Montpellier aime toujours son «Président» Frêche
CINEMA•Le film qui retrace la campagne de Georges Frêche aux régionales séduit...© 2010 AFP
Georges Frêche a gardé des ami dans «sa» ville. «On voit un Frêche proche du peuple», dit une femme. «Il était naturel dans la vie et naturel en tant qu'acteur», ajoute un homme. A Montpellier, «Le Président», le film qui retrace la campagne de Georges Frêche aux régionales en Languedoc-Roussillon, paraît séduire une grande partie du public et remporte un franc succès.
«Un succès spectaculaire», assure-t-on même chez le distributeur Rezo Films, selon lequel mercredi, date de sa sortie, «Le Président» a totalisé plus de 670 entrées dans les deux cinémas montpelliérains, le Gaumont et le Diagonal, qui le programment avec respectivement 6 et 3 séances quotidiennes. Au Diagonal, on confie même que Frêche fait mieux que Jean Dujardin, à l'affiche dans le film de Nicole Garcia «Un balcon sur la mer».
Gouaille et franc-parler
Sur la France entière, les 31 copies ont totalisé en deux jours quelque 3.000 entrées, se réjouit-on à Rezo Films. Montpellier, c'est la ville où Georges Frêche, maire de 1977 à 2004, a régné tout au long de quarante années de vie politique. Ville où il est souvent qualifié de bâtisseur et de visionnaire.
C'est peu dire qu'ici sa gouaille, son franc-parler - pas toujours politiquement correct - ses dérapages verbaux, qui lui ont valu d'être exclu du PS, ses coups de gueule et coups de griffe sont légendaires. On les retrouve dans «Le Président» et ils provoquent souvent les rires des spectateurs. Ainsi quand Frêche traite Arnaud Montebourg de «petit morveux», ou quand il dit à propos d'Hélène Mandroux, investie aux régionales contre lui par le PS: «Vous avez vu la tête qu'elle a, c'est effrayant». Dans la salle, ça fait recette.
«Il était proche du peuple, aimé du peuple»
«Oui, ça m'a fait rire, témoigne Catherine. Georges Frêche était populaire. Il était proche du peuple, aimé du peuple», affirme-t-elle. Ses petites phrases assassines, ses provocations? Elle les met sur le compte de «sa façon de parler, son côté méditerranéen». Les spectateurs se laissent embarquer dans cette campagne et suivent le tonitruant Frêche dans son bureau, ses meetings, sa maison ou dans les studios des médias où il fait un tabac. Il parle, «bavasse», dit un conseiller, chante (faux) dans sa voiture, engouffre des tranches de jambon et même... des post-it, sort quelques piques, pousse des colères.
«On voit Frêche tel qu'il était», commente Pierrette, qui a «bien aimé le film». «On le connaissait comme ça, avec sa verve», renchérit son mari, Yves, depuis 30 ans à Montpellier. «Il était naturel dans la vie, il est naturel en tant qu'acteur»... La caméra fixe le visage de celui qui s'est éteint fin octobre, terrassé par une crise cardiaque. Il y a des murmures dans la salle. Des souvenirs. De l'émotion.
«En période électorale, tout peut se dire»
Et finalement peu de spectateurs interrogés par l'AFP s'attardent sur la face sombre du personnage, sur ses mensonges assénés avec un toupet effarant, sur un commentaire de son directeur de cabinet Frédéric Bort qui dit aux colistiers: «Il faut mentir, sortir des chiffres avec de l'aplomb, dire que vous avez fait le double (...). En période électorale, tout peut se dire».
«On lui reproche ses mensonges, mais on s'aperçoit que tous les hommes politiques mentent», excuse une femme au sortir de la projection. Un homme, Michel, se montre toutefois moins indulgent. Le film «montre un personnage assez hautain, assez méprisant», dit-il. «J'apprécie les réalisations du personnage, mais je pense qu'il est arrivé en utilisant des moyens contestables». «La fin ne justifie pas les moyens».