JUSTICEAffaire Karachi: Léotard charge le camp Chirac

Affaire Karachi: Léotard charge le camp Chirac

JUSTICEL'ancien ministre a été entendu lundi pendant quatre heures...
Vincent Vantighem

Vincent Vantighem

François Léotard ne sait pas si «toute vérité est bonne à dire». Mais sur l’affaire Karachi, il reconnaît qu’il va «être difficile de s’en passer». L’ancien ministre de la Défense d’Edouard Balladur a été entendu, lundi, pendant plus de quatre heures, par le juge antiterroriste Marc Trevidic qui enquête sur l’attentat qui a coûté la vie à onze Français au Pakistan en 2002.

Avant même de pénétrer dans son bureau, il avait déjà relancé l’affaire sur le site Rue89.com. «L’attentat a été directement provoqué par deux éléments, assure-t-il. La vente à l’Inde de sous-marins plus performants que ceux qui ont été livrés au Pakistan. Et l’arrêt des commissions versées par le gouvernement français à des intermédiaires.»

«Léotard a jeté du pétrole partout»

C’est la première fois qu’un protagoniste de l’affaire fait publiquement le lien entre les commissions et la bombe qui a explosé huit ans plus tard. Les familles de victimes soupçonnent en effet le camp Balladur d’avoir mis sur pied un système de corruption qui a conduit à l’attentat.

D’après elles, la France aurait versé des commissions au Pakistan dont une partie serait ensuite revenue en France pour financer la campagne présidentielle d’Edouard Balladur en 1995. «Je n’ai jamais eu connaissance de versements illégaux», assure François Léotard. Mais il y a bien eu des commissions légales.

Et, toujours d’après Léotard, c’est Jacques Chirac qui, en arrêtant le versement des commissions, a rendu l’Etat français vulnérable. «Cette décision a été prise avec un grande légèreté par le président Chirac et exécutée avec la même légèreté par MM. Villepin et Millon». «Léotard a jeté du pétrole partout, décrypte un fin connaisseur du dossier. Si quelqu’un craque une allumette, il ne sera pas le seul à brûler.»