Législatives 2024 : De l’Ukraine à Gaza… Ce que l’on sait des projets sur la politique étrangère
C’est notre projet•Chaque bloc politique a esquissé sa position sur l’international à travers un programme ou des déclarations médiatiquesDiane Regny
L'essentiel
- Les élections législatives se profilent avec des scrutins les 30 juin et 7 juillet.
- Les alliances scellées, les différents blocs politiques ont commencé à esquisser leurs projets.
- « 20 Minutes » vous résume les prises de position des quatre principaux blocs sur la politique étrangère.
Le monde politique français est en ébullition, concentré sur une campagne législative éclair. Le président Emmanuel Macron a pris les professionnels de la politique de court en annonçant la dissolution de l’Assemblée nationale et la tenue d’élections législatives anticipées les 30 juin et 7 juillet.
Les alliances scellées, chaque formation politique a donc commencé à se positionner en urgence sur différentes thématiques. 20 Minutes vous propose de vous pencher sur les positions connues sur la politique étrangère des quatre principales formations politiques du scrutin – le Nouveau Front Populaire, Renaissance, Les Républicains et le Rassemblement national.
Sur la guerre en Ukraine
Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, le 22 février 2022, la guerre a provoqué une grande diversité de réactions politiques. Dans le monde entier, les politiques ont été appelés à prendre position mais la question continue à diviser le monde politique, y compris au sein des alliances.
Le Nouveau Front populaire (Communistes, LFI, Ecologistes, PS)
Les différentes gauches françaises, alliées dans cette coalition, ont dû trouver un terrain d’entente. Car si les Ecologistes et le Parti socialiste ont milité pour un soutien militaire indéfectible à Kiev, les Communistes et les Insoumis ont, eux, appelé à éviter « l’escalade de la guerre ».
L’alliance a toutefois précisé dans son programme qu’elle soutiendrait « indéfectiblement la souveraineté et la liberté du peuple ukrainien ainsi que l’intégrité de ses frontières », notamment par la « livraison d’armes nécessaires ». Elle prévoit aussi la saisie des avoirs des oligarques russes dans les banques et l’envoi de casques bleus pour sécuriser les centrales nucléaires.
Ensemble (Majorité présidentielle)
Emmanuel Macron n’a jamais caché son soutien à l’Ukraine face à la Russie. À un sommet sur la paix en Suisse, samedi 15 juin, le dirigeant français a d’ailleurs estimé que la paix ne pouvait « pas être une capitulation ukrainienne ».
Emmanuel Macron a même évoqué l’idée d’envoyer des instructeurs militaires français sur place, ce que font déjà les États-Unis et le Royaume-Uni. La coalition Ensemble poursuivra donc sans surprise son soutien à l’Ukraine, notamment à travers des promesses d’avions, d’armes et de munitions.
Les Républicains
Dans leur programme européen, Les Républicains promettaient « un soutien massif à l’Ukraine pour repousser l’agression russe ». Ils critiquent d’ailleurs les promesses non suivies d’effet de la majorité, estimant que les Ukrainiens « ont besoin de moins de mots et de davantage de munitions ». Le parti de droite refuse toutefois un « nouvel élargissement de l’Union européenne » alors que l’Ukraine a présenté sa demande d’adhésion dès février 2022.
Le Rassemblement national
Sur la guerre en Ukraine, la position du parti d’extrême droite est trouble. Depuis plusieurs semaines, le Rassemblement national assure qu’il « condamne » la guerre d’invasion russe et « soutient » Kiev et le RN tente de minimiser ses sympathies prorusses en s’appuyant sur la figure de Jordan Bardella.
Marine Le Pen avait admis en 2011 éprouver une « forme d’admiration » pour Vladimir Poutine, déclaration qu’elle a réitérée en février 2022, tout en admettant que « ce qu’il a fait est éminemment condamnable ». La ligne du parti reste donc floue : alors que le vice-président Sébastien Chenu a critiqué l’absence de Vladimir Poutine aux commémorations du 80e anniversaire du Débarquement, le patron du RN a, lui, jugé qu’il aurait été « compliqué » de l’inviter et de « le faire se tenir à côté du président ukrainien ».
Sur la guerre Hamas-Israël
Depuis le 7 octobre et les massacres terroristes du Hamas en Israël suivis de la réponse dévastatrice de Tel-Aviv sur Gaza, où plus de 37.000 personnes ont perdu la vie, la question du conflit divise le monde.
Le Nouveau Front populaire (Communistes, LFI, Ecologistes, PS)
Le projet du NFP promet d’agir « pour un cessez-le-feu immédiat à Gaza » et de reconnaître « immédiatement » l’Etat de Palestine. Alors que les Insoumis ont été vilipendés pour leur qualification des attaques sanglantes du 7 octobre, l’alliance a condamné les « massacres terroristes » perpétré par le Hamas et veut « agir pour la libération des otages ». Les partis de gauche demandent aussi à « faire respecter l’ordonnance de la CIJ [Cour internationale de justice] qui évoque sans ambiguïtés un risque de génocide ».
Ensemble (Majorité présidentielle)
La majorité présidentielle, au contraire du NFP, n’a aucune intention de reconnaître la Palestine. Pour Emmanuel Macron cette reconnaissance, accordée par l’Espagne, l’Irlande et la Norvège il y a moins d’un mois, ne serait « pas raisonnable maintenant ». Le président français répète régulièrement son soutien aux demandes de cessez-le-feu et appelle de ses vœux une « solution à deux Etats ».
Les Républicains
Les Républicains ont toujours soutenu Israël. Au lendemain des attaques du 7 octobre, Éric Ciotti écrivait au président de la République, rappelant le « soutien inconditionnel à l’État d’Israël » des Républicains et fustigeant la « lourde responsabilité » de l’Autorité palestinienne.
La droite refuse de reconnaître la Palestine, qu’il s’agisse d’Éric Ciotti – pour l’instant toujours président du parti, ou de la tête de liste LR aux Européennes, François-Xavier Bellamy, qui estimait sur BFMTV que cette reconnaissance « donnerait raison à deux qui ont déclenché l’enfer du 7 octobre ». Il s’est toutefois dit en faveur d’une « solution à deux Etats », « un jour ».
Le Rassemblement national
Dès le lendemain des attaques du 7 octobre, Marine Le Pen a assuré devant l’Assemblée nationale que « l’Etat d’Israël a [vait] le droit de se défendre ». Depuis plusieurs années, le Rassemblement national a pris un virage sur la question d’Israël et de l’antisémitisme, au point que Marine Le Pen a estimé que le « Front national a [vait] toujours été sioniste » fin mai sur le plateau de LCI. Une déclaration surprenant alors que Jean-Marie Le Pen a multiplié les déclarations antisémites au cours de sa carrière politique et que le parti a notamment été fondé par d’anciens nazis.
Sur la défense
Le Nouveau Front populaire (Communistes, LFI, Ecologistes, PS)
Dans son programme, le NFP assure souhaiter promouvoir une diplomatie française au service de la paix, de la promotion des biens communs planétaires et féministe.
Ensemble (Majorité présidentielle)
Le 20 juin, lors d’une conférence de presse le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé vouloir une « défense solide, en doublant le budget des armées d’ici 2030 ». Il a aussi rappelé la volonté de la majorité de « rester au sein de l’Otan »
Les Républicains
Lors des présidentielles de 2022, le parti de droite défendait une sacralisation des dépenses de défense à au moins 2 % du PIB, le seuil minimum fixé par l’Otan. Les Républicains souhaitent aussi développer une économie de guerre qu’ils reprochent à la majorité d’avoir tardé à lancer malgré la guerre en Ukraine.
Le Rassemblement national
Le projet consacré aux questions de défense du parti d’extrême droite pour la présidentielle 2022, disponible en ligne jusqu’à récemment, a été supprimé. S’il prévoyait des investissements de 1,5 milliard par an pour les industries d’armement et un « dialogue avec la Russie », il est donc difficile de connaître les contours exacts de leur nouveau programme sur les questions de défense. On peut toutefois noter un changement quant à l’avenir de la France dans l’Otan, alors que le RN réclamait depuis longtemps notre sortie du commandement intégré de l’Alliance. En mars, Jordan Bardella a en effet assuré à Politico qu’il était contre une sortie avant la fin de la guerre en Ukraine.
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