VotéLa relance du nucléaire votée à l’Assemblée, sans la réforme de la sûreté

L’Assemblée nationale adopte en première lecture le projet de loi de relance du nucléaire

VotéLe projet a toutefois été amputé de la réforme de la sûreté vivement critiquée jusque dans la majorité
20 Minutes avec AFP

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C’est une respiration pour le gouvernement après les turbulences engendrées par la réforme des retraites. Avec le soutien de LR, du RN et de communistes, l’Assemblée nationale a largement adopté mardi en première lecture le projet de loi de relance du nucléaire, amputé de la réforme controversée de la sûreté.

Soutenu à une très large majorité au Sénat fin janvier, le texte doit poursuivre son parcours parlementaire avec un compromis entre députés et sénateurs en commission mixte paritaire ou lors d’une deuxième lecture. Technique, ce projet de loi réduit les procédures et les délais pour concrétiser les promesses d’Emmanuel Macron de bâtir six nouveaux réacteurs EPR à l’horizon 2035, et lancer des études pour huit d’autres. Il est limité aux nouvelles installations situées sur des sites nucléaires existants ou à proximité.

Pour « atteindre la neutralité carbone », il ne faut « plus avoir le nucléaire honteux » : tel est le slogan des députés macronistes comme la rapporteure Maud Bregeon, ancienne d’EDF, qui a ferraillé contre EELV et les insoumis, favorables à la sortie de l’atome et au passage aux 100 % renouvelables à partir de 2045. « Que valent les risquent », les « tonnes de déchets ? », a rétorqué la LFI Anne Stambach-Terrenoir, avant d’insister sur la fissure « importante » révélée récemment dans la tuyauterie d’un réacteur de la centrale de Penly (Seine-Maritime). Le groupe socialiste a voté contre aussi, même s’il « ne fait pas partie des formations politiques antinucléaires », selon Marie-Noëlle Battistel.

Gage de « souveraineté »

En pleine crise énergétique, une majorité de l’hémicycle soutient le nucléaire, « décarboné » et gage de « souveraineté ». Le Rassemblement national a voté le texte, « bien qu’insuffisant », en s’attaquant aux « écologistes bornés ». Le patron des députés Les Républicains Olivier Marleix a loué un « revirement politique espéré » par la droite. Mais « beaucoup de questions » restent « en suspens », met-il en garde, sur l’usage de l’électricité, les technologies et les « acteurs du nouveau nucléaire ».

Dans le sillage du Sénat, l’Assemblée a fait sauter l’objectif de réduction à 50 % de la part de l’énergie nucléaire dans le mix électrique français d’ici à 2035, un « verrou » introduit sous la présidence de François Hollande. Agnès Pannier-Runacher ne veut « ni plafond ni plancher » sur le sujet, alors que l’énergie nucléaire représente environ 70 % de la production d’électricité habituellement, mais seulement 63 % en 2022 en raison des arrêts de plusieurs réacteurs pour corrosion.

Les députés ont aussi validé un durcissement des peines en cas d’intrusions dans les centrales, sous les protestations de la gauche, qui redoute un frein aux actions militantes antinucléaires.

Echec sur la sûreté

Durant les débats, le gouvernement a été mis en échec sur son projet de réforme de la sûreté, objet de vives critiques jusque dans son camp. L’exécutif voudrait fondre l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), expert technique, au sein de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), le gendarme des centrales. Mais les députés ont voté pour préserver « l’organisation duale » actuelle.

Le gouvernement n’entend pas pour autant désarmer et pourrait remettre le sujet sur la table durant la suite de la navette parlementaire. « C’est un match en plusieurs sets et nous avons gagné la première manche », prévient François Jeffroy, représentant de l’intersyndicale de l’IRSN, qui a déjà organisé plusieurs journées de grève et reste « mobilisée. »

Ce texte fait suite à une loi d’accélération des énergies renouvelables, adoptée en février, et précède une loi de programmation pluriannuelle de l’énergie, attendue au mieux cet été. Les oppositions critiquent un « saucissonnage. »