FAKE OFFOn a vérifié les raccourcis des vœux d’Emmanuel Macron

Guerre en Ukraine et changement climatique : Les raccourcis d’Emmanuel Macron pendant ses vœux

FAKE OFF« 20 Minutes » a vérifié des déclarations du président lors de son allocution samedi soir
Mathilde Cousin

Mathilde Cousin

L'essentiel

  • «Qui aurait imaginé » il y a un an l’invasion russe en Ukraine et la crise climatique qu’a connue la France cet été, s’est interrogé Emmanuel Macron lors de ses vœux aux Français samedi soir.
  • Les scientifiques publient pourtant depuis plusieurs années des modélisations du réchauffement climatique.
  • La Russie, elle, avait déjà amassé des troupes près de la frontière ukrainienne à la fin de l’année 2021, comme avait alerté à l’époque le secrétaire général de l’Otan.

La phrase a fait bondir les scientifiques. Lors de son allocution du 31 décembre, Emmanuel Macron a surpris, semblant découvrir l’ampleur du réchauffement climatique.

« Qui aurait imaginé à cet instant [il y a un an, le 31 décembre 2021] que, pensant sortir avec beaucoup de difficultés d’une épidémie planétaire, nous aurions à affronter en quelques semaines, d’inimaginables défis : [….] [tels que] la crise climatique aux effets spectaculaires encore cet été dans notre pays ? », a ainsi lancé le président pendant ses vœux aux Français.

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Plusieurs scientifiques ont rappelé que les travaux alertant sur le réchauffement climatique et ses conséquences sont anciens. « Le Giec avait prévenu depuis trente ans », a ainsi réagi Christophe Cassou, climatologue et un des auteurs du sixième rapport du Giec. Ce groupe d’experts publie depuis 1990 des rapports qui font autorité sur le réchauffement climatique, ses causes et ses évolutions. En mai 2021, c’est l’Organisation météorologique mondiale qui avançait qu’il existait une probabilité de « 90 % » qu’au moins une des cinq prochaines années dépasse 2016, année la plus chaude enregistrée.

Samedi soir, Emmanuel Macron s’est également félicité d’avoir « pris les décisions pour réduire de plus de moitié nos émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 » pendant que la France présidait le Conseil de l’Union européenne entre janvier et juin 2022. Si le président a effectué ici un raccourci en attribuant à la France le succès d’échanges impliquant plusieurs acteurs de l’UE, il n’a pas précisé comment cet objectif, plus ambitieux que la stratégie bas carbone adoptée par la France, serait atteint. Le Haut Conseil pour le climat avait appelé l’année dernière à un « sursaut », car « des risques majeurs de ne pas atteindre les objectifs fixés par la France pour la réduction des gaz à effet de serre persistent ».



Lors de son allocution, le président est revenu sur la guerre en Ukraine, avançant là encore que l’invasion russe était difficilement envisageable à la fin de l’année 2021. La tension était pourtant déjà élevée à cette période. Le 20 novembre, Kyrylo Boudanov, le directeur de l’agence ukrainienne de renseignement militaire, affirmait que la Russie avait amassé 92.000 soldats aux frontières de l’Ukraine et que le pays préparait une attaque pour fin janvier ou début février.

Fin novembre, le secrétaire général de l’OTAN avait également alerté sur une concentration de troupes russes à la frontière, tandis que les Etats-Unis ont multiplié les mises en garde pendant les derniers mois de l’année. Emmanuel Macron lui-même, en novembre, avait exprimé à Vladimir Poutine sa « profonde inquiétude sur les évolutions de la situation ukrainienne » et l’avait encouragé à faire baisser les tensions, qui étaient déjà montées au printemps 2021 avec des mouvements de troupes russes près de l’Ukraine.