Réforme des retraites : Ambiance, suspense, rythme… Assemblée VS Sénat, le grand match
PARLEMENTICO•Après un examen chaotique à l’Assemblée nationale, le projet de réforme des retraites est actuellement débattu au Sénat. L’occasion de comparer les parlementaires des deux ChambresThibaut Le Gal
L'essentiel
- La réforme des retraites entame sa deuxième semaine d'examen au Sénat.
- Après des échanges houleux à l'Assemblée nationale, le texte est débattu de manière bien plus feutrée au palais du Luxembourg.
- Ambiance, suspense, rythme... 20 Minutes fait le match entre les deux Chambres parlementaires.
Au Sénat,
Sous les dorures et les imposantes statues de marbre, les sénateurs ont poursuivi ce lundi l’examen de la réforme des retraites. Une seconde semaine de travail qui a débuté par la question des séniors au chômage. A la veille d’une grande journée de mobilisation contre le texte gouvernemental, l’ambiance était toujours aussi feutrée dans l’hémicycle. On était loin, bien loin des affrontements chaotiques qui ont récemment transformé l’Assemblée nationale en tranchées. Mais ce n’est pas la seule différence entre les deux Chambres parlementaires. Sénat VS Assemblée, 20 Minutes fait le match.
Ambiance : avantage Sénat
« Le bruit de fond est tout de même assez gênant… », souffle au micro la sénatrice communiste Laurence Cohen. Il faut pourtant bien tendre l’oreille, ce lundi matin, pour entendre les bavardages dans les travées. Car sinon, les sénateurs se tiennent à carreau sur leur siège rouge. Et le ton ne monte pas beaucoup quand ils prennent la parole. « Encore une fois, monsieur le ministre, tel Sisyphe, nous allons tenter de vous convaincre… » s'amuse, d’une formule toute sénatoriale, le communiste du Nord Éric Bocquet.
De temps à autre, quelques piques, comme celle de Yan Chantrel, réveillent un peu l’hémicycle. « Monsieur le rapporteur, vous auriez dû renommer cet amendement, l’amendement Medef. Pourquoi donc des exonérations de cotisation familles ? Quel rapport avec l’emploi des séniors ? », raille le socialiste. « Cette remarque est désobligeante et déplacée, ça ne vous grandit pas… », réplique-t-on à droite. Et c’est à peu près tout. D'autant que sur son perchoir, le président du Sénat, Gérard Larcher, toujours affable, veille au grain. Rien de comparable, donc, avec les invectives, interruptions de séances et autres controverses des collègues députés. Le point va au Sénat.
Suspense : avantage Assemblée
Cette courtoisie n’est probablement pas étrangère au faible taux de journalistes présents ce lundi. Salle des conférences, les médias ne sont pas nombreux pour accueillir les sénateurs qui viennent passer une tête. Incomparable avec les embouteillages de caméras et de micros, salle des Quatre colonnes, pour l’examen du même projet de loi au Palais-Bourbon.
En tribune, seule une poignée de journalistes écoute de manière studieuse. Un de nos voisins finit d'ailleurs par lâcher son stylo pour jouer à Candy Crush sur son smartphone. Il faut dire que le suspense n’est pas vraiment au rendez-vous. Il n'y a pas, ici, d'absence de majorité absolue comme à l’Assemblée, ni les « coups » stratégiques du RN et de LFI (ils n’ont aucun élu au Sénat) qui mettent un peu de piment dans la marmite. Au palais du Luxembourg, la large majorité de droite écrase les votes. Avantage Assemblée.
Taux de présence : égalité
Ce lundi, l’hémicycle du palais du Luxembourg n’est qu’à moitié rempli. Mais globalement, depuis le début de l'examen du texte, le taux de présence est peu ou prou le même que lors des séances publiques au sein de l’Assemblée nationale. Match nul.
Rythme parlementaire : avantage Sénat
Lentement, mais sûrement. Après un peu plus d’une semaine d’examen, le Sénat a déjà quelques votes dans sa besace : la fin des régimes spéciaux ou la création de l’index sénior. Peu avant midi, les élus valident aussi une proposition de LR pour créer un CDI « séniors » visant à inciter leur embauche en entreprise. « Nous ferons tout pour que la réforme puisse être adoptée », a répété dimanche le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau.
La majorité de droite et le gouvernement sont bien aidés par l’attitude de la gauche, qui a tenu à se distinguer de la stratégie de La France insoumise à l’Assemblée. Les sénateurs socialistes, communistes et écologistes ont ainsi opté pour une forme d’obstruction cordiale, en ne déposant pas plus de 1.500 amendements, contre près de 18.000 pour leurs collègues. Ils souhaitent pouvoir débattre du fameux article 7 sur l’âge de départ à 64 ans avant la fin de l’examen du texte, le 12 mars prochain.
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