Pour Eva Joly, il y a un lien entre Karachi et la suppression du juge d'instruction
POLITIQUE•Elle l'a déclaré en marge d'un déplacement à Nantes, en Loire-Atlantique...B.D. avec Reuters
Eva Joly a fait jeudi un lien entre la suppression du juge d'instruction voulue par Nicolas Sarkozy et la possible implication du président dans un dossier de corruption autour de l'attentat de Karachi en 2002.
«Aujourd'hui, tout le monde voit pourquoi il était important pour Nicolas Sarkozy de supprimer le juge d'instruction, qu'il présentait comme une menace pour les droits de l'Homme», a déclaré l'ancienne juge d'instruction, en marge d'un déplacement à Nantes, en Loire-Atlantique. «Si l'affaire avait été confiée au parquet, il aurait pu espérer avoir la main sur la direction de l'enquête», a-t-elle ajouté devant la presse.
«Si Europe Ecologie était un jour en position d'avoir une influence sur le fonctionnement de la justice, nous ferions en sorte que cela ne se reproduise pas», a ajouté Eva Joly, pressentie pour être candidate d'Europe Ecologie à l'élection présidentielle de 2012.
Enquêtes sensibles
Des familles des victimes de l'attentat de Karachi en 2002 ont demandé à la justice l'audition comme témoins de Nicolas Sarkozy, de son prédécesseur Jacques Chirac et de l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin. Cette demande, qui sera déposée auprès du juge d'instruction Renaud Van Ruymbeke, nourrit l'hypothèse qu'une affaire de corruption lors de la campagne présidentielle de 1995, susceptible d'impliquer Nicolas Sarkozy, est liée à l'attentat qui avait provoqué la mort de 11 Français à Karachi.
Eva Joly, élue au Parlement européen, s'exprimait alors que les «affaires» ont repris dans les cabinets des juges d'instruction français, que Nicolas Sarkozy veut supprimer et qui sont marginalisés depuis 2007. Dans l'affaire visant l'héritière de L'Oréal Liliane Bettencourt, le dossier d'une possible corruption autour de l'attentat de Karachi ou celui des biens détenus en France par trois présidents africains, des juges d'instruction sont ou vont être saisis, malgré l'opposition du parquet.
Il s'agit d'un revers pour l'Elysée et d'une victoire pour les syndicats de magistrats, qui défendent l'idée que les enquêtes sensibles doivent être confiées à ces juges indépendants de par leur statut.