SCRUTINQuels défis pour Jordan Bardella, nouveau président du RN ?

Dédiabolisation, finances, renouvellement… Quels défis pour Jordan Bardella, nouveau président du RN ?

SCRUTINElu à 84,84 % président du RN samedi dernier, l’eurodéputé a plusieurs défis à relever dans les prochains mois
Thibaut Le Gal

Thibaut Le Gal

L'essentiel

  • Jordan Bardella a succédé samedi à Marine Le Pen à la tête du Rassemblement national.
  • Son mandat débute sur fond de polémiques, qui mettent à mal la stratégie de dédiabolisation entreprise par Marine Le Pen depuis plusieurs années.
  • Ligne politique, finances du parti, renouvellement des cadres… On revient sur les trois défis qui attendent le nouveau chef du RN.

A 27 ans, il est le nouveau président du Rassemblement national. Jordan Bardella a été élu de manière écrasante (84,84 %) face à Louis Aliot, lors du congrès du parti à Paris samedi dernier. « L’accession au pouvoir de nos idées est aujourd’hui une nécessité pour le pays. Nous sommes la première force politique d’opposition à Emmanuel Macron », a jugé le successeur de Marine Le Pen, ce lundi sur RTL. Son mandat débute toutefois sur fond de polémiques à l’Assemblée nationale et de grogne interne. 20 Minutes revient sur les défis qui attendent le nouveau patron du RN.



Poursuivre la dédiabolisation

« Je dois tout à Marine Le Pen ». Lors de son discours au congrès samedi, Jordan Bardella a rendu un hommage très appuyé à l’ancienne candidate à la présidentielle. Pas étonnant de voir l’eurodéputé revendiquer la stratégie de « dédiabolisation », entreprise par Marine Le Pen, à la tête du mouvement depuis 2011. « La ligne de Marine Le Pen, c’est Jordan qui l’incarne le mieux. Lors de sa présidence par intérim, il a mené notre campagne réussie des législatives. Nous allons continuer avec lui notre évolution, notre mutation pour gagner en 2027 », assure Gilles Pennelle, directeur général du mouvement.

Mais les derniers jours ont montré que la « normalisation » restait un défi de taille pour le parti à la flamme. Vendredi, un député RN a été exclu de l’Assemblée nationale, après des propos jugés « racistes » par l’ensemble des autres groupes. Samedi, nouvelle controverse en plein congrès : Steeve Briois, maire d’Hénin-Beaumont, a accusé le nouveau président RN de mener une « purge » au sein du mouvement après son exclusion de la nouvelle instance exécutive. Ce proche de Marine Le Pen a dénoncé un « risque de re-radicalisation » du parti, et dit sa crainte de voir de nouveau « débarquer des fous furieux obsédés par l’identité » avec la prise de pouvoir de Bardella.

Faire monter une nouvelle génération

Pendant la campagne interne, Jordan Bardella a promis de faire émerger une nouvelle génération de responsables politiques au sein du RN, avec notamment la création d’une « école de cadres », pilotée par le politologue Jérôme Sainte-Marie. Le nouveau patron du parti tiendra d’ailleurs ce mercredi une conférence de presse pour présenter les nouvelles instances et l’organisation du mouvement. « Il aura pour mission la structuration du parti et son implantation sur le territoire, préparer le RN de demain avec cette volonté de faire monter de nouvelles figures », précise Gilles Pennelle.

« La victoire de Bardella porte une charge symbolique. Celle de l’avènement de la génération Marine, plus jeune et souvent sans vrai ancrage territorial, et qui n’aurait peut-être pas adhéré au Front national de Jean-Marie Le Pen », assure Jean-Yves Camus, politologue spécialiste de l’extrême droite. Au congrès du RN ce samedi, plusieurs militants jugeaient d’ailleurs leur nouveau patron capable de rassembler plus largement. « C’est un symbole pour beaucoup de jeunes. Il peut contribuer à élargir toujours plus notre base électorale, faire venir des gens de LR, qui hésitent toujours à nous rejoindre », disait ainsi David Tréca, pourtant partisan de Louis Aliot et venu de Côte-d’Or.

Assainir les finances du parti

Parmi la jeune garde propulsée au bureau exécutif, le centre décisionnaire du parti, figure le député de Moselle Kévin Pfeffer, également trésorier national du mouvement. Un poste clé alors que les finances du parti, plombées par un prêt russe, sont dans le rouge depuis plusieurs années. L’assainissement des comptes est donc un enjeu crucial pour Jordan Bardella, patron d’un parti endetté à hauteur de 22 millions d’euros. « Nous allons toucher des dotations importantes avec nos bons résultats à la présidentielle et aux législatives », défend le maire de Beaucaire et vice-président du RN, Julien Sanchez.

Entré en force à l’Assemblée nationale en juin dernier avec 89 députés, le parti devrait toucher plus de dix millions d’euros par an, soit le double de ce qu’il percevait auparavant. Mais l’argent public ne devrait être versé que l’été prochain. Pour combler le trou d’ici-là, le mouvement a lancé en septembre dernier pour la deuxième fois un « grand emprunt national » auprès de ses adhérents, espérant lever trois millions d’euros.