POLITIQUEQui est Aurélien Pradié, le troisième homme qui brigue la présidence de LR

Les Républicains : Qui est Aurélien Pradié, le troisième homme qui brigue la tête de LR ?

POLITIQUEIl est de loin le plus jeune, mais aussi le moins connu du trio de candidats qui briguent la présidence de LR ce week-end. Portrait d’Aurélien Pradié, coutumier des surprises électorales et qui surfe sur d’autres thèmes que ses adversaires
Hélène Ménal

Hélène Ménal

L'essentiel

  • Les militants du parti Les Républicains se choisiront un nouveau leader ce week-end.
  • Face à Eric Ciotti et à Bruno Retailleau, Aurélien Pradié fait figure d’outsideur.
  • A 36 ans, le député du Lot a déjà l’habitude de créer la surprise là où on ne l’attend pas.
  • Chéri sur ses terres, rugueux avec ses adversaires, le candidat d’origine modeste choisit la difficulté en poussant des thèmes sociaux, et rêve d’une droite qui redeviendrait populaire.

Il estime qu’on « perd du temps à faire semblant ». Or, Aurélien Pradié est plutôt habitué à brûler les étapes. A 22 ans, il a été élu, contre toute attente et contre son ancien instituteur, conseiller général du Lot après une campagne à mobylette restée dans les annales. A 24 ans, il s’est emparé de l’écharpe de maire dans sa petite commune de Labastide-Murat. A 31 ans, il est devenu député du Lot, après avoir sillonné des Causses ancrés à gauche, en Méhari verte cette fois. A 36 ans, le voilà lancé à la conquête de son parti. Trop pressé ? Certains chez LR ne sont pas loin de le penser à propos de ce challengeur élancé qui « a tendance à considérer comme vieux tous les gens qui ont plus de 40 ans ». Les plus dubitatifs ou méchants l’enferment dans ce jeunisme en le surnommant « le prof de surf », allusion à ses escapades, le plus souvent possible, sur la Côte atlantique. « Je ne suis pas énarque, alors les énarques se moquent, constate l’intéressé. Mais le juge de paix, ce sont les élections. J’ai été réélu député l’année dernière avec 65 % des voix quand beaucoup d’entre eux rentraient chez eux ».

A défaut d’ENA, Aurélien Pradié a choisi de faire du droit à Toulouse. Jean-Luc Moudenc (ex-LR), le maire de la Ville rose, se souvient de « ce militant, un garçon très sympa, et pas très, très motivé par ses études ». Il ne les a pas terminées d’ailleurs. L’édile se rappelle en revanche avec quelle « passion » et quelle fierté, le très jeune maire l’a invité dans le Lot quelques années plus tard pour lui faire visiter une maison pluridisciplinaire de santé. « Il a toujours eu cet attrait pour tout ce qui touche au social, cette attention pour les plus modestes », souligne le Toulousain.

Des épreuves marquantes

Car ce fils de petits négociants en noix ne renie ni ses origines, ni ses cicatrices. Le surf, c’est aussi une façon pour lui de revenir aux vacances en famille et « aux années d’enfances heureuses ». Elles se sont arrêtées net quand il avait 16 ans, le jour où son père a été terrassé par un AVC. C’est parce qu’il a passé plus de « la moitié de [sa vie] avec un père muet », cloué dans un fauteuil, qu’Aurélien Pradié a toujours porté le thème du handicap dans son action politique. Celui des violences conjugales, dont il s’est emparé à l’époque où l’on en parlait peu chez LR, est le fruit de son expérience d’élu. Quelques jours après s’être assis dans son fauteuil de maire, une administrée est venue lui demander de l’aide. « Mon mari va finir par me tuer », lui a-t-elle lancé. « C’était la mère d’un ami d’enfance, jamais je n’aurais soupçonné une telle chose et je me suis promis de porter ce combat », raconte le député du Lot.



Cette capacité à partager les épreuves de ses concitoyens a « séduit d’emblée » Brigitte Rivière, la suppléante d’Aurélien Pradié depuis neuf ans. « Il a une vraie sincérité et une vraie proximité avec les Lotois qui pour la plupart l’appellent par son prénom », relate la médecin sexagénaire, admirative de « l’intensité du travail » et de « l’épaisseur » prise par son jeune député entre deux campagnes législatives ;

« Je ne suis pas faux cul »

« C’est vrai qu’il est devenu brillant à l’oral », constate aussi Jean-Luc Moudenc qui a côtoyé le trentenaire pendant la dernière campagne des régionales en Occitanie. Une autre campagne perdue d’avance et qu’il a, une fois n’est pas coutume, bel et bien perdue face à Carole Delga. « Il le savait, mais il y est allé pour sa famille, pour ses convictions, avec du courage », relève le maire de Toulouse. Il y a aussi puisé l’occasion de travailler sa notoriété hors du Lot. Et de peaufiner un punch d’écorché vif qu’il réserve à ses adversaires. « Il peut être rugueux, parfois cassant, reconnaît un cadre de LR et cela peut nuire à sa capacité à fédérer derrière lui ». « Disons qu’il ne se perd pas en circonvolutions. Il ne ment pas, il ne trahit pas, ce n’est pas si fréquent », le défend Brigitte Rivière. « Je ne suis pas faux cul, je n’ai pas envie de sourire devant et de planter dans le dos », assume le député.

Il dit les choses, quitte à envoyer balader son interlocuteur, y compris quand il s’agit de Jean Castex tentant de le convertir au macronisme en privé dans un bureau de Matignon. Il raconte souvent cette anecdote dans les repas, à dessein sans doute, pour bien signifier qu’il ne sera jamais tenté de basculer dans le camp présidentiel. Pas inutile pour soigner sa droite auprès de militants LR déboussolés. Admirateur de Chirac et Séguin, Aurélien Pradié choisit la difficulté en poussant des thèmes sociaux quand ses rivaux surfent plutôt sur l’immigration et l’insécurité. « Je suis très ferme ces questions-là aussi mais si l’on veut redevenir une droite populaire, il faut aussi parler des autres blessures », assène celui qui ne cache rien des siennes.