Après cette soirée riche en nouveaux noms, il est temps de se dire au revoir et à demain. Rendez-vous demain avec les premières passations de pouvoir, de nouvelles analyses, réactions et tout un tas de super articles.

Enfin, il a donné une interview quoi… Antoine Armand a estimé dans une interview au JDD qu’exclure « d’office certains prélèvements exceptionnels et ciblés ne serait pas responsable » vu l’état des finances publiques françaises. Mais les classes moyennes seront « soutenues ». Le nouveau ministre de l’Economie et des Finances ose un numéro d’équilibriste en rejetant la « doctrine » de la hausse des impôts une « doctrine » tout en appelant dans le même temps à « baisser la dépense publique et la rendre plus efficace » pour dégager les milliards d’euros d’économies nécessaires au rétablissement des comptes publics.

Petit point date. Depuis le second tour des élections législatives anticipées, du 7 juillet 2024, il s’est écoulé 76 jours. Plus de trois mois donc. C’est 14 jours de plus que le temps de gestation chez le jagd terrier mais 14 jours de moins que celle du jaguar.

Les organisations patronales se sont félicitées de la nomination de ce nouveau gouvernement après une longue attente, l'appelant à se « mettre au travail ». Le président du Medef Patrick Martin a jugé qu'avec « un gouvernement constitué, une déclaration de politique générale du Premier ministre Michel Barnier à venir, toutes les conditions (étaient) désormais réunies pour redémarrer. La France en a besoin... »

Son homologue François Asselin, président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), s'est réjoui que « l'exécutif enfin constitué » puisse « se mettre au travail ».

Bon, on a relu attentivement la liste des 39 nouveaux ministres et assimilés (et vous votre samedi soir ? Bien ?), et il y a deux ou trois intitulés plutôt originaux. Par exemple, le LR Nicolas Daragon, de la mairie de Valence, a été nommé au ministère de la Sécurité du quotidien. Un indice sur ce que ça peut donner : Valence figure parmi les quelques collectivités qui ont adopté des sanctions financières contre les familles de mineurs faisant l’objet d’un « rappel à l’ordre ou d’une condamnation pour trouble à l’ordre public », les privant d’aides sociales.

Autre incongruité sémantico-gouvernementale, Marie-Claire Carrère-Gée est chargée de la Coordination gouvernementale. On a cherché la fiche de poste sans succès.

Notons aussi, Alexandre Portier, chargé de la Réussite scolaire et de l’Enseignement professionnel, ou encore Marie-Agnès Poussier-Winsback, chargée de l’Economie sociale et solidaire, de l’Intéressement et de la Participation. Une ministre des petits porteurs et actionnaires en somme (mais sociale et solidaire quand même).

Avec tout ça, on n’a pas encore parlé d’économie. Michel Barnier a choisi un binôme pour Bercy. Et les deux ministres sont des macronistes. Là encore, Emmanuel Macron n’a pas voulu lâcher à LR ce secteur stratégique en période de bouclage de budget. Antoine Armand est donc le nouveau ministre de l’Economie et de l’industrie. Le jeune énarque de 33 ans ne sera pas dépaysé puisqu’il a commencé sa carrière en tant qu’inspecteur des finances à Bercy. Par ailleurs, Laurent Saint-Martin, 39 ans, est le nouveau ministre du Budget et des Comptes publics. Autre fidèle d’Emmanuel Macron et élève modèle de la Macronie (école de commerce huppée, conseiller de « gauche »…), il a connu une ascension fulgurante depuis son élection comme député du Val-de-Marne en 2017. Récemment, il a connu deux cinglants revers électoraux aux élections régionales en Île-de-France, et aux Législatives de 2022.

La surprise du chef a laissé les syndicats enseignants sous le choc. Anne Genetet, jusqu’ici « connue » à l’Assemblée pour ses travaux sur la défense et la diplomatie, a été nommée ministre de l’Education nationale, la sixième en sept ans. Députée macroniste, née à Neuilly-sur-Seine, médecin de formation passée par la Croix rouge puis le privé en communication, elle veut « travailler sur la dévalorisation du métier et la solitude des enseignants, ainsi que sur le besoin de formation continue. » Les 3.000 postes non pourvus aux concours enseignants de cette année ? « J’ai bien conscience de tout cela », insiste-t-elle.

Elle aura à gérer l’application de la réforme de la formation initiale des enseignants, annoncée au printemps par Emmanuel Macron, et les suites du « choc des savoirs », une série de mesures annoncées par Gabriel Attal fin 2023 qui ont crispé le monde enseignant, comme les groupes de niveau.

L’expérimentation de l’uniforme, la place des écrans à l’école ou le caractère obligatoire ou non du brevet pour passer en seconde sont d’autres des sujets sensibles qui l’attendent.

A force de chercher, on trouve de petites traces de gauche dans ce gouvernement qui se voulait d’union des bonnes volontés… Astrid Panosyan-Bouvet va entrer pour la première fois dans un gouvernement, comme ministre du travail et d’emploi. Ancienne adhérente PS, cette proche d’Emmanuel Macron et cofondatrice d’En Marche en 2016 est une ex-dirigeante de sociétés du CAC40. Celle qui va succéder à Catherine Vautrin s’est récemment opposée à la réforme de l’assurance chômage portée par Gabriel Attal. Elle « a beaucoup travaillé les questions de travail et nous a régulièrement consultés, c’est donc quelqu’un de connu qui sait travailler avec les partenaires sociaux », a estimé la CFDT après la nomination. Pour Cyril Chabanier (CFTC), sa nomination est « une bonne nouvelle pour le dialogue social ». Mais, ajoute-t-il aussi, « il faudra voir ses marges de manœuvre ».

Le nouveau gouvernement est paritaire (autant que faire se peut avec un nombre impair de membres...) : 19 hommes et 20 femmes. Parmi les 19 ministres de plein exercice, il y a 11 hommes pour 8 femmes.

Le parti d'Edouard Philippe, pourtant enthousiaste lors de la nomination de Michel Barnier, n'a pas caché se sentir floué avec un seul ministre de plein exercice, Paul Christophe, aux Solidarités.

On ne vous met pas la liste complète ici parce qu’elle est franchement longue, mais un petit clic sur cet article et vous pourrez étancher votre soif de noms de ministres, de ministres délégués et de secrétaires d’Etat…

La MoDem Geneviève Darrieussecq, nommée ministre de la Santé et de l'Accès aux soins, en remplacement de Catherine Vautrin dans le gouvernement du nouveau Premier ministre Michel Barnier, devra affronter le dossier des services d'urgences exsangues tout en maîtrisant le budget de la Sécurité sociale, alors que le coût de la Santé augmente. Le budget de la Sécu pour 2025 qui a déjà pris du retard aura tout d'un casse-tête.

Réélue députée des Landes le 7 juillet, cette médecin allergologue de 68 ans avait quitté le gouvernement en 2023 après y avoir passé six années consécutives. Loin d'être novice, la nouvelle ministre est entrée en politique en 2004 comme conseillère régionale d'Aquitaine sous les couleurs de l'UDF (qui deviendra Modem en 2007), avant en 2008 de ravir la mairie de Mont-de-Marsan à la gauche, qui la détenait depuis 46 ans. Après avoir soutenu la candidature d'Alain Juppé à la primaire de la droite, elle est entrée en 2017 à l'Assemblée nationale sous l'étiquette de la République en marche.

Parmi les nouveaux venus du gouvernement Barnier, la sénatrice de Gironde Nathalie Delattre, hérite d’un portefeuille qui s’avère compliqué. La secrétaire générale du Parti radical a été nommée ministre déléguée chargée des relations avec le Parlement.

Âgée de 55 ans, siégeant depuis 2017 au Sénat, elle est également conseillère municipale à Bordeaux dans l’opposition.

A son nouveau poste au gouvernement elle devra faire en sorte que Barnier I ne soit pas censuré par les députés à la première occasion.

Sur X, le tout nouveau ministre de l'Intérieur dit sa fierté : « Honoré et fier de servir la France, au sein du Gouvernement de Michel Barnier. Les forces de l’ordre, qui risquent leur vie pour la sécurité de nos compatriotes, peuvent compter sur moi : je serai leur premier soutien. Les Français n’attendent qu’une chose des responsables publics : des résultats. Je suis donc là pour agir, avec un seul mot d’ordre : rétablir l’ordre pour assurer la concorde. »

Finalement composé de 39 ministres et secrétaires d’Etat, le gouvernement accueille, comme prévu, des personnalités de droite venues des Républicains, du parti présidentiel, mais aussi d’Horizons et du Modem. Au milieu de ce casting droitier, de députés et sénateurs, il y a Didier Migaud, nouveau garde des Sceaux et personnalité identifiée comme « de gauche ». On avait écrit son portrait :

Jean-Luc Mélenchon appelle à se « débarrasser aussitôt que possible » du gouvernement Barnier : « Cette combinaison n'a ni légitimité ni futur. »

Quant à Jordan Bardella, il estime que le gouvernement Barnier « signe le retour du macronisme » et « n'a aucun avenir ». Sur X, le président du Rassemblement National précise : « Ce que les Français ont démocratiquement sanctionné, à deux reprises, ne peut revenir par de lamentables jeux d’appareils et calculs politiciens. »

Emmanuel Macron réunira le gouvernement Barnier au complet lundi à 15h pour un premier Conseil des ministres.

Même Laurence Garnier, que la rumeur disait trop à droite (avec des votes anti-LGBT en pagaille à son actif) pour entrer au gouvernemement. Secrétaire d'Etat à la Consommation, elle sera partiellement en charge du dossier du pouvoir d'achat.

Il faut être franchement balèze en politique française pour savoir orthographier du premier coup tous ces nouveaux noms. La dictée la plus dure de ma vie…

A ce propos, j’ai cru entendre un secrétariat d’État à la réussite scolaire, et ça c’est nouveau.

Voici une liste des ministres avec des énoncés plus détaillés de leurs porte-feuilles et titres :

Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition écologique, de l’énergie, du climat et de la prévention des risques

Antoine Armand, ministre de l’économie, des finances et de l’industrie (oui, le strois, mais pas le budget)

Geneviève Darrieussecq, ministre de la santé et de l’accès aux soins

Paul Christophe, ministre des solidarités, de l’autonomie et de l’égalité entre les femmes et les hommes

Valérie Létard, ministre du logement et de la rénovation urbaine

Annie Genevard, ministre de l’agriculture, de la souveraineté alimentaire et de la forêt

Astrid Panosyan-Bouvet, ministre du travail et de l’emploi

Gil Avérous, ministre des sports, de la jeunesse et de la vie associative

Patrick Hetzel, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche

Guillaume Kasbarian, ministre de la fonction publique, de la simplification et de la transformation de l’action publique

François-Noël Buffet, ministre auprès du Premier ministre, chargé des outre-mer

Laurent Saint-Martin, ministre auprès du Premier ministre, chargé du budget et des comptes publics.

Même Laurence Garnier, que la rumeur disait trop à droite (avec des votes anti-LGBT en pagaille à son actif) pour entrer au gouvernemement. Secrétaire d'Etat à la Consommation, elle sera partiellement en charge du dossier du pouvoir d'achat.

Le secrétaire général de l'Elysée égraine les 39 noms des membres du gouvernement Barnier I.

Parmi les premiers noms, notons :

- Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur

- Geneviève Darrieussecq, ministre de la Santé

- Sébastien Lecornu, ministre des Armées

- Didier Migaud, garde des sceaux, ministre de la Justice

- Maud Bregeon, porte-parole du gouvernement

- Rachida Dati, ministre de la Culture

- Antoine Armand, ministre de l'économie

- Laurent Saint-Martin, ministre du budget

- Anne Genetet, ministre de l'éducation nationale

Si c’est le cas chez vous, c’est peut-être Michel Barnier qui a un truc à vous proposer… Le Premier ministre a commencé à appeler samedi après-midi ses futurs ministres, selon des sources au sein du camp présidentiel.

L'annonce du nouveau gouvernement devrait avoir lieu « aux alentours de 18h30, mais l'horaire est toujours en discussion à ce stade », selon l'entourage de Michel Barnier à nos confrères de France Info. « Tout dépend de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique », qui doit vérifier qu'aucun ministre pressenti ne se trouve en délicatesse avec le fisc ou ne présente de conflit d'intérêts, souligne-t-on samedi dans l'entourage du Premier ministre.

A l’Education, le plus gros ministère, l’élue macroniste du Nord Violette Spillebout aurait été écartée. La députée Renaissance des Français de l’étranger, Anne Genetet, plutôt connue pour son expertise sur les questions de défense, aurait été approchée pour ce poste, désigné par le chef de l’Etat en 2023 comme un « domaine réservé ».