CRISEFracture dans le camp présidentiel, Aurélien Rousseau présente sa démission

Loi Immigration : Profonde fracture dans le camp présidentiel, le ministre de la Santé présente sa démission

CRISECinquante-neuf députés de la majorité présidentielle n’ont pas voté pour le texte sur l’immigration adopté mardi soir par le Parlement
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

C’est une victoire à la Pyrrhus pour le camp présidentiel. L’adoption définitive mardi soir de la loi sur l’immigration est certes une victoire parlementaire pour Emmanuel Macron mais elle ouvre en même temps une profonde fracture au sein de sa majorité, dont une partie s’est détournée d’un texte soutenu à la dernière minute par le RN.

Après 18 mois de rebondissements, l’Assemblée a voté le texte avec 349 voix pour et 186 voix contre, sur 573 votants, LR et RN joignant leurs voix à celle de la majorité comprenant Renaissance, Horizons et Modem. Cette dernière s’est divisée : 59 voix lui ont manqué, sur 251 députés, entre votes contre et abstentions. Ces défections ont été contrebalancées par les 62 voix favorables de LR.

La méthode Coué de Darmanin

« La majorité a été solide », a pourtant jugé Gérald Darmanin. Mais le résultat esquisse un tableau moins positif : sur 170 députés Renaissance, 131 députés ont voté pour, 20 se sont abstenus et 17 ont voté contre, dont le président de la commission des lois Sacha Houlié, les anciens ministres Stéphane Travert et Nadia Hai et l’ex-président du groupe Gilles Le Gendre.

Le marasme touche aussi le gouvernement : le ministre de la Santé Aurélien Rousseau a présenté sa démission à la Première ministre, sans que l’on sache dans la nuit si elle avait été acceptée. Plusieurs ministres défavorables au texte, comme Clément Beaune (Transports), Patrice Vergriete (Logement) ou Sylvie Retailleau (Enseignement supérieur), ont par ailleurs été reçus dans la soirée à Matignon. Dans cette atmosphère pesante, les membres du gouvernement se retrouveront pour un Conseil des ministres à l’Elysée ce mercredi matin.

Sorte de pont entre la majorité et le centre-gauche réfractaire à la Nupes, la Fédération progressiste de l’ancien ministre socialiste François Rebsamen avait réclamé de voter contre le texte. Il prône surtout la création d’un « groupe progressiste à l’Assemblée ». La fracture se fait sentir également chez les Jeunes avec Macron. Ils avaient en effet appelé les parlementaires et les ministres à s’opposer au texte.

Le MoDem divisé

Du côté des alliés, si Horizons, le parti d’Edouard Philippe, a très largement approuvé le texte – 28 pour, 2 contre –, le MoDem s’est divisé : trente pour, 5 contre et 15 abstentions. Le président du groupe Jean-Paul Mattei, qui s’est abstenu, avait laissé les députés « libres de leur vote ». Allié historique du président, François Bayrou, le patron du MoDem, avait fait savoir qu’il n’accepterait pas une loi sur l’immigration « revendiquée par le RN ».

« Ça va laisser des traces. Et pas qu’au Parlement. Je pense qu’on ne se rend pas encore compte des répercussions », glissait après le vote une cadre de la majorité. « On est dans la main du RN, on a perdu sur tous les tableaux » et Marine Le Pen « a tout gagné », s’exaspérait une députée Renaissance. Reste maintenant à savoir si Emmanuel Macron va connaître pour sa fin de quinquennat l’épisode des frondeurs vécu par son prédécesseur François Hollande.