PATRONLes députés macronistes restent fidèles au président... pour le moment

Macron sur France 2 : Les députés macronistes toujours derrière le président... pour le moment

PATRONLe charme d’Emmanuel Macron opère toujours sur les députés de la majorité, même s’ils ne regrettent pas tous qu’il soit davantage occupé à l’étranger que dans l’Hexagone
Rachel Garrat-Valcarcel

Rachel Garrat-Valcarcel

L'essentiel

  • Après six mois d’un début de mandat moins flamboyant que le premier, les députés et députées de la majorité sont toujours en rang serrés derrière Emmanuel Macron.
  • Ils et elles ne voient pas forcément d’un mauvais œil que le président soit accaparé par la situation internationale. Aussi bien parce qu’elle est liée à la crise inflationniste que parce qu’ils veulent profiter du temps fort du Parlement.
  • En filigrane, la fin du mandat d’Emmanuel Macron, qui ne pourra pas se représenter en 2027, est déjà dans toutes les têtes.

«J’ai toujours du temps pour parler du président, je l’aime mon président ! », clame, badin, un député Renaissance (RE) dans la salle des Quatre Colonnes de l’Assemblée. C’est sûr que quand on demande aux élus de la majorité – et surtout chez Renaissance - de parler d’Emmanuel Macron, ils ne sont pas nombreux à se faire prier. Ils seront par contre encore nombreux, ce mercredi soir, devant leur écran, pour suivre la deuxième partie de l’interview du chef de l’Etat sur France 2, dans l'émission politique L’Evènement. « On attend toujours quelque chose du président, s’enthousiasme le député RE francilien Mathieu Lefèvre. Il va nous redire sa détermination, je n'ai aucun doute là-dessus. »

« Il y a des inquiétudes, c’est normal, sur comment on va passer l’hiver, reconnaît la députée RE des Hauts-de-Seine Prisca Thevenot. J’attends de lui de la pédagogie et de la transparence dans le ton. On lui reproche parfois, d’ailleurs, mais j’espère qu’il va continuer ! » Même son de cloche du côté des alliés du MoDem, comme pour le député des Yvelines Bruno Millienne, qui va « l’écouter avec attention ». D’autant qu’il « est bon dans ce genre d’exercice, il va faire le job. » Le charme n’est donc pas rompu, malgré six premiers mois d’un second mandat moins flamboyant que le premier. « Le président de la République a démontré à quel point il protège les Français : l’inflation ici est la plus faible d’Europe », avance Mathieu Lefèvre. « Ce qui est compliqué, c’est qu’on a l’impression de ne se retrouver qu’à gérer des crises, constate Bruno Millienne. Du coup, il est plus compliqué d’insuffler un cap. Il nous faudra un moment de calme pour repartir. »

« Il fixe les lignes »

C’est ce que certains membres de la majorité attendent de cette seconde partie d’interview sur France 2. Deux semaines après les questions internationales, ce mercredi soir sera consacré aux sujets domestiques. Tout accaparé qu’il est par la situation internationale, et en premier lieu la guerre en Ukraine, Emmanuel Macron a-t-il, justement, délaissé l’intérieur ? Les députés interrogés sont unanimes pour estimer que non. Et que de toute façon, la situation à l’extérieur a des conséquences très directes à l'intérieur des frontières. « Il est toujours à la manœuvre et continue les réformes malgré la guerre en Ukraine : hier la réforme de l’assurance chômage, demain les retraites », assure Mathieu Lefèvre.

« Le président hiérarchise, c’est normal », explique de son côté le député RE des Yvelines Karl Olive. Bruno Millienne estime, quant à lui, qu’Emmanuel Macron « est toujours très vigilant sur l’interne », que « c’est lui qui fixe les lignes et ensuite, au gouvernement de gouverner ». Presque (on a dit presque) un retour à une présidence moins activiste que celle de Nicolas Sarkozy. « On n’a pas besoin d’un président qui saute sur chaque fait divers », balaye le député breton du MoDem Erwan Balanant.

Pas mécontents de la situation

Les parlementaires interrogés reconnaissent que la majorité relative impose aussi à Emmanuel Macron, d’une certaine manière, de réévaluer son rôle. « Il continue son action, mais dans des modalités politiques nouvelles », résume Prisca Thevenot. Pas un problème pour Bruno Millienne, qui croit qu’un Parlement fort, pour peu qu’on sache le « manier », « engendre un gouvernement fort et un président fort ».

Pas de regret apparent, donc, concernant ce nouveau paysage politique : « C’est l’heure du Parlement », entend-on, sans s’en plaindre. « La question n’est pas de savoir si le président s’est fondu dans ce nouveau moule, c’est comme ça », ajoute Prisca Thevenot. Patrick Vignal, député de l’aile gauche de Renaissance, va même plus loin. Pour lui, voir Emmanuel Macron se consacrer à l’international a du bon - « il peut nous aider à résoudre cette guerre ! » -, mais en plus, « il faut laisser plus de libertés à la Première ministre, une femme de gauche et désintéressée. Ce n’est pas le rôle du président d’être plus présent sur la scène intérieure. »

Un départ à la fin de ce mandat

Le président n’a été réélu qu’il y a six mois, et l’ère macronienne est loin d’être terminée. Mais il y a parfois des scènes étonnantes : ces dernières semaines, quand des hauts cadres de la majorité rencontrent des journalistes sous le sceau du secret, le nom d’Emmanuel Macron n’est pas toujours cité. Faut-il y voir une preuve de la démonétisation progressive de sa parole, lui qui ne pourra pas se représenter en 2027. Certains députés reconnaissent que ça change « forcément la donne, et ce n’est pas de son fait. Peut-être que c’est dommage », souffle l’un d’eux.



Chez les plus macronistes, qui doivent bien constater une certaine prise d’autonomie de la majorité, on laisse entendre qu’il pourrait revenir… En 2032. « Oui, mais on n’est pas en Russie », cingle un député Horizon, membre de la majorité, mais qui roule pour Édouard Philippe. Il ne faut pas y voir le début d’une fronde : au contraire, Emmanuel Macron est sans doute encore ce qui rassemble le mieux la majorité. Mais le jour où il ne sera plus là, ce sera peut-être différent.