HOMELIEC’est quoi, cette messe des parlementaires qui a lieu ce mardi soir ?

« La religion a des choses à dire sur la société »… C’est quoi cette messe des parlementaires ?

HOMELIECe mardi soir, la traditionnelle « messe des parlementaires » sera donnée en l’église Sainte-Clotilde
La basilique Sainte-Clotilde, dans le 7 arrondissement de Paris
La basilique Sainte-Clotilde, dans le 7 arrondissement de Paris - Guilhem Vellut/CC / Wikimedia
Thibaut Le Gal

T.L.G.

L'essentiel

  • Comme chaque année à l’occasion de la rentrée, l’Eglise catholique organise une « messe des parlementaires » à Paris. Elle a lieu ce mardi soir.
  • L’occasion pour l’Eglise de donner son avis sur des grands sujets de société devant certains députés et sénateurs.
  • On a interrogé le député LR Philippe Gosselin, qui s’y est rendu à plusieurs reprises.

Une messe aux accents très politiques. Comme chaque année, à l’occasion de la rentrée parlementaire, l’Eglise catholique organise en la basilique Sainte-Clotilde (Paris 7e) un office à destination des députés et des sénateurs. C’est le nouvel archevêque de Paris, Laurent Ulrich, qui animera ce mardi soir cette « messe des parlementaires », à quelques pas de l’Assemblée nationale, devant certains élus. Cette cérémonie, mêlant religion et politique, pourrait surprendre dans un pays marqué par la séparation des Eglises et de l’Etat il y a plus d’un siècle. Quel en est l’objectif ? 20 Minutes fait le point.

C’est quoi, cette messe ?

En 1992, le cardinal Lustiger, archevêque de Paris, crée le Service pastoral d’études politiques (SPEP), une structure ayant pour mission de dialoguer avec le monde politique. Chaque année, elle organise cette « messe des parlementaires », qui permet à l’Eglise de délivrer des messages à destination des élus.

Sur son site, le diocèse de Paris précise que les « homélies sont l’occasion d’exprimer la réflexion de l’Église sur les enjeux éthiques des débats politiques prévisibles de l’année qui s’ouvre ».

Des messages très politiques ?

L’année passée, l’ex-archevêque de Paris, Mgr Michel Aupetit, a évoqué la vie de Jésus ou « le capitalisme de surveillance », offrant parfois des conseils à peine voilés aux parlementaires présents. « Le véritable danger, c’est de n’être plus au pied des gens, mais en surplomb ». Certaines années, le message se fait plus pressant. En 2012, le prêche réaffirme de manière forte l’opposition de l’Eglise à la loi sur le mariage pour Tous, promesse du nouveau président de la République, François Hollande.

En 2019, l’archevêque met en garde contre les conséquences de la loi bioéthique, votée quelques heures plus tôt à l’Assemblée. « Nous avons la science, puissions-nous avoir la sagesse ! », dit-il notamment devant Gilles Le Gendre, alors président du groupe LREM.

Cette année, le prêche pourrait se pencher sur un autre projet de société : l’accompagnement médical de la fin de vie, alors qu’une convention citoyenne voulue par Emmanuel Macron commencera ses travaux en décembre.

Pourquoi les politiques y vont ?

Philippe Gosselin, député Les Républicains de la Manche, s’est rendu à plusieurs reprises à cette messe des parlementaires. « J’y vais d’abord par conviction, mais aussi pour partager un temps commun, certes particulier, avec des collègues députés et sénateurs qui viennent d’horizons divers, d’ailleurs plus qu’on l’imagine », assure ce catholique pratiquant. « Il n’y a rien d’anormal à ce que l’Eglise, et au-delà de l’institution, les croyants, puisse exprimer leurs points de vue. Cela vaut aussi pour les juifs et les musulmans. Les grands courants de pensées, les syndicats, les partis politiques le pourraient, pourquoi pas eux ? », interroge-t-il.

Est-ce contraire à la loi de 1905 ?

La députée insoumise Sarah Legrain a dénoncé sur Twitter en septembre l’invitation envoyée par le diocèse de Paris aux parlementaires. « Malheureusement je ne vais pas venir à cette messe, car selon moi, dans une République laïque, les parlementaires n’ont pas besoin d’être bénis par un archevêque. Et l’Eglise n’a pas besoin de perdre du temps à se préoccuper de ce que font les parlementaires, puisqu’il y a une séparation des Eglises et de l’Etat ».

Une accusation balayée par Philippe Gosselin, qui rappelle que les députés s’y rendent à titre privé. « En allant à Sainte-Clotilde, personne ne va chercher des ordres ! Je fais partie de ceux qui pensent que les religions ont encore des choses à dire à la société. Cela participe du débat démocratique. Libre à chacun, ensuite, d’écouter ou non ».