migrantsLa France critique encore l'Italie sur la gestion de l'Ocean Viking

Ocean Viking : La France « demande à l’Europe de se prononcer » à l’égard de l’Italie

migrantsLa gestion de l'Ocean Viking, avec 230 réfugiés à bord, n'en finit plus de créer des tensions entre la France et l'Italie
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

La France a demandé « à l’Europe de se prononcer très rapidement sur les suites à donner » au refus de l’Italie d’accueillir le navire Ocean Viking et ses 230 migrants à bord, a indiqué dimanche le porte-parole du gouvernement Olivier Véran.

Vendredi, le bateau ambulance de l’ONG SOS Méditerranée opérant au large de la Libye a débarqué en France des rescapés, une première. Un accueil exceptionnel, par « devoir d’humanité », selon le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, le droit maritime prévoyant en principe que ce débarquement ait lieu plus près de la zone de secours, entre Libye et Italie.

L'Italie et ses responsabilités

Olivier Véran a critiqué à nouveau dimanche sur BFMTV le refus de l’Italie de l’accueillir, « une décision unilatérale, inacceptable (…) qui appelle des réponses européennes ». « La première réponse était humanitaire, c’est fait » depuis l’accostage vendredi du bateau à Toulon, a-t-il poursuivi.

Et « la deuxième réponse, c’est rappeler les obligations » de l’Italie, « et si elle refusait, envisager toute mesure utile ». « L’heure, et nous l’avons fait, est à ce que la France demande à l’Europe de se prononcer très rapidement sur les suites à donner », a ajouté Olivier Véran, alors que « l’Italie se défausse de sa responsabilité sur ses voisins et ses amis français ».

Embrouille franco-italienne

Jeudi, en annonçant la décision de laisser accoster l’Ocean Viking Gérald Darmanin avait indiqué qu’en guise de rétorsion, la France suspendait avec « effet immédiat » l’accueil prévu de 3.500 migrants actuellement en Italie. Quelque 500 d’entre eux devaient arriver d’ici la fin de l’année, a précisé Olivier Véran.



La cheffe du gouvernement italien d’extrême droite Giorgia Meloni avait-elle dénoncé une réaction française « agressive (…) et injustifiée », rappelant que son pays a accueilli près de 90.000 migrants depuis le début de l’année. L’Italie souligne que si plusieurs pays se sont engagés depuis juin à recueillir 8.000 d’entre eux pour aider Rome, seuls 117 ont été effectivement relocalisés depuis juin.

Interrogé sur la différence de traitement par rapport à l’Aquarius, ancien navire de SOS Méditerranée qui avait fini par accoster en Espagne il y a quatre ans, Olivier Véran a souligné que depuis, « nous avons eu cet accord de répartition des migrants » et « chaque pays européen s’est engagé ».

Mécontement de Gérard Collomb

Actuellement placés dans un centre à Hyères (Var) transformé pour l’occasion en zone d’attente internationale fermée et sécurisée, 190 de ces rescapés ont commencé à être entendus par les personnels de l’Office français pour la protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra) sur leur demande d’asile, a indiqué la préfecture du Var. Deux sont hospitalisés.

La Croix-Rouge les aide par ailleurs à reprendre contact avec leur famille. Dimanche, plusieurs députés et sénateurs ainsi que des représentants du barreau de Toulon ont visité le centre, selon la préfecture, des associations ayant regretté que ces exilés soient placés en centre fermé. En tout, deux tiers des migrants de l’Ocean Viking quitteront la France pour être relocalisés dans onze pays.

De son côté, l’ancien ministre de l’Intérieur Gérard Collomb a dénoncé dans Le Point l’ouverture d’une « brèche, créant un précédent » avec l’accostage de l’Ocean Viking à Toulon. « Pour moi, cela ne peut qu’encourager les réseaux de passeurs pour qui les migrants sont une source de gains considérables (…) », a-t-il estimé.

Gérard Collomb, qui avait démissionné en octobre 2018 après avoir déclaré sa candidature à la mairie de Lyon, affirme avoir quitté le gouvernement à l’époque pour protester contre la création éventuelle de « centres contrôlés » de migrants à Toulon ou Marseille.