DSK: Une Porsche qui dérange
POLITIQUE•Une photo de Strauss-Kahn près d'une Porsche crée une polémique sur son train de vie...Anne-Laëtitia Béraud
Le cliché de Dominique Strauss-Kahn près d’une Porsche, publié mardi par Le Parisien, fait grand bruit. Montée en épingle le même jour par quelques internautes sur Twitter, critiquée par l’ancien ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux sur BFMTV, l’image devient un symbole du bling-bling, à l’instar de celle de Nicolas Sarkozy en 2007.
Cette image représente «une faute très fâcheuse», selon Stéphane Rozès, président de la société de conseil CAP, «car elle marque une incompréhension des spécificités françaises: Les Français ne peuvent concevoir que les politiques placent l’ostentation au-dessus de la fonction politique, car ces derniers doivent incarner l’intérêt général», analyse le politologue.
«Une lapidation symbolique»
Une image d’ostentation qui traduit un lien, supposé coupable, avec le monde des puissants. Car, selon le politologue, «les Français peuvent comprendre que le Président soit en relation avec les puissants pour aider le pays à sortir des ornières, mais lorsqu’on doit incarner le pays, l’idée de rouler en Porsche est totalement contraire à l’imaginaire français», souligne Stéphane Rozès.
Les Français seraient-ils plus critiques avec l'ostentation depuis le quinquennat de Nicolas Sarkozy? «Non», répond Stéphane Rozès, «ils ont toujours été critiques». Pour le sociologue du CNRS Jean-Pierre Le Goff, ce ressentiment est proportionnel avec la perte de l'intérêt général, incarné, selon lui, de manière exemplaire par le général de Gaulle. Depuis lors, la recherche de l'intérêt général s'effrite, et la critique des puissants devient plus acerbe.
«Ce cliché, c’est pas malin, c’est évidemment une connerie», continue Jean-Pierre Le Goff. «A la tête du FMI, vivant à New York, avec un salaire confortable, cette photo renforce l’argumentaire des adversaires de DSK», remarque-t-il. Mais, selon le chercheur, le mal est ailleurs.
Communication déconnectée de la situation
«Avec les commentaires autour de cette image, il y a une lapidation symbolique du coupable. On cherche ici un bouc émissaire, et cette recherche tourne en boucle dans les médias et les sites de réseaux sociaux». Une image qui se substitue au mot, à la pensée politique, «qui dénonce ou encense, sans que soit jamais évoqué le contenu», critique Jean-Pierre Le Goff.
La polémique égratigne également au passage les communicants de Dominique Strauss-Kahn. Comme le souligne Stéphane Rozès, «ces conseillers sont impressionnés par la communication à l’américaine, innovante, efficace, mais elle est totalement déconnectée de la situation en France».