PAIN SUR LA PLANCHECes personnalités politiques attendues au tournant en 2023

Ces personnalités politiques attendues au tournant en 2023

PAIN SUR LA PLANCHEAu gouvernement ou dans l’opposition, plusieurs politiques jouent gros cette année
Rachel Garrat-Valcarcel

Rachel Garrat-Valcarcel

L'essentiel

  • Après une année électorale intense, l’année 2023 n’a pas de scrutin direct à l’agenda (pour l’instant).
  • Mais plusieurs personnalités politiques ont un peu de pain sur la planche cette année.
  • Etat des lieux pour cinq de ces personnalités qui jouent cette année à quitte ou double.

Sous le sapin, certaines personnalités politiques ont reçu plus de devoirs que de cadeaux pour commencer 2023. Même s’il n’y a que des élections sénatoriales cette année, les défis sont nombreux alors que l’Assemblée sans majorité laisse chacun sous la menace d’une dissolution qui peut arriver à tout moment. 20 Minutes s’est penché la situation de cinq ministres ou parlementaires qui jouent gros cette année, parfois même dès les prochaines semaines.

Olivier Faure, sauver sa peau (litique)

Pour le premier secrétaire du PS, l’année commence sur les chapeaux de roues. Le congrès du parti a lieu à la fin du mois de janvier, à Marseille, et le vote des militants dès le 12 janvier. A la tête du parti depuis 2018, Olivier Faure défend l’alliance avec la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes), soit avec les écologistes, les communistes et surtout les insoumis. C’est là que le bât blesse pour une partie des socialistes, dont le nez se tord à chaque fois qu’un LFI bouge une oreille.

S’il veut sauver sa place, Olivier Faure doit convaincre que l’aspiration à l’unité de l’électorat de gauche prime et que le PS finira par tirer son épingle du jeu. Mais pour les opposants et opposantes au député de Seine-et-Marne, c’est à cause de lui que le PS est tombé sous la barre des 2 % à la présidentielle. A quelques jours du vote, Olivier Faure apparaît néanmoins comme le favori du congrès, mais sans assurance. Une chose est certaine : s’il perd, ce sera, à n’en pas douter, le début de la fin de la Nupes.

Elisabeth Borne, négociatrice en chef

Si l’automne a été moins compliqué que prévu pour Elisabeth Borne qui n’a pas hésité à user de son droit au 49.3 pour faire adopter son budget, les mois à venir s’annoncent beaucoup plus rudes puisque cet article ne peut pas être dégainé aussi facilement pour le reste du programme. Cela ne veut pas forcément dire que le blocage parlementaire tant redouté se profile inexorablement, mais c’est maintenant que la cheffe du gouvernement doit montrer ses compétences tant vantées de négociatrice.

Si le gouvernement peut espérer compter sur Les Républicains pour la loi de programmation nucléaire ou pour celle sur l’immigration – les deux plus gros morceaux à venir –, son nouveau président, Eric Ciotti, voudra probablement y mettre sa patte. Surtout, le parti de droite ne voudra pas apparaître comme un supplétif automatique du gouvernement. Hors du parlement, si l’hiver est socialement chaud, il faudra gérer les manifestations contre la réforme des retraites. S’il est climatiquement froid, il faudra gérer les délestages électriques. Si c’est les deux en même temps, les qualités de négociatrices d’Elisabeth Borne ne suffiront peut-être pas.

Amélie Oudéa-Castéra, gare aux revers

Etre ministre des Sports n’est généralement pas le poste le plus en vue du gouvernement. Mais pour les deux prochaines années au moins, ça va changer : en plus des traditionnels Roland-Garros et Tour de France – deux des plus gros évènements sportifs mondiaux – la France va accueillir cette année les championnats du monde de ski alpin (en février, à Méribel et Courchevel) et surtout la Coupe du monde de rugby à la rentrée. Une année chargée alors que Paris sera aussi dans la dernière ligne droite de la préparation des Jeux olympiques et paralympiques de 2024 : la France n’a pas le droit à l’erreur.

Or, Amélie Oudéa-Castéra, venue de la Fédération française de tennis, est sous pression. Ces dernières semaines, elle s’est largement fait balader par deux des principaux présidents de fédération. Bernard Laporte, président de la Fédération française de rugby, condamné en décembre pour corruption, a refusé de démissionner comme le lui demandait la ministre, ne consentant qu’à une « mise en retrait ». Côté football, Amélie Oudéa-Castéra a diligenté une enquête sur le management de la FFF et de son président Noël Le Graët, après des révélations de So Foot. Leurs relations sont délétères et les tacles sont décollés : « On n’a aucune divergence puisqu’on ne se parle pas beaucoup. Donc c’est bien », avait taclé Le Graët pendant la Coupe du monde.

Olivier Dussopt, sur tous les fronts

Il est moins en vue que Bruno Le Maire, à l’Economie, ou Gérald Darmanin, à l’Intérieur, mais Olivier Dussopt, ministre du Travail, est un de ceux qui a le plus charbonné depuis le début du second mandat d’Emmanuel Macron. Déjà à la manœuvre sur la réforme de l’assurance chômage, c’est lui qui doit mener la réforme des retraites à son terme. Il est aussi au front sur la loi immigration, qui comporte un large volet sur l’immigration de travail pour certains métiers « en tension ».

Ce transfuge du Parti socialiste sera frontalement opposé à ses anciens amis de gauche et devra trouver un terrain d’entendre avec la droite : pas simple. Cependant, comme la réforme des retraites devrait passer par un projet de loi de finance de la Sécurité sociale rectificatif, Olivier Dusspot pourrait faire usage à l’envi du 49.3. Cet article permet au gouvernement de faire passer un texte sans vote, à condition qu’une motion de censure ne soit pas adoptée dans la foulée par l’Assemblée nationale.

Mathilde Panot, gérer les égos

La présidente de la France insoumise à l’Assemblée nationale aimerait qu’on parle plus des retraites que de l’affaire Quatennens. Elle est pourtant de celles, au sein de la direction du mouvement, qui ont construit ce feuilleton, en voulant coûte que coûte organiser le retour du député condamné pour violences conjugales. Adrien Quatennens a été exclu du groupe jusqu’en avril mais son nom risque d’embarrasser les siens dès janvier. Car le député du Nord l’a annoncé : il compte bien siéger comme non inscrit.



En avril, le débat sur la réintégration du député lillois s’annonce épique : les interviews données par Adrien Quatennens depuis sa condamnation, à total rebours de la ligne du mouvement sur les questions féministes, ont mis mal à l’aise nombre de parlementaires mais aussi de militants et militantes de base, qui l’ont exprimé publiquement. Pas menacée personnellement, Mathilde Panot devra agir avec particulièrement de doigté dans cette affaire.