Un député écologiste veut « réanimer la Nupes » et lance la plateforme de doléances « Allô, la gauche ? »
INFO « 20 Minutes »•Benjamin Lucas, député Générations, annonce dans « 20 Minutes » le lancement d’une plateforme participative pour recueillir « les doléances du peuple de gauche et de l’écologie »
Propos recueillis par Rachel Garrat-Valcarcel
L'essentiel
- Benjamin Lucas, député Générations des Yvelines, croit encore que l’union à gauche est possible. Non seulement pour la présidentielle de 2027 mais aussi pour les européennes en juin prochain.
- Pour écouter « le peuple de la gauche et de l’écologie », il lance une sorte de cahiers de doléances numériques, baptisé « Allô, la gauche ? ».
- Le député espère faire pression sur les appareils politiques et leurs logiques.
Même si la séquence des élections européennes est désormais bien avancée, des initiatives pour l’union à gauche naissent encore ici ou là. Ce mardi, dans les colonnes de 20 Minutes, c’est le député Générations Benjamin Lucas qui lance « Allô, la gauche ? » pour tenter de sauver ce qu’il est possible de l’ancienne Nupes. Une plateforme web sous forme de cahiers de doléances de l’électorat de gauche. Le député des Yvelines explique son initiative.
Vous lancez des « cahiers de doléances du peuple de gauche et de l’écologie », de quoi s’agit-il ?
Avec la campagne des élections européennes, on entre dans une phase où chacun à gauche va parler au singulier. C’est l’effet inévitable de la division. Je pense qu’il n’est pas inutile que certains parlent au pluriel. Ce que je souhaite faire, c’est de mettre un outil à disposition pour qu’on aille, en toute humilité, recueillir les colères et les espoirs de celles et ceux que nous voulons représenter, ces millions d’électrices et d’électeurs qui nous ont permis d’être en tête au soir du premier tour des élections législatives. C’est un dialogue avec ces électrices et électeurs de la Nupes, mais aussi avec ces citoyennes et citoyens qui ont été indignés par la réforme des retraites imposée, indignés par la loi Immigration votée avec le RN et sur la base de son programme, indignés par la remise en cause du système éducatif, la fin du collège unique, l’attaque sans précédent contre les principes d’égalité à l’école sans même que cela soit débattu au Parlement. Bref, tous ceux qui veulent une alternative à Le Pen et à Macron.
Sont-ils si nombreux, vu les sondages ?
Je vois une sorte dissonance entre les sondages d’intentions de vote qui disent que Le Pen est en tête, aux européennes, à la présidentielle et même lors d’éventuelles législatives anticipées et tous les autres qui demandent leurs priorités aux Français, qui montrent que la gauche n’a pas dit son dernier mot, et qui montrent que les aspirations que nous portons pour l’égalité, pour la justice sociale, pour un autre modèle écologique et économique ont toute leur pertinence, leur crédibilité. L’ascension de Le Pen est résistible, c’est un colosse aux pieds d’argile : elle est forte quand nous sommes faibles.
Concrètement, ça rassemble à quoi ces cahiers de doléances ?
On lance une plateforme numérique, www.allolagauche.fr, qui pourra recevoir mails, messages WhatsApp, messages vocaux… Pour recueillir ces doléances, permettre aux citoyens de gauche de dire ce que sont leurs attentes vis-à-vis des partis et des parlementaires de la Nupes. Et puis aussi, plus classiquement, des réunions publiques, des agoras, des forums avec tous ceux qui veulent : élus ou non, qui veulent contribuer à cette réflexion collective. L’idée est d’en faire un bilan dans quelques semaines pour nourrir des propositions.
« L’ascension de Le Pen est résistible, c’est un colosse aux pieds d’argile : elle est forte quand nous sommes faibles »
Des initiatives pour demander l’union de la gauche, on n’en manque pas…
Plutôt que de construire tout seul des propositions, de me baser sur des sondages, de faire des conciliabules de buvette ou des dîners parisiens, je veux partir de la base, de ceux dont nous voulons obtenir la confiance. Je veux prendre tout le temps qu’il faudra, dans les mois qui viennent, pour puiser ce qu’est l’intelligence collective du peuple de gauche. Et ensuite porter auprès des parlementaires et des partis ces exaspérations, ces colères, ces doléances mais aussi ces espoirs et ces solutions venues d’expériences locales unitaires qui fonctionnent bien. C’est une démarche d’écoute, donc je n’ai pas des conclusions préétablies. Le but n’est pas d’habiller une proposition, c’est d’en construire dans le dialogue, en collectif, sur le terrain.
Aujourd’hui, dans le paysage partidaire à gauche, la ligne de partage passe entre ceux qui veulent de Jean-Luc Mélenchon comme candidat à la présidentielle et ceux qui n’en veulent surtout pas. Quel terrain d’entente est-il possible à partir de cet état de fait ?
La fracture est peut-être celle-là dans les partis aujourd’hui, mais la force de la vie politique, c’est que rien n’est jamais figé. Ce que j’entends surtout c’est « unissez-vous » ! Moi, je ne me reconnais pas dans un clivage qui opposerait ceux qui diraient « c’est Mélenchon ou rien » à ceux qui diraient « tout sauf Mélenchon ». La question est stratégique et politique, pas personnelle. Nous devons trouver le dispositif qui nous permet, à la fin, de rassembler et de l’emporter. Sans opposer la stratégie du bloc populaire qui a montré sa force en 2022 à son nécessaire élargissement pour gagner et rassembler le pays autour du programme que nous avons construit et que nous pouvons enrichir. Je ne me résigne pas à la victoire de Le Pen, aux larmes de crocodile chaque soir de défaite. Tout faire pour éviter ce scénario catastrophe, c’est considérer d’abord qu’il ne peut pas y avoir deux gauches irréconciliables. Je ne veux pas m’inscrire dans cette logique-là.
Dans deux mois pile, c’est la date limite de dépôt des listes aux élections européennes. Et je vais continuer pendant ces deux mois à plaider pour que la solution qui a été proposée il y a un an par la France insoumise, celle d’une liste commune à toute la Nupes, conduite par un ou une écologiste, puisse voir le jour. Je sais que c’est très peu probable, je suis assez lucide. Mais une partie de moi veut croire qu’à un moment donné, on va réaliser ce qu’impliquerait une victoire de Le Pen aux européennes. Effectivement, les européennes sont une sorte de prépremier tour de la présidentielle de ce point de vue. L’intérêt général doit l’emporter.
Vous faites ça avec qui ?
Avec toutes celles et tous ceux qui le veulent ! Je mets un outil à disposition pour réanimer la Nupes, penser l’union avec celles et ceux qui la veulent. J’ai bien des camarades et des amis qui sont déjà très intéressés un peu partout en France par cette initiative. Ce n’est pas « mon machin », je ne suis candidat à rien. Je ne suis dans aucun des dispositifs de campagne pour les européennes, dans aucune écurie présidentielle. Je le fais dans le souci de l’intérêt général à gauche.