Des revers à deux mainsDe polémique en polémique, les dix jours cataclysmiques d’Oudéa-Castéra

De polémique en polémique, les dix jours cataclysmiques d’Amélie Oudéa-Castéra

Des revers à deux mainsVous n’avez pas suivi tous les scandales qui ont secoué la nouvelle ministre de l’Education nationale, de la Jeunesse, des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques ? « 20 Minutes » vous résume tout
Polémique Oudéa-Castéra : La ministre de l'Éducation dans l'embarras
Diane Regny

Diane Regny

L'essentiel

  • La ministre de l’Education nationale Amélie Oudéa-Castéra enchaîne les controverses depuis sa nomination.
  • De la scolarisation de son fils dans un établissement privé controversé à ses indemnités jugées excessives à la FFT en passant par ses propos critiquant l’école publique, ses déclarations ne cessent de heurter.
  • Retour sur les dix jours cataclysmiques d’une ministre fraîchement nommée.

Avec quasiment une polémique par jour à son actif, la ministre de l’Education nationale et des Sports a vu sa nomination se transformer en descente aux enfers. Amélie Oudéa-Castéra agite les médias de France et ses frasques ont même traversé nos frontières, son nom s’imprimant dans les colonnes de journaux suisses, britanniques et même américains. Etape par étape, la ministre a creusé son itinéraire tout droit vers le Pandémonium. De l’« aéroport Stanislas » en passant par le chemin des « paquets d’heures pas remplacées », 20 Minutes vous résume son parcours.

Aéroport Stanislas

Amélie Oudéa-Castéra a commencé son douloureux pèlerinage à l’aéroport Stanislas. Le 12 janvier, au lendemain de sa prise de fonction au ministère de l’Education nationale et des Sports, Mediapart révèle que ses enfants sont scolarisés à Stanislas. Cet établissement privé catholique, situé au cœur de Paris dans le 6e arrondissement, avait déjà été dans le viseur du média d’investigation. En juin 2022, le site d’actualités avait en effet épinglé le collège-lycée pour son univers « sexiste, homophobe et autoritaire ».

Chemin des « paquets d’heures pas remplacées »

Le même jour, la ministre se justifie devant la presse après la visite d’un collège à Andrésy, dans les Yvelines. Elle explique que son fils aîné a commencé sa scolarité à l’école publique dans l’établissement Littré, situé aussi dans le 6e arrondissement de Paris - le plus cher au mètre carré de la capitale. Mais son mari et elle-même auraient été « frustrés » des « paquets d’heures pas remplacées ». Le couple en a « eu marre, comme des centaines de milliers de familles qui, à un moment, ont fait un choix d’aller chercher une solution différente », a-t-elle asséné. Le lendemain, alors que la polémique enfle, Amélie Oudéa-Castéra s’excuse. Mais la machine est lancée : la ministre de l’Education nationale vient de jeter l’opprobre sur l’éducation publique, qu’elle est censée représenter.

Rond-point retour à la réalité

Dimanche 14 janvier, la ministre est contredite par l’ancienne institutrice de son fils aîné. Cette dernière révèle tout d’abord que Vincent n’a passé que six mois dans l’établissement public, en petite section de maternelle. Et, dans les colonnes de Libération, Florence l’assure : « Il n’y a jamais eu de problème de remplacement à Littré qui est une petite école très cotée. » L’ancienne enseignante affirme n’avoir « pas été absente » et que les professeurs étaient de toute façon « toujours remplacés ».

La professionnelle de l’éducation avance une autre hypothèse quant au départ de l’enfant de l’établissement public. D’après elle, c’est un désaccord sur un passage anticipé en moyenne section de maternelle qui aurait poussé les parents à placer Vincent dans le privé, où les sauts de classe se négocient plus facilement. AOC se contorsionne : elle assure alors qu’elle n’a pas menti tout en admettant que la réalité lui « donne tort ».

Impasse des excuses

Mardi 16 janvier, l’ancienne championne de tennis se rend à Littré pour présenter ses excuses. La ministre, qui cherche à étouffer la polémique, est accueillie sous les sifflets et les invectives. Mediapart publie dans la foulée le rapport d’inspection sur Stanislas, daté de juillet 2023, dans lequel des « dérives » homophobes et anti-avortement sont dénoncées. Ce document de l’inspection générale de l’Education nationale dévoile aussi la promotion des thérapies de conversion, des pratiques homophobes interdites par la loi française.

Mercredi, la Ville de Paris a annoncé suspendre provisoirement son financement à Stanislas. Le lendemain, après avoir défendu l’établissement, affirmant qu’un seul cas d’homophobie avait été relevé par le rapport d’inspection, la ministre se dessaisit du dossier. Le parquet annonce vendredi 19 janvier qu’une enquête est en cours à l’encontre de Stanislas, pour injures sexistes et homophobes.

L’esquive de Parcoursup

Les polémiques s’accumulent à n’en plus finir pour AOC et son fils aîné. Samedi, Mediapart publie une nouvelle information : Vincent a contourné les règles de Parcoursup. L’article du pure-player montre que l’établissement privé garantit à ses élèves des admissions en classe préparatoire aux grandes écoles (CPGE). Alors que Parcoursup est censé être un outil anonyme, seuls 41 candidats n’ont fait qu’un vœu pour un CPGE en 2023. Parmi eux, « 38 sont des élèves de Stanislas ». Le lendemain, le directeur de l’école confirme que l’établissement a un système « maison » pour contourner les règles. De l’école maternelle jusqu’aux choix de ses études supérieures, le fils aîné d’Amélie Oudéa-Castéra a bénéficié d’une autoroute sans péages.

Amélie Oudéa-Castéra, elle, continue sur la nationale de la controverse. La polémique dépasse à présent l’enseignement privé et se déporte sur sa rémunération lorsqu’elle était directrice générale de la Fédération française de tennis (FFT). Un rapport parlementaire, rendu public lundi, pointe du doigt sa rémunération de 500.000 euros brut sur 13 mois ainsi qu’une prime sur objectif de 100.000 euros. AOC, de son côté, dénonce un compte rendu « militant » et « instrumentalisé à des fins politiques ». Reste que son voyage en terre des controverses ne semble pas toucher à sa fin.