L’électro d’extrême droite se multiplie sur les réseaux sociaux

« Je partira pas » : Comment l’extrême droite instrumentalise la musique électro sur les réseaux sociaux

instrumentalisationDepuis quelques jours, sur fond délections législatives anticipées, fleurissent sur les réseaux sociaux des remix électros. Seul problème ? Ils sont xénophobes et racistes
20 Minutes avec AFP

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Rythme entraînant, autotune, illustration colorée… Des morceaux d’électro en apparence classique. Et pourtant…

« On t’a assez donné, maintenant tu peux te casser ». « Les valises pleines à craquer, les djellabas sont pliées, la chicha est démontée, Fatima prête à décoller ». « Tu vas retourner chez toi, tu mettras ta djellaba ». Voilà les paroles de ces morceaux d'« electro house » d’extrême droite qui suscitent un certain engouement sur X et TikTok.

Qui chante ?

La plus connue, Je partira pas, a été partagé le 23 juin par le média d’extrême droite Frontières (anciennement Livre Noir), et visionnée des centaines de milliers de fois. La faute de grammaire dans le refrain fait référence à une vidéo de novembre 2023 montrant une personne expulsée criant : « Je partira pas ! Allah Akbar ! Je partira pas ! ».

Si certains internautes ont cru reconnaître la voix de l’influenceuse Mila, c’est bien une Intelligence Artificielle qui a généré la mélodie. Publiée par un utilisateur anonyme sous le pseudonyme@CrazyGirl, celle-ci exprime son soutien à Jordan Bardella, président du RN, en signant « Bardella music » en bas de la vidéo.

Un morceau pas isolé

Ce morceau n’est pas le seul exemple de création musicale dans l’univers de l’extrême droite. Un autre morceau intitulé « Remigration Airlines » a été mis en ligne le 1er juin par un internaute nommé « Cr@paud » et partagé sur X. Un troisième morceau proclame « Remigration ! La France nous appartient, des montagnes aux rivages ». Ce dernier a été publié le 18 juin sur TikTok par le compte@veritesinterdites, se définissant comme « castor russe » luttant contre le mondialisme.

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Cette effervescence musicale xénophobe et raciste trouve son origine dans une vidéo diffusée fin mai sur les réseaux sociaux allemands. On y voit de jeunes chantant « Ausländer raus », « Dehors les étrangers » et « l’Allemagne aux Allemands » sur l’air de « L’amour toujours » de Gigi d’Agostino, lors d’une fête dans un club huppé de l’île allemande de Sylt. On y voit aussi un jeune en costume faisant un salut nazi. Les réactions ont été rapides : la ministre de l’Intérieur Nancy Faeser a parlé de « honte pour l’Allemagne », le chancelier Olaf Scholz a qualifié les slogans de « écoeurants » et « inacceptables », et une enquête policière a été ouverte.

Prévue comme la chanson officielle de l’Autriche pour l’Euro 2024, elle a été d’ailleurs été interdite par l’Union européenne des associations de football, l’UEFA à cause de son remix xénophobe. En France, à Rouen, une fête intitulée « Ausländer raus » est prévue le 28 juin dans un bar identitaire. En réaction, le maire socialiste Nicolas Mayer-Rossignol a annoncé saisir le procureur, déclarant qu'« une soirée appellée Les étrangers dehors » n’avait « rien à faire à Rouen, ni nulle part en Europe ». De son côté, SOS Racisme a porté plainte pour incitation à la haine.