pas celle-là», a-t-elle dit, jugeant que «le principal problème, c'est qu'aujourd'hui il n'y a pas d'emploi pour un certain nombre de personnes très en difficultés».
Martin Hirsch silencieux
Le père du RSA, Martin Hirsch, n'a pas souhaité réagir ce lundi une nouvelle fois aux propositions de Laurent Wauquiez sur le RSA, qui sonnent comme une remise en cause de ce minima social qu'une partie de la droite a accepté avec réticence en 2009.
Mais il avait déjà récemment qualifié de fausse «bonne idée» d'exiger une contrepartie d'intérêt général à ceux qui ont un minimum social. «Désormais, contrairement au RMI, les allocataires du RSA sont obligés, sauf problème de santé grave, de rechercher un emploi», avait-il rappelé.
A droite, on veut relancer le débat
A droite, certains estiment cependant qu'il y a lieu de relancer ce débat. Le député UMP Pierre Lang a ainsi récemment présenté une proposition de loi visant à «demander aux chômeurs indemnisés depuis plus de six mois et aux bénéficiaires du RSA d'effectuer des travaux d'intérêt général», de 20 heures par semaine.
Laurent Wauquiez a utilisé dimanche des mots forts sur le sujet, décrivant les «dérives de l'assistanat» comme «le cancer de la société française». «Aujourd'hui, un couple qui est au RSA, en cumulant les différents systèmes de minima sociaux, peut gagner plus qu'un couple dans lequel il y a une personne qui travaille au Smic», a-t-il déploré.
Le ministre du Travail Xavier Bertrand avait récemment qualifié d'idée «de bon sens» la proposition de contraindre les bénéficiaires du RSA à effectuer un travail d'intérêt général. Mais «ma priorité du moment, c'est de ramener les demandeurs d'emploi, notamment au RSA, vers l'emploi» avait-il ajouté.