Conférence de presse de Macron : Pouvoir d’achat, temps d’écran… On a fact-checké quatre affirmations
FAKE OFF•Le président de la République a défendu son action mardi soir face aux journalistes. On a vérifié ses affirmationsMathilde Cousin
Il a défendu son bilan pendant plus de deux heures. Répondant aux questions des journalistes sur le pouvoir d’achat, la santé, l’école ou encore la lutte contre le réchauffement climatique, Emmanuel Macron a multiplié les affirmations, souvent chiffrées, pour démontrer l’efficacité de son action et de celle des gouvernements qui se sont succédé depuis 2017. 20 Minutes en a passé quatre à la loupe.
« Un travailleur qui est Smic au temps complet a gagné depuis 2017 9 % de pouvoir d’achat. »
Cette affirmation d’Emmanuel Macron est-elle juste ? Une étude de la Drees, la direction des statistiques du ministère de la Santé et des Solidarités, s’est penchée sur le cas d’un travailleur célibataire rémunéré au Smic : son revenu disponible, en incluant les aides sociales, a augmenté de 8,7 % entre juillet 2017 et juillet 2022. Une augmentation due à la suppression progressive de la taxe d’habitation, à la baisse des cotisations sociales sur les salaires et à la revalorisation de la prime d’activité en 2019, après le mouvement des « gilets jaunes », note la Drees.
Toutefois, le gain de pouvoir d’achat n’est pas la même selon la configuration de la famille : il diminue en fonction du nombre d’enfants. Une personne seule avec un enfant a vu son pouvoir d’achat augmenter de 4,5 %, une avec deux enfants de 3,9 %. En revanche, une famille monoparentale avec trois enfants a vu son pouvoir d’achat stagner : celui-ci a régressé de 0,2 %, note la Drees.
« On a doublé en six ans le nombre de maisons de santé. »
Cette affirmation d’Emmanuel Macron est-elle juste ? C’était une promesse d’Emmanuel Macron lorsqu’il était président en 2017, répondant à des demandes de professionnels de santé et de patients. En mars 2017, les Français avaient accès à 910 maisons de santé. En juin 2021, ce chiffre s’élevait à 1.889, comme nous le rappelions dans cet article. Près de deux ans plus tard, ce chiffre a encore progressé : en mars 2023, la France dénombrait 2.251 de ces structures. En juin, le gouvernement a présenté un plan pour continuer ces ouvertures, afin d’arriver à 4.000 ouvertures sur le territoire.
Cette dynamique d’ouverture a en réalité débuté à la fin des années 2000, avant le premier quinquennat d’Emmanuel Macron. En 2008, la ministre de la Santé Roselyne Bachelot défendait déjà l’ouverture de ces structures.
Si ces maisons de santé améliorent sans conteste l’accès aux soins, elles ne peuvent pas être la seule réponse aux déserts médicaux, alertaient un chercheur et un élu auprès de 20 Minutes en 2022.
« Nous avons doublé les réductions d’émissions de gaz à effet de serre. […] On a été de 2 % par an, entre 2018 et 2022, on est à 4,6 % sur 2023, donc ce qu’on a fait pour accroître [cette baisse des émissions] est en train de fonctionner. »
Cette affirmation d’Emmanuel Macron est-elle juste ? La France a effectivement connu une baisse de ses émissions de 4,6 % sur les neuf premiers mois de l’année dernière, comparés aux neuf premiers mois de 2022, selon les calculs de l’association Citepa.
Cette baisse n’est pas toutefois seulement due aux politiques impulsées par le gouvernement, comme s’en est félicité Emmanuel Macron. La diminution des émissions dans le secteur de la production d’énergie est ainsi en partie liée à la remise en service de réacteurs nucléaires, qui produisent une énergie décarbonée. Citepa note également que « le secteur industriel est toujours aussi fortement impacté par la crise énergétique ».
« Passer du temps devant un écran, cela a un impact sur le développement affectif, sensoriel, cognitif d’un enfant. »
Cette affirmation d’Emmanuel Macron est-elle juste ? Les scientifiques sont encore en train d’étudier l’impact des écrans sur le développement des enfants, de la petite enfance à l’adolescence. Une récente étude de l’Inserm, menée auprès de près de 14.000 enfants entre leurs 2 ans et 5 ans et demi, a montré que le contexte dans lequel l’enfant passe du temps devant l’écran est à prendre en compte, en plus du temps d’exposition.
Ses auteurs notent qu'« il existe suffisamment de preuves pour conclure que, dans l’ensemble et dans le contexte réel de l’utilisation, un temps d’écran plus important est associé à un développement du langage plus faible dans la petite enfance ». Ainsi, les chercheurs ont noté que les enfants qui partageaient un repas alors que la télévision était allumée avaient de moins bons scores de développement du langage.
Toutefois, certains facteurs de mode de vie peuvent diminuer cet impact négatif des écrans, ont noté les scientifiques, qui appellent à de futures études pour continuer d’explorer l’impact des écrans sur le développement des enfants.