Européennes 2024 : Cet encombrant M. Hollande que la campagne Glucksmann cherche à éviter
PAR ICI LA SORTIE•Si François Hollande va bien participer à une réunion publique locale de la campagne Glucksmann, les socialistes tentent de tenir à distance l’ancien présidentR. G.-V.
L'essentiel
- François Hollande va participer à une réunion publique locale de soutien à la liste de Raphaël Glucksmann.
- Si officiellement personne ne va lui barrer la route, l’ancien président semble radioactif pour les responsables de la campagne socialiste.
- Les adversaires de gauche de Glucksmann le dépeignent déjà en candidat de la « gauche molle », vecteur du retour de l’ère Hollande.
Un long silence et un sourire crispé. Voilà ce que vous obtenez quand vous prononcez le nom de François Hollande lors d’une conférence de presse de la campagne de Raphaël Glucksmann. C’est en tout cas ce que dans un premier temps on a obtenu mardi, avec Pierre Jouvet (3e de la liste) et Aurore Lalucq (4e de liste et eurodéputée sortante). « On n’est pas des videurs de boîte de nuit, lâche finalement cette dernière. Si quelqu’un veut venir nous soutenir, il a le droit ! »
Le problème c’est que le quelqu’un c’est… quelqu’un. François Hollande donc, président de la République de 2012 à 2017, patron du Parti socialiste de 1997 à 2008. Celui qui a redonné au groupe l’Elysée après dix-sept ans de disette, et celui dont l’exercice du pouvoir l’a plongé dans le pire trou de son histoire plus que centenaire. Alors au moment où les socialistes commencent à peine à revoir la lumière à l’occasion d’une campagne européenne surprenante, peu sont emballés pour organiser son retour.
« Pas l’image qu’on veut donner »
Qu’à cela ne tienne, l’ancien député-maire de Tulle l’organise lui-même. Cela se passera dans son ancienne région d’élection, où il participera mardi à une réunion publique locale de la campagne dans le Limousin. « Une campagne c’est des additions, pas des soustractions », balaye Pierre Jouvet. Sauf que ça se voit qu’ils n’en veulent pas de François Hollande : la semaine dernière ils ont rappelé Lionel Jospin, la semaine prochaine Glucksmann s’affichera avec Martine Aubry.
« Ce n’est pas l’image qu’on veut donner », dit-on pudiquement dans l’état-major de la campagne de la liste PS-Place publique. Et de son côté, François Hollande, « il a les boules », dit-on moins pudiquement. Seulement, le spectre est quand même là, car l’ancien président a déjà dit qu’il voterait pour Raphaël Glucksmann. Et les adversaires de gauche de la liste PS-PP ont bien vu le filon. Manon Aubry et les insoumis tout d’abord, qui parlent depuis déjà des mois et des mois du retour de la « gauche molle ». « Le 9 juin ne se joue pas un référendum pour ou contre le retour de François Hollande », a aussi taclé l’écologiste Marie Toussaint lors du débat sur LCI, mi-mai.
« Mon nom est Raphaël Glucksmann »
« Mon nom est Raphaël Glucksmann », a lâché la tête de liste lors du débat sur BFMTV en début de semaine, tant il était agacé qu’on le rattache à François Hollande. Jeudi soir, lors de son meeting à Paris, le candidat a tenté de donner un peu de contenant politique à cette parade remarquée. « Nous ne travaillons pas à une réédition du passé mais à quelque chose de profondément neuf. Une social-démocratie rénovée, débarrassée de ses compromissions. » « Nous sommes une gauche qui est à la fois réformiste, mais un réformisme radical », a ajouté Olivier Faure, le patron du PS, sur France Info vendredi matin.
On verra le 9 juin si cela a des conséquences dans les urnes. Ce qui est certain, par contre, c’est que le Parti socialiste sera forcément confronté à d’autres épisodes hollandiens de ce genre. Faire-valoir de luxe dans le meeting de son ancien premier ministre Bernard Cazeneuve en juin 2023 à Créteil ; ici invité surprise à une petite réunion publique d’une campagne où il n’est pas le bienvenu… Le problème du PS, c’est non seulement que François Hollande ait envie de compter, voire de revenir, c’est qu’il n’hésite pas à se mettre dans des positions assez humiliantes au regard de son rang pour le faire dès qu’il en a l’occasion. « C’est un troll, c’est même le troll en chef », déplore l’entourage d’Olivier Faure.
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