Les JO de la récupération ? Emmanuel Macron avait décrété le 22 juillet une « trêve olympique et politique ». Mais le chef de l’Etat n’est pas épargné par les critiques depuis le début des Jeux. Il faut dire qu’il se montre très présent, sur le terrain comme sur les réseaux sociaux, pour féliciter les bons résultats de nos Français. Peut-être un peu trop ? Son activité ne manque en tout cas pas d’agacer l’opposition. On vous dit pourquoi.

Il est partout…

On nous avait pourtant promis qu’il se tiendrait à l’écart. « Il sera dans une posture de spectateur, de supporter, un Français parmi les Français », vantait son entourage avant le début des compétitions, osant même évoquer une « présence impressionniste dans les tribunes ». On a plutôt vu un président expressionniste, courant d’épreuve en épreuve, pour féliciter les athlètes médaillés.

Emmanuel Macron s’est même imposé un vrai marathon vendredi : pas moins de six sites visités en une demi-journée, avec un record du monde battu : un trajet de moins de vingt minutes entre Paris La Défense Arena à Nanterre (pour saluer Léon Marchand) et Saint-Quentin-en-Yvelines pour le triplé français en BMX. « Après deux échecs électoraux consécutifs, Emmanuel Macron tente de s’offrir une cure de popularité lors de ces JO. Une simple récupération politique que personne ne semble ignorer. Y compris les athlètes… », a notamment dénoncé Hélène Laporte sur X.

…et tactile

Au-delà de son activisme devant les caméras, c’est l’attitude très tactile du chef de l’Etat qui a agacé certains élus. « C’est gênant ces gestes de Macron. C’est inapproprié », a réagi sur X Sandrine Rousseau vendredi. La députée écologiste n’a visiblement pas apprécié les calins du président avec Teddy Riner, le rugbyman Antoine Dupont, ou la tentative du chef de l'Etat de sécher les larmes de la judokate Romane Dicko, inconsolable après sa médaille de bronze.

« Ce n’est pas la première fois que le président est critiqué pour son côté tactile. On se souvient des polémiques lorsqu’il avait tenté de s’imposer pour consoler Mbappé après la défaite en finale face à l’Argentine », indique Alexandre Eyries, enseignant chercheur en sciences de l’information et de la communication à l'université catholique de l’Ouest, auteur du livre La communication politique 3.0 ?

Il met sur pause son choix pour Matignon

L’opposition reproche également à Emmanuel Macron d’avoir mis sur pause la vie politique pour mieux faire traîner son choix du futur Premier ministre. « Il fait de la récup des JO pour faire oublier sa défaite politique. La logique aurait voulu que le gouvernement soit changé avant le début des épreuves. Ne rien faire, ça lui permet d’utiliser l’image des JO au profit de son équipe », peste Ersilia Soudais, la députée insoumise.

Malgré la défaite aux législatives, c’est bien Gabriel Attal et son gouvernement (démissionnaire) qui restent aux manettes et comptent les médailles. « On a bien vu que c'est une trêve olympique qui ne va que dans une seule direction. On ne peut pas parler politique mais lui peut exploiter chaque succès », soupire l'eurodéputée Manon Aubry.

... mais est ultra présent sur les réseaux sociaux

Autre élément d’agacement, l’autosatisfaction du chef de l’Etat sur les réseaux sociaux à propos de l’organisation. Le président de la République s’est aussi essayé à quelques jeux de mots sur son Instagram pour féliciter les champions français. « Marchand de rêve » ou « Le petit prince est grand », a-t-il écrit pour le doublé en or du nageur français mercredi dernier. « Once ippon a time, Teddy Winner ! », pour le titre du judoka.

« Il y a la volonté de récupérer l’image symbolique des victoires des Français. C’est la stratégie du ruissellement, tenter de tirer pour soi-même des bénéfices de popularité », avance Alexandre Eyries. Mais le spécialiste prévient : « cette trêve olympique est bienvenue pour l’exécutif et une sorte de parenthèse enchantée, qui permet de mettre les problèmes politiques internes sous le tapis. Mais elle ne durera pas, car, dès la fin de la compéition, on retrouvera les querelles politiques habituelles. » Une autre discipline dans laquelle excellent les Français.