JUSTICELes cours d’assises vont devoir écrire des lettres de motivation

Les cours d’assises vont devoir écrire des lettres de motivation

JUSTICELa réforme présentée mercredi répond à une requête récurrente des avocats...
Vincent Vantighem

Vincent Vantighem

C’était l’une des plus anciennes requêtes des avocats. Les verdicts des cours d’assises devront désormais être motivés si le projet de loi est adopté sans amendement. Jusqu’à présent et contrairement aux tribunaux correctionnels, les jurés ne devaient juger les prévenus que sur leur intime conviction. «Le principe de l’intime conviction reste la règle, explique Michel Mercier. Mais désormais, le président de la cour devra tout de même rédiger une note retraçant l’esprit des délibérations et les éléments qui ont conduit à la condamnation ou à l’acquittement.»

Vers une multiplication des appels

Cette réforme, Patrice Spinosi la réclame depuis longtemps : «Je ne comprends pas qu’on ne justifie pas les condamnations en assises alors qu’il s’agit des peines les plus lourdes pour les crimes les plus graves», confie l’avocat qui a notamment défendu Yvan Colonna. De fait, la nouvelle mesure devrait entraîner une multiplication des recours en appel. Auparavant, les avocats d’un coupable ne disposaient d’aucun élément pour contester une condamnation. Désormais, ils pourront s’appuyer sur cette fameuse «note» agrafée à chaque verdict. «Je n’étais vraiment pas favorable à la motivation des arrêts d’assises, explique Philippe Bilger, avocat général près la cour d’appel de Paris. Je pense que les jurés se sentent plus libres de ne pas avoir à justifier leur décision. Mais s’il s’agit de résumer les débats, cela ne me paraît pas totalement absurde.» Patrice Spinosi, lui, se montre plus prudent: «Il faut encore attendre de savoir ce qu’il va advenir de ce projet de loi», lâche celui qui a déposé une quinzaine de recours devant la Cour européenne des droits de l’homme à ce sujet.

La loi va se durcir pour les mineurs délinquants

Pour Michel Mercier, il y a «urgence à réformer» la justice des mineurs. Le garde des Sceaux a profité du projet de loi sur les citoyens assesseurs pour rédiger un article sur les jeunes délinquants. «Il faut s’adapter à ce que sont devenus les mineurs aujourd’hui, confie-t-il. Il n’est pas question de modifier la majorité pénale, mais de reconnaître qu’un mineur peut commettre des faits graves à 16 ans.» En 2009, 214.612 mineurs ont été mis en cause dans des affaires, selon l’Office national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP). Alors que le nombre de majeurs est en baisse, celui des mineurs progresse de 3,3%. Outre la création d’un tribunal pour les récidivistes, le projet de loi prévoit d’abaisser de sept à cinq ans la durée de peine nécessaire à un placement en centre éducatif fermé, mais aussi la possibilité de cumuler peines et sanctions éducatives et d’étendre le champ des travaux d’intérêt général aux plus jeunes.