ONE WOMAN SHOWToussaint, Rousseau, Jadot ont twerké pour lancer la campagne des Européennes

Européennes 2024 : Toussaint, Rousseau, Jadot ont twerké pour lancer la campagne et c’est à peu près tout

ONE WOMAN SHOWMarie Toussaint et EELV commençaient leur campagne européenne par un meeting-spectacle à l’Elysée Montmartre à Paris samedi soir
Rachel Garrat-Valcarcel

Rachel Garrat-Valcarcel

L'essentiel

  • Samedi soir avait lieu le premier meeting de campagne d’EELV et Marie Toussaint pour les européennes de 2024.
  • Le meeting « Pulsations » se voulait spectacle.
  • Cela n’a finalement pas été très original. Ni sur le fond, ni sur la forme.

Si on vous avait dit un jour que vous verriez Sandrine Rousseau, Éric Piolle et Yannick Jadot twerker ensemble, vous ne l’auriez pas cru. Eh bien ça a eu lieu, samedi soir, à l’Elysée Montmartre à Paris, lors de meeting de lancement de campagne européenne de Marie Toussaint, la tête de liste EELV. Enfin meeting : spectacle « pour le vivant » nommé « Pulsations ». C’était un peu vendu comme ça par l’état-major écologiste. Alors, face à une affiche digne d’un one woman show, 20 Minutes a chaussé ses plus belles lunettes de critique théâtrale.

On attendait des surprises, il y en a eu. Mais si vous vouliez une autre pièce que celle que les écologistes ont toujours jouée, sur le fond comme sur la forme, vous avez perdu votre samedi soir. Commençons par le commencement : la première partie. On le sait bien, c’est toujours trop long, « Pulsations » n’a pas fait exception. Un fan service écolo, tantôt combatif, tantôt contemplatif, comme la juriste internationale Valérie Cabanes pour défendre le droit de la nature : « Je suis l’eau, je suis atome d’oxygène, atome d’hydrogène. Je suis la source, je suis l’arbre de vie. Je suis bactérie, je suis plante, je suis champignon, je suis animal. Je suis liquide amniotique. Je suis corps. Je suis l’eau et l’eau est moi… » Les fans apprécieront, les autres ne sont de toute façon pas là.

Vingt minutes d’originalité

Ce long passage en revue de toutes les références écolos ou presque a été brusquement interrompu par les danseuses de Booty Therapy, venues twerker sur la scène. L’arrivée de ces trois jeunes femmes sur scène a largement décontenancé les critiques d’un soir. D’autant plus que les danseuses se sont retrouvées à virer de la scène Marine Tondelier, Marie Toussaint ou Sandrine Rousseau, chauffées par le passage aux platines de Sônge. Soyons honnêtes : on a beaucoup ri. Pas des danseuses, mais de l’incongruité de les voir là, et surtout quand elles ont décidé de faire danser la salle. Pas facile de faire danser les plus raides des écolos mais Marie Toussaint et son second de liste, David Cormand, avaient l’air très à l’aise.

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Voilà, c’était les vingt minutes d’originalité de la soirée. Un peu court, surtout quand la suite, ce sont deux discours derrière un pupitre et devant un drapeau tricolore un drapeau européen de Marine Tondelier, la secrétaire nationale d’Europe Ecologie – Les Verts, et Marie Toussaint. Vu l’affiche, on aurait pu imaginer une tête de liste écolo seule en scène, déambuler sur celle-ci, pourquoi pas dans la salle, dialoguant avec des images projetées. Devant les promesses, c’est vrai, la critique s’était un peu fait son film.

Contre programmation ou contretemps ?

Dommage car Marie Toussaint n’est pas apparue forcément à l’aise dans cet exercice compassé. Certes, les femmes politiques sont toujours désavantagées en la matière tant les références de « bêtes de scène » sont masculines. On doit en tenir compte dans notre critique. Mais le potentiel entrevu lors du discours de la tête de liste écologiste lors des Journées d’été du Havre, en août, n’a pour le moment pas éclôt. Sa déclamation plus qu’un discours a été souvent mécanique, rarement enlevé. Pas de quoi soulever la foule, même celle des convaincus présents.

Marie Toussaint est revenue sur son idée d’une campagne qui promeut la douceur en politique. « À cette évocation, certains sourient. ''Elle continue avec son truc de la douceur.'' Oui je continue. Et je ne fais que commencer… », a-t-elle assumé. Pour elle, c’est « l’horizon » à proposer aux Européens et Européennes. Elle n’a pas tout à fait tort quand elle « observe » que « quand elle déborde de son lit, ce n’est jamais nous que la colère porte au pouvoir, mais au contraire les pires populistes, les pires réactionnaires ». Mais, si plus de trois mois après l’avoir exposé pour la première fois, vous en être encore à devoir vous justifier de votre choix de campagne, ce n’est pas exactement bon signe. Si vous êtes obligée d’expliquer, c’est visiblement qu’on n’a pas bien compris.

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Au global, la promesse n’a été qu’en partie tenue : ça a vite fait pulser. Dans ce spectacle au développement vraiment durable (presque trois heures et demie), on n’a pas encore vu comment les écologistes comptaient remplir la salle au-delà des fans conquis le plus souvent depuis longtemps. « Ça sera quelque chose qui nous ressemble », expliquait la veille une cadre du parti qui ne voulait pas trop en dire. Mais c’est bien le problème : les grands raouts écolos ne parlent souvent qu’aux écolos et ils s’en satisfont. La douceur, c’est vrai que c’est une contre-programmation qui peut attirer l’œil, vu ce qu’il y a à l’affiche des européennes en France et dans le reste de l’Union. Attention à ce que cela ne devienne pas un contretemps, comme un lancement de campagne six mois l’avant l’échéance. Pour une élection qui, au mieux, intéressera six semaines avant.