PolitiqueA Tourcoing, l’opposition fustige la rentrée politique de Gérald Darmanin

A Tourcoing : l'opposition dénonce la « vieille politique clientéliste » de Darmanin

PolitiqueAlors que le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, organise sa rentrée politique dans son fief, à Tourcoing, l’opposition municipale critique la démarche
Gilles Durand

Gilles Durand

L'essentiel

  • Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, organise, dimanche, sa rentrée politique à Tourcoing.
  • Des élus de l’opposition municipale condamnent l’initiative, estimant qu’il s’agit d’une « vieille politique clientéliste ».

«Le Sarko-Balkanysme parfaitement maîtrisé du ministre pénalise aujourd’hui Tourcoing en faisant fi d’un réel projet politique ». Pour « Ambition commune », groupe d’opposition municipale de gauche de la ville de Tourcoing, dans le Nord, Gérald Darmanin mène une « vieille politique clientéliste ». C’est ainsi qu’est définie, dans un communiqué, la rentrée politique du ministre de l’intérieur, organisée dimanche à Tourcoing, ville dont il a été élu maire en 2020, avant de céder la place à sa co-listière Doriane Bécue.

Il est vrai que Gérald Darmanin se sent chez lui, à Tourcoing. Réélu dès le premier tour aux élections municipales de 2020 avec 61 % des voix, son groupe politique truste 46 des 53 sièges à la mairie. Ambition Commune (3 élus), EELV (2 élus) et le RN (2 élus) se partagent les miettes restantes. Mais cet état des lieux mérite d’être nuancé par le taux d’abstention record de 75 % et par les mauvais résultats de Gérald Darmanin aux législatives de 2022 sur la seule commune tourquennoise.

« Il est déjà parti faire un tour au marché »

Mais Tourcoing, le ministre y tient. Les mauvaises langues noteront que, dans son agenda ministériel, il n’hésite pas à programmer régulièrement des déplacements dans le Nord en fin de semaine pour pouvoir passer le week-end dans son fief. Et même si, visiblement, son ambition n’est plus de diriger un jour la 3e ville des Hauts-de-France, le ministre siège deux à trois fois par an au conseil municipal, organisé le samedi matin, jour de marché.

« On le voit 30 minutes, le temps de balancer quelques amabilités à l’opposition et quand on veut répondre, il est déjà parti faire un tour au marché et dans les cafés. Il s’arrange pour qu’un maximum de gens le voit », balance Katy Vuylsteker, élue écologiste EELV. Pour elle aussi, la « réunion de notables, organisée dimanche, est une instrumentalisation des Tourquennois utilisés comme décor et figurants ».

D’autant que le jardin botanique, qui accueillera l’événement, risque d’être privatisé pour l’occasion. « Ça va priver les habitants d’un espace de loisirs alors que le ministre a les moyens de louer une salle privée », dénonce-t-elle. Pourtant, Gérald Darmanin semble vouloir faire des classes populaires et des problèmes sociaux son nouveau cheval de bataille, comme il l’exprime dans une interview parue ce vendredi dans La Voix du Nord.

« Les acteurs sociaux n’ont jamais augmenté à Tourcoing »

« Dimanche, je dirai que la question sociale est essentielle. (...) Je me sens légitime pour lever le doigt et dire qu’il faut s’occuper de la marmite sociale qui bout », souligne le ministre. Des propos qui exaspèrent Olivier Masson, porte-parole du groupe « Ambition commune ». « Il ne cesse d’évoquer sa proximité avec les classes populaires alors que les financements pour les acteurs sociaux n’ont jamais augmenté à Tourcoing depuis qu’il a été élu maire. En plus, le taux de pauvreté ne cesse d’augmenter dans la commune* », glisse l’opposant de gauche.

Néanmoins, la maire de Tourcoing, Doriane Bécue estimait, en 2021, sur BFMTV, que Géarld Darmanin, ministre, était « une chance pour la ville ». « Quand on a des dosseirs compliqués, on demande l'aide de l'Etat et il y toujours une écoute auprès de Gérald. il est toujours de bon conseil et présent pour sa ville », assure-t-elle.

Toujours est-il que le dialogue social avec les agents municipaux semble également compliqué. En juillet, toutes les instances syndicales ont boycotté une réunion avec la mairie, selon nos informations. « Il se sert de la ville comme d’un marchepied pour ses ambitions présidentielles, regrette Olivier Masson. Ce champion du mélange des genres a depuis longtemps rompu les digues séparant le populaire du populisme. »

* Selon l'Observatoire des inégalités, il était de 25 % en 2014 et de 27% en 2020.