Macron à Marseille : Trois jours dans son « laboratoire » pour parler « concret »
OLYMPIQUE de Macron•Le président de la République vient dans la préfecture des Bouches-du-Rhône pour lancer une nouvelle étape du plan « Marseille en grand »Rachel Garrat-Valcarcel
L'essentiel
- A partir de lundi, Emmanuel Macron va passer trois jours à Marseille pour suivre le plan « Marseille en grand », qu’il a lancé il y a deux ans.
- La séquence s’annonce très concrète. Le président veut « illustrer » sa manière de voir les politiques publiques.
- De quoi aussi illustrer le mantra des « résultats » et du « concret » du gouvernement actuellement.
Ce n’est pas banal, et l’Elysée insiste bien pour le signaler : Emmanuel Macron sera en visite trois jours à Marseille, de lundi à mercredi. Une visite présidentielle aussi longue en région, dans l’Hexagone, c’est rarissime, pour ne pas dire inédit. Le seul précédent qui apparaît, c’est une autre visite de trois jours. Déjà d’Emmanuel Macron. Et déjà à Marseille, début septembre 2021, pour présenter le plan « Marseille en grand ». On connaît bien, désormais, l’affection que le président, malgré ses origines picardes, porte à Marseille, et pas seulement à son club de football. Mais quel est l’intérêt, aujourd’hui, d’une telle visite pour Emmanuel Macron ?
D’abord répondre à un engagement : le chef de l'Etat avait dit qu’il viendrait faire le point avant la fin du premier semestre 2023, « et nous y sommes », constate l’Elysée, l’œil sur l’agenda. « Il vient pour voir l’état d’avancement du plan, ce qui traîne, ce qui avance, mettre un coup de pression », croit le député macroniste Lionel Royer-Perreaut. Il faut dire que les problèmes ne manquent pas dans cette ville « structurellement pauvre », pour reprendre les mots du député : le plan Marseille en grand s’intéresse aux transports, à l’emploi, au logement, à l’école, à la santé et à la sécurité. Tout un programme. Après « le rattrapage », l’Elysée fait comprendre qu’Emmanuel Macron a toujours « des ambitions » pour Marseille. Il doit faire des annonces pour un « acte II » du plan, toujours dans l’objectif de « changer la vie quotidienne des Marseillais ».
« Délivrer »
L’Elysée ne fait pas de lien direct entre cette visite à Marseille et les « 100 jours » lancés par le président Macron mi-avril, pour sortir de la crise des retraites. Mais quand la présidence de la République parle de « changer la vie quotidienne des Marseillais », cela sonne aux oreilles des observatrices et observateurs attentifs de la vie politique. Car on est en plein dans le champ lexical des mantras actuels de l’exécutif : il faut du concret pour les citoyennes et les citoyens. Il faut des résultats. Il faut « délivrer ». Un anglicisme difficilement compréhensible par le commun des mortels, que l'on pourrait traduire par « tenir ses promesses ».
D’ailleurs, niveau promesses, « tout a été tenu, et ce qui n’est pas encore réalisé est conforme au calendrier », assure l’Elysée. Revenir à Marseille pour parler de « Marseille en grand » permet au président de la République d’être dans le très concret. L’état de dégradation sur le plan des écoles ou du logement, par exemple, fait qu’une éventuelle amélioration sera peut-être plus rapidemment visible qu’ailleurs. L’Elysée l’a bien compris : la visite « sera aussi l’occasion d’essayer de montrer comment, au travers du plan Marseille en grand, on est en capacité de transformer la vie d’un quartier ; comment l’action du plan du président de la République a permis déjà de changer les choses ».
« C’est lui »
A Marseille, Emmanuel Macron veut « prendre du temps ». D’où ces trois jours, afin d'« illustrer » ce « laboratoire de sa vision des politiques publiques » qui a vocation à irriguer le territoire entier. Ce voyage en concrétude est sans doute un passage nécessaire après des mois embourbés dans la crise de la réforme des retraites, et tout occupé qu’il est sur la scène internationale. Qu’on se rassure, l’Elysée précise bien qu’Emmanuel Macron n’a pas attendu cette nouvelle visite à Marseille pour suivre le dossier Marseille en grand. Le Palais la joue modeste en répétant plusieurs fois que rien n’aurait été possible sans l’engagement et « la parfaite cohésion » des différentes collectivités locales ( « seuls » 5 des 15 milliards de Marseille en grand viennent directement de l’Etat). Il parle même de « succès partagé ».
Mais « succès partagé » bien ordonné commence par soi-même : « C’est bien un succès partagé au sens où c’est le président de République qui a impulsé clairement ce plan, explique l’Elysée. C’est lui qui l’a initié, c’est lui qui l’a voulu. C’est lui qui a pris des engagements. C’est lui qui s’assure de la traduction de ces engagements. C’est lui qui est en partie responsable de la réussite de ce plan. » Bref, « c’est lui ».
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