Pourquoi l'« affaire Quatennens » est un coup dur pour les insoumis

Trois raisons qui font de l'« affaire Quatennens » un vrai coup dur pour les insoumis

LFIDans un communiqué publié dimanche, le député du Nord annonce se mettre « en retrait de sa fonction de coordinateur » de LFI, reconnaissant des violences envers son épouse
Thibaut Le Gal

T.L.G.

L'essentiel

  • Adrien Quatennens a reconnu dimanche des violences conjugales, quelques jours après la révélation qu’une main courante avait été déposée par son épouse.
  • Le député du Nord a dans le même temps annoncé se mettre « en retrait de sa fonction de coordinateur » de LFI.
  • L’affaire est un coup dur de plus pour la formation de Jean-Luc Mélenchon, déjà touché par des polémiques concernant des violences sexuelles ou sexistes.

L’affaire n’en finit plus de plonger les insoumis dans l’embarras. Dans un communiqué publié dimanche sur Twitter, Adrien Quatennens a annoncé se mettre « en retrait de sa fonction de coordinateur » de La France insoumise. Le député du Nord a reconnu des violences conjugales, et ce quelques jours après la révélation, dans le Canard Enchaîné, qu’une main courante avait été déposée par son épouse. Ce lundi, le parquet de Lille a confirmé l’ouverture d’une enquête. Un coup dur à plus d’un titre pour le parti de Jean-Luc Mélenchon, déjà touché ces derniers mois par des polémiques concernant des violences sexuelles et sexistes au sein du mouvement. 20 Minutes vous explique pourquoi.

Parce que la com' de LFI a relancé la polémique

La publication d’Adrien Quatennens dimanche a fait l’effet d’une petite bombe à LFI. Mais plusieurs de ses camarades ont choisi de saluer le retrait du député plutôt que de condamner la gifle assénée ou le portable confisqué à son épouse lors de leur dispute. La députée de Paris Sophia Chikirou a ainsi rappelé son « admiration » pour l'« honnêteté et l’abnégation » du Nordiste, quand Danielle Obono a évoqué la « réalité systémique » des violences conjugales. « Adrien n’est, selon moi, ni un salaud, ni un héros », a tweeté l’élue de Paris.

Sur Twitter également, Jean-Luc Mélenchon a, une fois encore, préféré cibler la police et les médias pour tenter de resserrer les rangs. « La malveillance policière, le voyeurisme médiatique, les réseaux sociaux se sont invités dans le divorce conflictuel d’Adrien et Céline Quatennens. Adrien décide de tout prendre sur lui. Je salue sa dignité et son courage. Je lui dis ma confiance et mon affection ».


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« Dans une communication de crise, l’objectif est d’en finir le plus vite possible, d’éviter le feuilletonnage et l’enlisement qui affaiblissent le mouvement. A ce titre, la communication d’Adrien Quatennens, qui reconnaît des faits, est impeccable », assure Benjamin Morel, maître de conférences à Paris II et docteur en Science politique à l’ENS Paris-Saclay. Mais « celle des leaders insoumis et de Jean-Luc Mélenchon l’est moins, puisqu’elle relance une polémique dans la polémique », ajoute-t-il.

La sortie du tribun a en effet suscité des remous jusqu’au sein de La France insoumise et de la Nupes, l’obligeant à très légèrement rectifier le tir dans un second message. Pas suffisant pour la députée insoumise Pascale Martin qui, dans un communiqué ce lundi, dénonce les « réactions inacceptables » de Jean-Luc Mélenchon et des cadres de son parti, qui « minimisent les faits commis » et « peuvent décourager les femmes victimes de violence ».

Parce que Quatennens représente l’avenir pour LFI

L’affaire Quatennens est aussi un coup dur pour La France insoumise car elle touche l’une de ses figures les plus connues, souvent citée pour prendre la relève de Jean-Luc Mélenchon à la tête du mouvement. L’élu de 32 ans symbolise la génération Mélenchon, déjà aguerrie à la bataille politique et médiatique, que l’ancien sénateur socialiste se targuait d’avoir fait monter. « C’est le cœur nucléaire du parti qui est atteint, car Quatennens est l’un des fils spirituels de Mélenchon et l’un des insoumis les moins clivants dans l’opinion. Il incarne quelque chose de fort dans le parti », rappelle Benjamin Morel.

L’ancien téléconseiller dans le secteur de l’énergie, au côté du tribun depuis déjà dix ans, avait lui-même évoqué sa succession, au lendemain de la présidentielle perdue. « On y arrivera tôt ou tard. Et le plus tôt sera le mieux », disait-il. Récemment encore, un mélenchoniste historique disait auprès de l’AFP, à propos de la présidentielle de 2027 : « Il y pense et il aurait tort de ne pas y penser ».



Parce que LFI est déjà critiquée dans d'autres affaires

Si l’affaire embarrasse autant la formation de Jean-Luc Mélenchon, c’est que les insoumis revendiquent une lutte implacable contre les violences faites aux femmes. Le parti se targue ainsi d’être l’un des rares à s'être doté d’un Comité de suivi contre les violences sexistes et sexuelles (CVSS). Mais le parti, qui a lancé en novembre 2018 cet organe interne, a été très critiqué dans sa gestion opaque des cas Taha Bouhafs et Eric Coquerel ces derniers mois. « Les insoumis se sont souvent présentés comme des parangons de vertu sur les violences sexuelles et sexistes, mais lorsque vous prônez la morale à outrance, vous devez être irréprochable. Sinon, le retour de boomerang sera d’autant plus important », assure Benjamin Morel. « La difficulté pour un parti est d'être intransigeant en respectant la présomption d’innocence. Dans l’ancien monde, il y avait la jurisprudence de la mise en examen, mais il n’y a plus vraiment de jauge aujourd’hui, ce qui crée de l’instabilité. »

Plusieurs députés de la Nupes, comme Sandrine Rousseau ou Aurélien Taché, ont d'ailleurs appelé Adrien Quatennens à se retirer de la vie publique en attendant la décision de la justice.