Nice : Christian Estrosi appelle Eric Ciotti à « cesser » son « harcèlement épistolaire »
CONFRONTATION(S)•Les deux ténors de la politique dans les Alpes-Maritimes, anciens alliés qui pourraient s’affronter aux prochaines élections municipales à Nice, s’opposent avec véhémence depuis plusieurs années
Fabien Binacchi
L'essentiel
- Christian Estrosi reproche dans une lettre adressée lundi à Éric Ciotti d’être la cible de son « harcèlement épistolaire ».
- Ce qui a fait prendre la plume au maire de Nice, indique-t-il, c’est la volonté du député, président de LR, de « tout conflictualiser […] jusqu’à évoquer "une mise en danger de la vie d’autrui" » dans les vallées des Alpes-Maritimes touchées par des déluges.
- Les relations devenues distendues, voire totalement belliqueuses, entre les deux anciens alliés, qui pourraient s’affronter aux prochaines élections municipales à Nice, ne s’améliorent pas.
Les relations devenues distendues, voire totalement belliqueuses, entre Christian Estrosi et Éric Ciotti, probables opposants lors des prochaines élections municipales à Nice, ne s’améliorent pas. Au contraire. Le premier reprochant dans une lettre adressée lundi au second d’être la cible de son « harcèlement épistolaire » qu’il veut voir « cesser ». « J’avais choisi ces derniers temps de ne pas répondre à tes innombrables courriers » mais « je me vois contraint d’écrire car il y a des choses que je ne peux pas laisser dire, expose le maire (Horizons) de la cinquième ville de France dans un texte partagé sur le réseau social X.
« Je pourrais répondre à tes attaques sur la fiscalité », sur « notre stade "trop cher", notre police municipale "pas dirigée", notre ligne 2 de tramway "pas adaptée" » ou encore « un hôtel des polices "dont les travaux ne débuteront pas", déroule Christian Estrosi. Mais ce qui a fait prendre la plume à l’élu, indique-t-il, c’est la volonté du député, président de LR, de « tout conflictualiser […] jusqu’à évoquer "une mise en danger de la vie d’autrui" » dans les vallées des Alpes-Maritimes touchées par des déluges.
« Ce n’est pas ma manière d’être »
Éric Ciotti a reproché à la métropole Nice Côte d’Azur, dont le maire est aussi le président, sa gestion des travaux de reconstruction des routes et des ouvrages d’art endommagés par les inondations. Certains étant, selon lui, à l’arrêt avant les nouveaux dégâts causés par la tempête Aline, le 20 octobre, ce qui « revient à avoir délibérément mis en danger la vie des populations de nos villages », avait-il déclaré à Nice-Matin.
Une note de la collectivité pouvant faire penser que, privée de certains crédits promis par l’Etat, cette dernière aurait elle-même décidé de ralentir la cadence des chantiers pour faire pression au plus haut niveau. « Tu affubles notre intercommunalité de tous les maux […] en te basant sur des documents internes obtenus frauduleusement et en leur faisant dire autre chose que ce qu’ils disent », rétorque Christian Estrosi.
« J’ai répondu à ta demande visant à reconstruire de manière définitive et prioritairement les routes de la Madonne des Fenestre ou du Boréon pour un coût de 40 millions d’euros. Elles ont pourtant été emportées. Je pourrai t’en juger responsable car, ces choix, c’est toi qui les as conseillés au détriment du cœur de village de Saint-Martin [Vésubie] mais ce n’est pas ma manière d’être », attaque-t-il en réponse.
Le scrutin de 2026 en ligne de mire
« Tu peux toujours défendre l’idée que c’est aussi le maire de Nice qui déclenche les catastrophes naturelles et porte "une lourde responsabilité" dans les orages au moment où le monde entier connaît tempête sur tempête, je crois que cela ne convainc pas », tranche aussi Christian Estrosi. Le maire demande à Éric Ciotti de « réintroduire du calme, de la raison dans [leurs] relations institutionnelles, et pourquoi pas personnelles », bien conscient que « le débat électoral viendra ». Le parlementaire ne cachant pas ses ambitions pour la mairie de Nice.
Pour les élections municipales de 2020, il s’était déjà positionné avant de finalement renoncer, les cadres de LR de l’époque appelant à l’unité et au rassemblement derrière Christian Estrosi. Passé depuis du côté de la majorité présidentielle, le futur sortant pourrait donc bien retrouver le député sur son chemin en 2026. « Mais il reste deux ans et demi » et « je compte bien les rendre utiles pour Nice, qui compte plus que toutes tes stratégies électorales destructrices », écrit le premier au second. En attendant, dit-il, « je continue pour ma part à te tendre la main ». Pas sûr qu’Éric Ciotti, qui n’avait pas répondu à cette lettre à l’heure de la publication de cet article, la saisisse, dans ce contexte.