Copé et Fillon: les prémices d'un duel pour l'après Sarkozy
La phase 2 du quinquennat ouverte par les remaniements du gouvernement ...© 2010 AFP
La phase 2 du quinquennat ouverte par les remaniements du gouvernement et de l'UMP marque la montée en puissance des deux hommes forts de la majorité, François Fillon et Jean-François Copé, qui font déjà figure à droite de rivaux pour la succession de Nicolas Sarkozy.
Le Premier ministre "n'a aucune volonté de rentrer dans une concurrence. Ca ne correspond pas du tout à sa façon de faire", assure son entourage.
Pourtant, certains de ses proches confient l'avoir mis en garde contre une "tentative de prise de pouvoir rampante" orchestrée par le camp Copé.
"Le soutien unanime des parlementaires (UMP) à la reconduction de François (Fillon) à Matignon lui a donné une envergure d'homme d'Etat, confortée par l'opinion", veut croire le député Etienne Pinte.
Et pour cet "ami de quarante ans" du Premier ministre, "la concurrence de tout autre candidat potentiel à la succession (de Nicolas Sarkozy) est insupportable à Jean-François Copé".
"Il y a zéro match entre François (Fillon) et moi!", rectifie le nouveau patron de l'UMP, qui tourne volontiers la page de l'affrontement qui l'opposait jusqu'ici à son prédécesseur, Xavier Bertrand.
Le maire de Meaux a tout fait depuis l'été pour s'imposer - à l'arraché - comme secrétaire général de l'UMP, mais aussi pour faire élire, dans la foulée, son ami Christian Jacob à la présidence stratégique du groupe UMP à l'Assemblée, contre des candidats poussés en coulisses, selon certains parlementaires, par le camp adverse.
Si les fillonnistes évoquent aujourd'hui une guerre de succession, "c'est précisément parce qu'ils sont fillonnistes", se défend M. Copé. "Je ne suis pas sûr d'ailleurs qu'il servent le chef (Nicolas Sarkozy) en disant ça", ajoute-t-il. M. Copé préfère prendre de la hauteur, en invitant les partisans du Premier ministre à "s'intéresser plutôt aux sujets de fond".
Il fut pourtant à l'origine du dernier épisode illustrant la concurrence que chacun des deux camps s'emploie à nier, en écoutant distraitement le discours de politique générale de M. Fillon, la semaine dernière à l'Assemblée, avant de l'applaudir très mollement.
François Fillon, confie un proche, "a lui-même observé, depuis la tribune, le désintérêt manifeste de M. Copé", qui faisait son courrier.
Certains ministres comme Laurent Wauquiez s'en sont offusqués. "Moi, je l'ai écouté", a cru bon de préciser le secrétaire d'Etat à l'Emploi, en commentant le "moment important" que fut à ses yeux le discours de M. Fillon. Et de viser directement M. Copé qui depuis 2007 ne fait pas secret de ses ambitions présidentielles pour 2017: "moi, dire que dans 10 ans je serai encore là, ça me semble surréaliste".
Le chef du parti présidentiel s'est donc résolu à battre sa coulpe au micro de France Inter après l'avoir fait en privé, au téléphone, auprès du numéro 2 de l'exécutif.
L'entourage de M. Fillon a salué ce "geste qui n'est pas courant": "c'est franchement élégant de sa part de faire amende honorable publiquement".
Mais derrière la réconciliation de façade, chaque camp accuse l'autre de ne pas vouloir "jouer le jeu à 100%" pour 2012.
Reste que la montée en puissance des deux hommes pourrait dégénérer en duel fratricide pour la succession, avant même l'échéance présidentielle - si Nicolas Sarkozy ne se présentait pas - ou bien au lendemain de l'élection, et quelle qu'en soit l'issue, analyse un responsable de l'UMP.
"Copé peut désormais s'appuyer sur les grands élus et l'appareil, instrument indispensable à la conquête de l'Elysée, et Fillon sur l'opinion qui lui est pour l'instant favorable dans la droite traditionnelle et au centre", prédit un autre.