Investiture de Donald Trump : « Elle nous permet d’exister »… Sarah Knafo, fer de lance du parti d’Eric Zemmour
RECONQUETE•Seule élue du parti Reconquête au Parlement européen, Sarah Knafo est de tous les fronts médiatiques pour relancer le mouvement identitaireThibaut Le Gal
L'essentiel
- Sarah Knafo a assisté lundi, avec Eric Zemmour, à l’investiture de Donald Trump comme 47e président des Etats-Unis à Washington.
- L’eurodéputée Reconquête, seule élue du parti identitaire, est très présente sur le front médiatique ces derniers mois.
- Par ses coups d’éclat médiatique et son réseau, l’énarque espère relancer un parti moribond.
Sarah Knafo était aux premières loges, ce lundi, pour l’investiture de Donald Trump comme 47e président des Etats-Unis à Washington. Rien de vraiment étonnant tant l’eurodéputée Reconquête ne cesse de louer les talents de l’homme d’affaires américain ces derniers mois. « Je suis fière que nous incarnions, chez Reconquête, ce grand mouvement occidental qui libérera les Français de tout ce qui les oppresse », s’est-elle félicitée sur BFMTV quelques heures avant la cérémonie. Depuis la rentrée de septembre, l’élue européenne est sur tous les fronts pour tenter de relancer un parti en crise existentielle.
« Sa force, faire du réseau »
« Je vais vous raconter un maximum de choses sur ce voyage, la cérémonie de Donald Trump et les rencontres prévues ». Sur les réseaux sociaux, Sarah Knafo n’a cessé de s’enthousiasmer d’avoir été invitée à Washington, avec le président de Reconquête Eric Zemmour, également son compagnon. Parmi les invités du jour, le gratin des droites et de l’extrême droite occidentale, comme le Premier ministre hongrois Viktor Orban, la dirigeante italienne Giorgia Meloni, ou encore le président argentin Javier Milei. L’énarque de 31 ans s’est rapprochée des milieux trumpistes en suivant l’été dernier un séminaire au Claremont Institute, en Californie. Un groupe de réflexion conservateur proche de Donald Trump. Elle avait également assisté à l’un des derniers meetings de la campagne du président ensuite réélu, en Pennsylvanie.
« Cette invitation est la preuve que le travail de Sarah Knafo porte ses fruits. C’est l’une de ses très grandes forces : faire du réseau et tisser des liens à l’international », se réjouit Stanislas Rigault, président de Génération Z et porte-parole du parti d’Eric Zemmour. Le mouvement identitaire se réjouit d’autant plus que la rivale, Marine Le Pen, n’a pas été conviée à l’événement. « Ce n’est pas Trump qui a signé pour inviter madame Knafo, même si elle tente de le faire croire. Elle est invitée comme élue du Parlement européen », balaie un proche de la patronne du RN, alors que le maire de Perpignan, Louis Alliot, représentait le Rassemblement national à Washington.
Des coups d’éclat médiatiques
Depuis son élection au Parlement européen en juin dernier, Sarah Knafo multiplie les coups d’éclat. En septembre, elle déclenche une polémique sur l’aide française au développement envoyée en Algérie. Ce qui lui vaut une plainte de la part d’Alger, finalement classée sans suite par le parquet français. Fin novembre, elle s’affiche aux côtés d’agriculteurs en colère, n’hésitant pas à se mettre en scène sur Tiktok dans un tracteur devant le Parlement européen. Avec le retrait médiatique d’Eric Zemmour depuis la rentrée, c’est elle aussi qu’on invite sur les plateaux télévisés. L’ancienne magistrate à la Cour des comptes se plaît à étriller ses adversaires de formules ciselées, Rassemblement national compris.
« Elle permet à Reconquête d’exister. C’est vrai qu’elle fait beaucoup de bruit, mais pas sur de simples buzz. Il y a un travail de fond derrière », vante Stanislas Rigault. Son entourage souligne qu’elle a récemment obtenu la direction d’un rapport sur la souveraineté numérique au Parlement européen. Une jolie surprise pour la seule élue française du plus petit groupe européen à Strasbourg, dont fait partie la sulfureuse AFD allemande.
« La lobbyiste qui vend l’Europe à Elon Musk »
« C’est une preuve que le cordon sanitaire s’étiole, mais c’est surtout un camouflet pour l’Europe et pour la France », soupire David Cormand, eurodéputé écologiste depuis 2019. « Car madame Knafo ne défend pas nos intérêts. Elle est la lobbyiste en chef des multinationales américaines, celle qui souhaite vendre l’Europe à Elon Musk, dont elle reprend les éléments de langage », insiste-t-il. Dans la guerre larvée entre l’Europe et le milliardaire, Sarah Knafo prend régulièrement parti pour ce dernier, fustigeant la « censure » de la « réglementation européenne ».
Les dernières infos sur le parti ReconquêteMais l’omniprésence médiatique de Sarah Knafo cache une forêt dépeuplée. Le parti zemmouriste a perdu ses principales figures en juin dernier. La tête de liste aux européennes, Marion Maréchal, est partie avec fracas, emmenant quatre des cinq eurodéputés fraîchement élus. Dans la foulée, le parti identitaire n’a pas réussi à faire élire un seul député aux législatives anticipées. Qu’importe le famélique score de 0,6 % des suffrages au niveau national, Sarah Knafo préfère trouver des motifs d’espoir dans l’élection de Donlad Trump. « Bientôt le même souffle de victoire et de liberté en France ! », écrit-elle sur X. Une nouvelle forme du rêve américain, sans doute.