Législatives 2024 : Jean-Luc Mélenchon Premier ministre ? A gauche, la bataille pour Matignon est lancée
REPOUSSOIR ?•Avec la victoire relative du Nouveau Front populaire, le clivant patron de La France insoumise est l’un des noms pressentis pour MatignonT.L.G.
L'essentiel
- Le Nouveau Front populaire est arrivé en tête dimanche soir lors du second tour des législatives.
- La France insoumise, qui est à ce jour le groupe le plus important du NFP, souhaite pousser la candidature de Jean-Luc Mélenchon pour Matignon.
- Mais cette hypothèse n’est pas du goût des autres alliés de la coalition, qui espèrent trouver un profil plus consensuel au poste de Premier ministre.
«Je ne m’exclus pas mais je ne m’impose pas ». Cette phrase répétée par Jean-Luc Mélenchon ces dernières semaines risque de trotter dans la tête de nombreux responsables de gauche ces prochains jours. Arrivé en tête au second tour des législatives dimanche soir, mais loin de la majorité absolue, le Nouveau Front populaire entend désormais gouverner. Cela passe d’abord par s’accorder sur le nom d’un potentiel Premier ministre. Et du côté des insoumis, le triple candidat à la présidentielle fait toujours figure de favori. Une solution trop clivante ?
« Je ne vois pas pourquoi il se retirerait »
Emmanuel Macron doit désormais « s’en aller, ou nommer un Premier ministre dans nos rangs ». Peu après l’annonce des résultats dimanche soir, c’est encore Jean-Luc Mélenchon qui est apparu en premier sur toutes les télévisions pour acter la victoire surprise du Nouveau Front populaire. Et peut-être aussi pour se rappeler au bon souvenir de ses camarades de gauche qui rêvaient de le mettre sur la touche. Mathilde Panot n’a d’ailleurs pas tardé, lundi matin, à pousser l’option Mélenchon pour Matignon. « Il n’est absolument pas disqualifié », a tonné sur RTL l’ex-présidente du groupe insoumis à l’Assemblée.
Le député insoumis Eric Coquerel précise auprès de 20 Minutes : « Il a fait 22 % à la présidentielle 2022. C’est lui qui a initié cette stratégie du retrait républicain permettant au RN d’être aussi bas dimanche. Avec le poids qu’il représente, je ne vois pas au nom de quoi il se retirerait », indique l’ancien président de la Commission des finances.
Un profil clivant, même à gauche
Sauf que l’analyse n’est guère partagée par les alliés de la coalition, des socialistes aux communistes, qui ont dit pendant toute la campagne combien Jean-Luc Mélenchon faisait pour eux figure d’épouvantail. Marine Tondelier, la patronne des écologistes, a dressé ce lundi sur X le portrait-robot du futur Premier ministre : « une figure qui doit apaiser et réparer le pays », mais aussi « faire consensus » au sein du NFP. Une manière d’écarter plus ou moins subtilement le patron de La France insoumise.
De quoi susciter des remous internes avant même les discussions prévues à gauche ce lundi soir. « D’autres noms que Mélenchon sont possibles, mais seul un insoumis peut faire consensus pour Matignon. Nous sommes le groupe majoritaire à gauche, c’est la logique de la Ve République. Et l’inspiration du programme NFP vient principalement aussi de notre côté », plaide Eric Coquerel.
Un rapport de force… en mouvement ?
C’est bien le leadership à gauche qui se joue dans ces tractations. Les partenaires du NFP estiment que les rapports de force ont évolué au sein de l’alliance avec les résultats de dimanche. Hégémoniques dans la dernière Assemblée, les insoumis le seraient beaucoup moins cette fois-ci avec environ 70 députés, contre une soixantaine pour les socialistes, une trentaine pour les écologistes et neuf pour les communistes. « Ça ne peut pas être comme dans la période précédente, La France insoumise qui donne le tempo, a tranché ce lundi le député socialiste Jérôme Guedj sur BFMTV. Il y a un nécessaire rééquilibrage à avoir ».
Ce rééquilibrage pourrait-il aller jusqu’à la formation d’un nouveau groupe autour des « frondeurs » ex-LFI Clémentine Autain et François Ruffin, pour dominer les insoumis ? L’équation permettrait aux élus hors-LFI d’être majoritaires, et donc de désigner un Premier ministre moins clivant que Jean-Luc Mélenchon. Une donnée pas anodine, car le futur chef du gouvernement devra aussi faire consensus au-delà des rangs de la gauche. Faute de majorité absolue, il pourrait sinon être vite censuré par le reste de l’Assemblée nationale.
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