L’exécutif sur le qui-vive face au malaise des agriculteurs, courtisés par le RN
CLIENTELLE•Les manifestations d’agriculteurs, qui se multiplient, inquiètent le gouvernement à l’approche des élections européennes20 Minutes avec AFP
Un mois avant l’ouverture du Salon de l’agriculture et à l’approche des élections européennes, la multiplication des signes de mécontentement des agriculteurs préoccupe le gouvernement. La grogne dans les pays voisins n’a pas échappé à l’exécutif. Après les Pays-Bas, c’est d’Allemagne que la colère des agriculteurs se fait entendre, avec une mobilisation massive contre un projet d’augmentation des taxes sur le gazole agricole, à coups de blocages de routes et défilés de tracteurs.
En France aussi, des actions ponctuelles s’organisent. Des éleveurs laitiers se sont rassemblés jeudi devant plusieurs sites Lactalis dans l’Ouest, dénonçant le prix du lait fixé par le groupe basé en Mayenne, jugé trop bas. Vendredi, la circulation a été bloquée par des agriculteurs sur l'A64 entre Toulouse et Bayonne. Sur toute une série de « sujets brûlants », la profession « attend des réponses très claires avant le Salon de l’agriculture » (à partir du 24 février à Paris), a mis en garde le président de la FNSEA Arnaud Rousseau lors de ses vœux. Menaçant de « ressortir sur le terrain » faute de réponses satisfaisantes.
Des raisons diffuses
Inflation, lourdeurs administratives, ras-le-bol face au sentiment d’être écrasés par des normes nationales ou européennes, au nom de la transition écologique : les motifs de colère sont diffus. « J’entends et je suis très attentif aux expressions des agriculteurs », a assuré vendredi dans un entretien à La Dépêche du Midi le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau, soulignant « avoir obtenu un budget historique pour notre agriculture de 4 milliards pour les trois prochaines années ».
Lors de sa conférence de presse mardi, Emmanuel Macron a cité l’agriculture parmi les domaines où il comptait « accélérer » le « réarmement » du pays. Le président « a demandé au ministre de l’Intérieur de donner instruction aux préfets d’aller dès ce week-end à la rencontre des agriculteurs » et de leurs syndicats, a indiqué vendredi l’Elysée. Pour qu’ils « échangent directement » avec eux « au plus près du terrain », comme le ministre de l’Agriculture.
Le RN en embuscade
Le nouveau Premier ministre Gabriel Attal, lors d’un déplacement dimanche dernier à Caen, avait souligné que « l’un des premiers projets de loi » que présentera son gouvernement concerne « le renouvellement des générations en agriculture ». Ce texte, au menu du Conseil des ministres du 24 janvier, prévoit de créer un nouveau diplôme de niveau bac + 3, un « bachelor agro », et un guichet unique pour soutenir les candidats à l’installation. La profession, elle, attendait une loi d’orientation plus ambitieuse.
Dans ce climat d’inquiétude, l’extrême droite est aux aguets : reçu vendredi par Gabriel Attal, le président du RN Jordan Bardella lui a demandé de « décréter l’état d’urgence agricole » et « d’instaurer le patriotisme économique pour protéger nos agriculteurs ». Jordan Bardella, par ailleurs tête de liste du RN aux élections européennes, a prévu de rencontrer samedi des agriculteurs de Gironde pour appuyer leurs revendications. « Le RN cherche à souffler sur les braises de la colère et le désespoir des agriculteurs, mais ce n’est que de l’opportunisme électoral pour les élections européennes », critique Marc Fesneau, fustigeant les élus RN qui « ne travaillent pas au Parlement européen et ne défendent donc pas les agriculteurs au quotidien ».