Gabriel Attal : Les défis du nouveau Premier ministre en trois équations
MATHS•A peine nommé à Matignon, Gabriel Attal doit avant toute chose trouver la bonne formule pour son premier gouvernementThibaut Le Gal
L'essentiel
- Gabriel Attal a remplacé mardi Elisabeth Borne au poste de Premier ministre.
- Le nouveau locataire de Matignon doit désormais composer son gouvernement avec Emmanuel Macron.
- 20 Minutes vous présente les défis du nouveau chef de la majorité en 3 équations.
Était-ce le vent glacé de janvier ou le vertige du pouvoir ? Gabriel Attal avait les mains tremblantes, mardi après-midi, en lisant ses notes lors de la passation de pouvoir avec Elisabeth Borne. A seulement 34 ans, le bon élève de la macronie se mue en professeur principal en prenant les rênes de Matignon.
Et de nombreux dossiers l’attendent déjà sur son nouveau bureau : remanier le gouvernement sous fond de guerre des ego, trouver une majorité à l’Assemblée nationale, préparer les élections européennes… On revient sur les trois équations que le chef de la majorité présidentielle doit résoudre dans les semaines à venir.
- Les cadors – les frondeurs + X nouveautés + la parité = un gouvernement
C’est la première mission délicate du nouveau chef de la majorité : trouver les noms qui vont composer son futur gouvernement. Gabriel Attal déjeunait encore ce mercredi midi avec Emmanuel Macron pour trouver l’équation parfaite afin d’insuffler un nouvel élan à ce second quinquennat. Un exercice périlleux car le Premier ministre doit tenir compte – sur fond de parité – de l’équilibre des forces de la majorité (MoDem, Horizons, Renaissance), mettre dehors les frondeurs du projet de loi immigration… le tout en ménageant les ego des poids lourds de la Macronie.
François Bayrou, Edouard Philippe, Gérald Darmanin et Bruno Le Maire n’ont pas été vraiment enthousiastes à l’idée de voir le jeune ambitieux débarquer à Matignon. « Attal est parfaitement légitime. C’est le choix du président, il serait incompréhensible de faire la tête… », fait remarquer un député Renaissance face aux soupirs de grognards. « Les cadres rechignent simplement pour agrandir leur périmètre ou placer des proches. Mais tout ça va vite rentrer dans l’ordre », relativise un élu proche du président.
Pour l’Assemblée nationale aussi, Gabriel Attal va devoir sortir la calculette. Le nouveau patron de la majorité sait parfaitement qu’une majorité relative conduit à bien des soucis. S’il veut éviter de battre le record de 49.3 d’Elisabeth Borne (23 en 20 mois), il lui faut trouver des alliés à gauche ou à droite. Au moins une cinquantaine de voix quelque part au palais Bourbon pour passer les futurs projets de loi, et s’éviter des drames dans l’Hémicycle. « Elisabeth Borne n’imprimait pas vraiment, lui est plus politique et pragmatique, il y a le coefficient surprise. Il est capable d’aller chercher à droite et à gauche », veut croire François Patriat, patron des sénateurs Renaissance.
« Il parle à tout le monde, c’est notamment lui qui a lancé les dialogues de Bercy ou réussi à faire voter un texte budgétaire [rectificatif en 2022, mais aussi en 2023] sans 49.3, ce n’est pas anodin », ajoute le député Renaissance Mathieu Lefèvre. Reste à connaître l’attitude de la droite à son égard. « L’idée n’est pas de crier avant d’avoir mal. Nous attendons de voir sa feuille de route », balaye le député Les Républicains Eric Pauget.
- 31 % (RN) – 21 % (Renaissance) = 10 % d’écart, soit une potentielle déculottée
Ces chiffres sont les résultats des derniers sondages pour les élections européennes de juin prochain. En tant que chef de la majorité, Gabriel Attal aura la lourde tâche de mener la campagne avec la tête de liste (encore à trouver) du camp présidentiel. Battue d’un cheveu lors du dernier scrutin européen en 2019, la liste macroniste accuse aujourd’hui jusqu’à 10 points de retard sur celle menée par Jordan Bardella pour le Rassemblement national. Un gouffre que le nouveau Premier ministre doit combler.
« Les sondages actuels ne veulent rien dire. Si le gouvernement marque des points dans les mois à venir, en se réarmant sur l’école, la sécurité… la majorité s’en sortira », veut croire François Patriat. Un autre élu se montre moins optimiste et craint déjà le pire. « En cas d’échec, les cartes seront rebalayées après le scrutin ».
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