C'est officiel, Copé a les clés de l'UMP
POLITIQUE•Il a été officiellement désigné ce mercredi soir...© 2010 AFP
Jean-François Copé a été officiellement désigné mercredi secrétaire général de l'UMP par le bureau politique (instance exécutive du parti présidentiel), à un moment où le parti présidentiel, né de la fusion du RPR, de l'UDF et de Démocratie Libérale, est en proie à de vives tensions entre ces familles qu'il devra réconcilier et mettre en ordre de bataille pour 2012.
Le bureau politique, instance suprême de l'UMP, s'est réuni à 18H00 au siège national, en présence du Premier ministre François Fillon, pour entériner sa nomination au poste de secrétaire général, occupé depuis fin 2008 par Xavier Bertrand.
Des adhésions en berne
Ce vote purement formel - puisqu'il entérinera une nomination décidée à l'Elysée - est imposé par les nouveaux statuts de l'UMP. Ils avaient été «rafraîchis» dans la foulée de l'élection de Nicolas Sarkozy en 2007, afin d'instaurer une direction collégiale à la place de la présidence de l'UMP laissée vacante par le chef de l'Etat.
Depuis lors, le vrai patron de l'UMP suit de près les affaires du parti à l'Elysée, jusqu'à vérifier quasi quotidiennement, selon plusieurs cadres, le compteur des adhésions qui, à 18 mois de la présidentielle, ont reflué à 230.000, alors que M. Bertrand jurait de les porter à 500.000 en 2012.
La nomination de M. Copé, victoire personnelle indubitable pour celui qui ne fait pas mystère de ses visées élyséennes pour 2017, a été arrachée in extremis dimanche lorsque le chef de l'Etat a finalement topé en lui disant «je te fais confiance».
Copé en «liberté surveillée»
Les sarkozystes avaient pourtant prévenu que «remettre les clefs du parti à Copé valait adoubement». Ils martèlent aujourd'hui que M. Copé -tout comme ses prédecesseurs depuis 2007, Patrick Devedjian et Xavier Bertrand- n'est qu'en «liberté surveillée» à la tête du parti.
Un avertissement balayé par l'entourage du maire de Meaux : «ça, c'est encore un bruit que font courir les sarkozystes canal historique». «Copé ne se laissera pas dicter sa loi», jure-t-on.
Sa nouvelle vie politique a pourtant toutes les chances de susciter le plus vif intérêt à l'Elysée et à Matignon. Les deux têtes de l'exécutif ont d'ailleurs présidé à la préparation du bureau politique de mercredi.
Fronde des héritiers de l'ex-UDF
Et s'il savoure encore sa conquête de l'UMP, un pas de plus vers celle du «Château» en 2017, M. Copé devra aussi composer dès son arrivée avec la fronde des héritiers de l'ex-UDF, contre la «RPRisation» de l'exécutif et du parti.
Le dernier remaniement gouvernemental a effectivement fait tomber quelques têtes ou sévèrement déçu les espoirs d'autres, au sein des deux courants (sociaux et libéraux) de la famille centriste.b M. Copé, lui, a promis qu'il n'y aurait pas de «chasse aux sorcières» à l'UMP, en appelant à l'«union sacrée» pour 2012.
Dans un premier geste d'apaisement, avant même sa nomination, il avait proposé dès mardi à deux ministres congédiés, le centriste social Marc-Philippe Daubresse et le centriste libéral Hervé Novelli, de le seconder (les deux ont accepté).
Toujours un oeil sur l'Assemblée
Et c'est au groupe UMP à l'Assemblée, dont il abandonne la présidence, que M. Copé a «symboliquement» réservé la primeur des «grandes lignes» de son projet pour l'UMP. Manière de marquer sa volonté de sceller une «coopération étroite et de tous les instants» entre ses amis parlementaires et le parti.
Il promet aussi d'«ouvrir les portes et les fenêtres» d'une UMP que beaucoup perçoivent comme «un parti de fonctionnaires sans idées».
Reste à savoir si Jean-François Copé gardera la même liberté de ton et d'action à la tête du parti majoritaire qu'au groupe UMP. Pourra-t-il toujours être «100% loyal au président mais 100% libre», le credo qui avait fait sa marque de fabrique et sa force à l'Assemblée?