COUP DE POMPE ?Carburants, grève, 49.3… L’exécutif sur tous les fronts cette semaine

Grève, 49.3, carburants… La semaine de tous les défis pour l’exécutif

COUP DE POMPE ?Dans un contexte de tension sociale, le gouvernement pourrait bien faire voter une première partie du budget 2023 grâce au controversé article 49.3
Thibaut Le Gal

Thibaut Le Gal

L'essentiel

  • Une semaine à hauts risques s’ouvre pour le gouvernement, avec notamment un appel à la grève interprofessionnelle mardi.
  • Emmanuel Macron a organisé ce lundi à l’Elysée une réunion d’urgence avec Elisabeth Borne et plusieurs ministres pour sortir de la crise des carburants.
  • Et dans ce contexte social tendu, le gouvernement devrait utiliser l’article 49.3 pour faire passer le premier volet du budget 2023.

Il y a des lundis où l’on se verrait bien rester au lit. Car plusieurs dossiers brûlants s’empilent sur le bureau d’Elisabeth Borne et ses ministres pour cette semaine à hauts risques. Face à la pénurie de carburant, le gouvernement a lancé de nouvelles réquisitions sur deux dépôts pour alimenter les stations-service. Très critiqué sur sa gestion de la crise, l’exécutif est désormais menacé par l’extension du conflit social, avec l’organisation mardi d’une journée de « mobilisation et grève » interprofessionnelle. Dans ce contexte bouillant, la Première ministre pourrait par ailleurs avoir recours au 49.3 pour faire adopter la partie recettes du budget 2023 au Parlement.



Une crise des carburants qui traîne

Emmanuel Macron et son gouvernement avaient annoncé un retour à la normale cette semaine, mais la situation semble loin d’être réglée, comme l’a reconnu Elisabeth Borne dimanche soir. La pénurie d’essence était même en hausse ces dernières heures, avec en moyenne plus de 30 % des stations en difficulté, selon les chiffres du gouvernement. Dans certaines régions, les automobilistes doivent encore patienter plusieurs heures avant de pouvoir faire le plein, quand ils le peuvent. Face à la poursuite de la grève dans les raffineries, le gouvernement a lancé des nouvelles réquisitions sur deux dépôts de carburant, à Mardyck (Flandres), déjà réquisitionné en fin de semaine dernière, et à Feyzin (Rhône).

« La CGT nous oblige à réquisitionner car ils ne respectent pas l’accord majoritaire et continuent de bloquer le pays. Il faut agir, car les Français ne supportent plus de devoir attendre à la pompe », défend le député Renaissance Sylvain Maillard. L’exécutif avait mis la pression sur TotalEnergies la semaine passée, poussant à un accord sur des augmentations salariales, finalement signé par la CFDT et la CFE-CGC, mais sans la CGT. Pour sortir de la crise, Emmanuel Macron a organisé ce lundi après-midi une réunion d’urgence avec Elisabeth Borne et les ministres concernés, alors que l’opposition accuse l’exécutif d’avoir longtemps minimisé la situation. « Ce gouvernement ne maîtrise, ne contrôle rien et n’anticipe rien », a ainsi jugé Marine Le Pen sur BFMTV dimanche.

La crainte d’une mobilisation sociale plus large

Et la mobilisation dans les raffineries pourrait faire tache d’huile. Dimanche, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont manifesté « contre la vie chère » à l’appel de Jean-Luc Mélenchon et de la Nupes. « Le durcissement du climat social peut créer un déclic. Beaucoup de gens ont envie d’exprimer leur colère face aux injustices de ce gouvernement, je pense que la contestation va s’inscrire dans la durée », glisse un élu communiste, espérant une coalisation des luttes. L’appel à une grève interprofessionnelle dans l’agroalimentaire, les crèches, les transports publics, le nucléaire, l’éducation, la santé, ou encore le commerce, ce mardi, sera donc scruté d’un œil attentif dans la majorité.

« Quand il y a une journée de mobilisation, il faut toujours la regarder avec attention. Mais ça ne sert à rien d’avoir peur, nous avons l’inflation la plus faible d’Europe, et nous mettons en place des mesures comme le bouclier tarifaire ou les ristournes sur le carburant pour faire face à la crise énergétique, indique Sylvain Maillard. La situation est compliquée, mais elle est probablement conjoncturelle. Il faut tenir le cap du dynamisme économique. » La possibilité d’une grève massive et reconductible, à la SNCF ou chez les routiers, reste néanmoins un objet de crainte pour les marcheurs, à quelques jours des premiers départs en vacances vendredi.

Un 49.3 déjà très critiqué

Les macronistes devront également batailler dur à l’Assemblée nationale sur le budget 2023. Faute de majorité absolue, le gouvernement a déjà indiqué qu’il utiliserait sans état d’âme le 49.3 d’ici à mercredi soir, soit la fin des débats sur le premier volet du texte. Bruno Le Maire a donné ce lundi dans l’Hémicycle la ligne qui sera défendue par le gouvernement : « Entre Le compromis et le 49.3, il faut choisir. Vous avez refusé le compromis, c’est vous qui avez choisi le 49.3 », a lancé aux oppositions le ministre de l’Economie. La majorité compte donc mettre l’utilisation de cet outil constitutionnel controversé, et souvent impopulaire, sur le dos de l’opposition.

« Les discussions se sont plutôt bien passées, mais les groupes d’opposition ont tous annoncé avant même les débats qu’ils ne voteraient pas le texte final. Or, il faut un budget à la France ! Si on est bloqués, nous n’aurons pas d’autres solutions », ajoute Sylvain Maillard, précisant que certains amendements votés contre l’avis du gouvernement pourraient être repris. En cas d’utilisation du 49.3, cette longue semaine pourrait alors se conclure par une motion de censure. Mais les oppositions ne semblent pas toutes favorables à faire chuter le gouvernement. Une bonne nouvelle au milieu des crises pour Elisabeth Borne et ses ministres.