INTERVIEWFrançois Goulard: «Exclure Villepin, ce serait la preuve que l'UMP est un comité de soutien à Sarkozy»

François Goulard: «Exclure Villepin, ce serait la preuve que l'UMP est un comité de soutien à Sarkozy»

INTERVIEWCe proche de Dominique de Villepin le défend pied à pied...
Propos recueillis par Maud Pierron

Propos recueillis par Maud Pierron

Est-ce que vous soutenez Dominique de Villepin après ses critiques violentes contre Nicolas Sarkozy?
Oui, totalement. Et si on faisait un sondage sur le sujet, les Français ne pourraient qu’être d’accord avec lui. Qui peut, par exemple, défendre ce remaniement annoncé depuis quatre mois qui fait que les ministres ne font plus rien, qu’ils jouent aux paons dans la presse? Qui en est responsable? C’est Nicolas Sarkozy. Par sa conception des institutions, par sa recherche constante des clivages plutôt que le rassemblement, il est un problème pour la France, c’est la réalité. Je rappelle aussi que le mot «problème» n’est pas une injure.

Mais n’est-il pas allé très loin cette fois, vues les critiques émanant de la majorité, et même d’anciens proches de Dominique de Villepin?
Les réactions officielles de ce que Dominique de Villepin appelle «les perroquets apeurés» et qui ont été mises en branle immédiatement sont excessives. J’en connais qui ont critiqué Dominique de Villepin qui tiennent en privé des propos peu amènes sur Nicolas Sarkozy. Quant à Georges Tron ou Bruno Le Maire, ils attendent de savoir s’ils seront conservés ou promus dans le prochain gouvernement. Leur position actuelle est avant tout tactique.

N’est-ce pas dangereux de s’isoler ainsi dans une majorité, dans laquelle il compte déjà beaucoup d’ennemis?
Je ne pense pas que Dominique de Villepin soit isolé. Il était évident que les Sarkozystes allaient réagir vivement, mais que représentent-ils en France désormais? Ils sont sans doute majoritaires à l’UMP, et encore, je dis bien sans doute. Il faut bien qu’à un certain moment quelqu’un parle vrai, quelqu’un parle fort, quelqu’un parle cohérent. Dominique de Villepin est en délicatesse avec l’UMP telle que conçue par Nicolas Sarkozy, mais il reste fidèle à l’UMP de l’origine, celle regroupant les familles gaulliste, sociale et libérale. Et Nicolas Sarkozy n’appartient à aucune de ces familles.

Et s’il était exclu de l’UMP, comme le laisse penser Jean-François Copé, probable futur secrétaire général de l’UMP?
Ça m’amuse qu’il dise ça. L’exclure, ce serait la preuve que l’UMP n’est plus un parti politique mais un comité de soutien à Nicolas Sarkozy. C’est un parti instrumentalisé par le chef de l’Etat, au point que c’est lui qui en nomme le principal responsable. Je ne dis pas que d’autres chefs d’Etat n’ont pas eu une influence sur ces sujets là, mais que ce soit le secrétaire général de l’UMP qui dise lui-même que ce sera Nicolas Sarkozy qui choisira… Personne ne s’en étonne mais nommer le patron du principal parti n’est pas dans les attributions du chef de l’Etat.

Certains de ses partisans l’ont appelés à sortir de l’antisarkozysme la semaine dernière, c’est loupé…
Je participe à toutes les réunions et je peux vous dire que personne ne l’a appelé à sortir de l’antisarkozysme. Nous ne sommes pas dans l’antisarkozysme, nous contestons la politique menée par Nicolas Sarkozy. Dominique de Villepin l’a déjà dit plein de fois: c’est la politique conduite par le chef de l’Etat et non l’homme qui l’a déçu. On préférerait approuver l’action d’un président issu de notre parti, ce serait beaucoup plus facile. Ce n’est pas un plaisir de le critiquer.

Marie-Anne Montchamp, la porte-parole de République solidaire, l’a appelé à tourner la page de l’antisarkozysme…
Il faut que nous soyons tournés vers le projet. L’analyse de la situation, nécessaire, ne suffit pas. Il faut un projet différent pour répondre aux inquiétudes des Français.