RéformeLe gouvernement défend son projet de loi sur l’immigration

Immigration : Le gouvernement défend son idée de titre de séjour « métier en tension »

RéformeGérald Darmanin prévoit aussi une refonte du système pour faciliter les expulsions
20 Minutes avec AFP

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Sur un fil, au beau milieu de la polémique sur les OQTF montée à partir de l’affaire Lola et entre deux bateaux de migrants perdus en mer, le gouvernement tente un numéro d’équilibriste pour faire avancer son projet de loi sur l’immigration. En témoigne une mesure phare : le titre de séjour « métier en tension », destiné à mettre fin à « l’hypocrisie » sur les travailleurs clandestins, sans créer « d’appel d’air migratoire ».

La proposition de créer ce nouveau titre de séjour, censé répondre à la pénurie de main-d’œuvre dans certains métiers, fera l’objet de concertations « dès le mois de novembre », a expliqué jeudi le ministre du Travail Olivier Dussopt, sur Franceinfo. Il s’agira notamment de réviser « pour début 2023 » la liste des métiers en tension, créée en 2008 et actualisée une seule fois, en 2021. Ce « que nous proposons, c’est de mettre fin à une forme d’hypocrisie » et permettre aux travailleurs immigrés « d’obtenir un titre de séjour dans ce cadre », a repris le ministre du Travail.

« Une partie de notre économie tourne grâce à l’immigration »

La mesure répond aussi à une logique comptable, a défendu le ministre des Comptes publics et du budget Gabriel Attal, sur Europe1 : « Nos finances publiques perdent entre 5 et 6 milliards d’euros en raison du travail dissimulé » qui concerne, « en grande partie », des « étrangers qui ne sont pas déclarés par les entreprises ».

Mais à droite et à l’extrême droite, la levée de boucliers a été immédiate, la patronne des députés RN Marine Le Pen jugeant par exemple que ce projet portait le risque d’une « aggravation des filières d’immigration clandestine ». Eric Ciotti, candidat à la présidence LR, y a vu « un message extraordinairement dangereux car il lance un appel d’air à l’immigration ».

Il s’agit plutôt d’un « bol d’air », a estimé Gabriel Attal, car « une partie de notre économie tourne aujourd’hui grâce à l’immigration ». Dans tous les cas, « ça concerne entre quelques milliers et quelques dizaines de milliers de personnes », a aussi tempéré Olivier Dussopt. « Il n’y a pas de plan caché de naturalisation ou de régularisation massive », a déminé sur BFMTV le porte-parole du gouvernement Olivier Véran.

Gérald Darmanin veut expulser les étrangers délinquants

« C’est vraiment ce qu’il faut faire, (faire) attention à ce qu’il n’y ait pas d’appel d’air », a également réagi sur CNews le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. Ce dernier a dans le même temps défendu le volet répressif des mesures, qui constitue l’essentiel du projet de loi, prévoyant notamment une refonte du système d’asile au service de l’efficacité des expulsions, après la polémique sur le meurtre de la jeune Lola, dont l’auteure présumée est visée par une OQTF (obligation de quitter le territoire français).

« Bien sûr qu’il y en a encore (des étrangers délinquants) sur le territoire, je me bats d’ailleurs pour qu’on lève les protections législatives qui empêchent que je puisse les expulser », a-t-il déclaré en évoquant le cas des personnes arrivées en France avant 13 ans. L’inscription systématique des personnes menacées d’expulsion au fichier des personnes recherchées (FPR), proposée par Gérald Darmanin, « permettra de détecter lors de tout contrôle (…) la présence d’une OQTF à exécuter », confie son entourage, expliquant que le FPR compte 240.000 OQTF cumulées mais n’est « pas à jour ».



« Ce volet répressif donne des gages xénophobes à la droite et à l’extrême droite », a jugé Jean-Albert Guidou, spécialiste immigration à la CGT. « Des mesures essentiellement répressives, qui réduiront les droits des étrangers, très loin de l’équilibre annoncé », a aussi dénoncé la directrice générale de l’association France terre d'asile, Delphine Rouilleault. Elle dénonce par ailleurs un « paradoxe » sur l’examen linguistique prévu dans la réforme : là où Gérald Darmanin vante une « révolution énorme », elle se désole que l’apprentissage du français « dès l’arrivée sur le territoire » ne soit toujours pas prévu.