« Je n’aurais jamais osé me proposer moi-même », lâche Lucie Castets, candidate du NFP pour Matignon, en déplacement à Lille
Interview•Lucie Castets, nouvelle figure du Nouveau Front populaire pour devenir Premier ministre, effectuait une visite à Lille, la première d’une longue série dans toute la FrancePropos recueillis par Gilles Durand
L'essentiel
- Lucie Castets a effectué, ce samedi, son premier déplacement à Lille.
- La candidate du Nouveau front populaire à Matignon explique avoir accepté cette proposition car on lui a dit qu’elle avait le profil rassembleur pour la gauche de par son combat pour les services publics.
- La trentenaire espère être nommée rapidement Premier ministre pour préparer le budget et fixer les priorités de restauration des services publics et de justice fiscale.
C’était son premier déplacement officiel, alors qu’elle n’est pas encore officiellement Premier ministre. Lucie Castets, nouvelle personnalité proposée pour le poste par le Nouveau Front populaire (NFP), était ce samedi après-midi à Lille, dans le Nord, pour rencontrer les commerçants et la population du quartier de Wazemmes.
Selon nos informations, commencer une série de déplacements dans toute la France par Lille est une idée conjointe de l’Insoumis Manuel Bompard et de l’écologiste Marine Tondelier, qui l’accompagnait d’ailleurs. 20 Minutes en a profité pour prendre le pouls de la nouvelle figure consensuelle de l’union de la gauche.
Pourquoi le Nouveau Front populaire n’a pas sorti votre nom du chapeau un peu plus tôt afin d’éviter les dramaturgies des semaines précédentes ?
Je ne peux pas vous le dire. Ce que je sais, c’est que mon nom est sorti quand on m’a appelée. C’est Olivier Faure [patron du PS] qui m’a contactée. Je crois que c’est lui qui a pensé à moi ou, peut-être, des proches à lui.
Ensuite, comment ça s’est passé ?
J’ai accepté la proposition et j’ai eu des discussions avec tous les partis pour expliquer qu’elle était ma vision des choses. Au départ, je n’avais rien demandé. Je n’aurais jamais osé me proposer moi-même pour ce poste de Premier ministre.
Qu’est-ce qui vous a fait accepter ?
Olivier Faure m’a dit : « on a pensé à ton nom pour rassembler la gauche parce que ton combat pour les services publics fait consensus au sein de la gauche et au-delà. On pense que tu as le bon profil parce que tu es haut fonctionnaire, que tu étais aussi une bonne représentante du monde associative, avec un engagement à gauche de très longue date ».
Le plus dur, même si vous êtes nommée Premier ministre, va être d’éviter la censure comme l’ont promise les deux autres blocs s’il y a des ministres LFI…
On travaille, on essaie de convaincre. Moi, je pense qu’il y a des sujets qu’on porte au Nouveau Front populaire qui font consensus bien au-delà des partis de gauche. Je pense notamment à un sujet qui m’est très cher : les services publics. Je crois que beaucoup de gens, beaucoup de députés voteraient pour des mesures favorables aux services publics.
Vous pensez que ce sera suffisant ?
On a un programme économique très sérieux. On met des recettes en face de chaque dépense. Alors je pense que c’est possible d’aller convaincre au-delà de nous sans jamais renier nos idées, sans jamais renier notre programme. Mais évidemment en travaillant avec d’autres gens qui n’ont pas forcément les mêmes opinions.
On peut imaginer un gouvernement sans ministre LFI pour convaincre les députés des autres blocs ?
Non, le gouvernement représentera toutes les sensibilités du Nouveau Front populaire. Ça me paraît évident. En revanche, je pense que ce n’est pas parce que les autres ont dit ça à un moment qu’ils mettront à exécution cette menace. Quand certains députés verront ce qu’on propose, que c’est sérieux, que c’est construit, que c’est concerté avec d’autres acteurs que des acteurs politiques, notamment la société civile organisée, les syndicats ou le milieu associatif, certaines propositions pourront faire consensus dans le cadre du travail parlementaire. Je le pense sincèrement.
Vous vous donnez combien de temps pour convaincre Emmanuel Macron ?
Le problème ne se pose pas comme ça. Nous, on est au travail. On se tient prêt et on le sera au moment où ça arrivera. J’espère être nommée le plus vite possible pour préparer le budget. Le budget, c’est ce qui permet de fixer les priorités. J’aimerais avoir suffisamment de temps pour préparer avec l’équipe un budget qui permette de restaurer les services publics et la justice fiscale.
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