Afrique : La tournée d’Emmanuel Macron se poursuit au Gabon, au Congo et en RDC
opération séduction•Le président français veut tourner définitivement la page de la « Françafrique », avec ses pratiques opaques et ses réseaux d’influence hérités du colonialisme20 Minutes avec AFP
Coup d’accélérateur à la tournée africaine d’Emmanuel Macron. Ce vendredi, le président français va rencontrer successivement ses homologue angolais Joao Lourenço à Luanda, puis congolais Denis Sassou Nguesso à Brazzaville, avant de rejoindre dans la soirée Kinshasa, dernière étape de sa tournée. Le chef de l’Etat, soucieux de diversifier les liens de la France avec le continent, a multiplié les déplacements dans les pays non francophones depuis son premier mandat.
Trois capitales en quelques heures pour une « nouvelle relation » avec l’Afrique. Avec toujours le même fil rouge : tourner définitivement la page de la « Françafrique », avec ses pratiques opaques et ses réseaux d’influence française hérités du colonialisme, et mettre en place un nouveau « logiciel », reposant sur « l’humilité » et des partenariats pragmatiques, de la protection de l’environnement à la santé. « Cet âge de la Françafrique est bien révolu », a-t-il lancé jeudi depuis Libreville, qui a longtemps incarné ces dérives sous la présidence d’Omar Bongo.
La souveraineté agricole en Angola
A Luanda, un accord de coopération doit être conclu pour renforcer la filière agricole de ce pays et diversifier son économie, très centrée sur la production pétrolière. L’Angola, qui importe une grande partie de ses produits alimentaires, veut renforcer sa « souveraineté » en la matière et « trouver de nouvelles ressources de revenus dans le domaine agricole », souligne la présidence française. La France peut apporter un « savoir-faire » pour une filière de la production à la transformation et la commercialisation, ajoute-t-elle.
Le président français sera accompagné de représentants de grands groupes céréaliers, de spécialistes du développement d’infrastructures comme Meridiam et de Total qui est présent en Angola dans la production d’hydrocarbures mais aussi dans l’hydroélectricité.
Droits humains au Congo
Emmanuel Macron s’arrêtera ensuite quelques heures à Brazzaville où Denis Sassou Nguesso règne d’une main de fer depuis près de 40 ans, une rencontre qui risque là aussi d’apparaître à contrecourant de son nouveau logiciel.
A la veille de son arrivée, des organisations congolaises de défense des droits de l’homme ont exposé leurs préoccupations et demandé au président français de les relayer. Elles ont notamment plaidé pour la libération du général Jean-Marie Michel Mokoko et d’André Okombi Salissa. Respectivement ancien chef d’état-major des armées et ex-ministre, ces deux personnalités ont été condamnées à 20 ans de prison ferme après la présidentielle de 2016 qu’elles ont perdue et contestée.
Santé et culture en RDC
Emmanuel Macron rejoindra ensuite la République démocratique du Congo, ex-colonie belge sur l’autre rive du fleuve Congo, pour une visite axée sur la coopération en matière de santé et culturelle. Il visitera samedi l’Institut national de recherche biomédicale et y rencontrera le professeur Jean-Jacques Muyembe, à l’origine de la découverte du virus Ebola. Il rencontrera aussi des artistes et des entrepreneurs du monde de la culture et de la création.
Cette étape peut s’avérer délicate alors que la France est accusée en RDC de soutenir le Rwanda plutôt que Kinshasa, confronté à une rébellion dans l’est du pays. Quelques dizaines de jeunes, brandissant des drapeaux russes, ont manifesté contre sa venue mercredi à Kinshasa. Jeudi, une petite dizaine d’entre eux a brûlé un drapeau de la France devant l’Institut français à Goma dans l’est du pays, a constaté un correspondant de l’AFP.