Rentrée : Sobriété énergétique, inflation, vote du budget, le gouvernement a du pain sur la planche
CAHIERS NEUFS•Inflation, énergie, planification écologique, budget, retraites, chômage… Le nombre de sujets à l’agenda ne manque pasRachel Garrat-Valcarcel
L'essentiel
- Ce mercredi a eu lieu le premier Conseil des ministres de la rentrée.
- Les sujets chauds s’empilent sur les bureaux du gouvernement.
- « 20 Minutes » fait le point.
Chaude, tendue, difficile, explosive… La presse rivalise d’adjectifs pour qualifier la rentrée du gouvernement. Les crises (internationales, économiques, écologiques…) se succèdent sans sembler donner le temps au gouvernement de s’organiser. Le tout alors qu’il ne dispose pas d’une majorité absolue à l’Assemblée nationale, et doit donc trouver des compromis avec certaines des composantes de l’opposition. On fait le point sur ce qui attend le gouvernement à partir de la rentrée.
La « mobilisation générale » pour la sobriété et planification écologique
On a connu le président de la République plus enjoué. Pour commencer le Conseil des ministres de rentrée, Emmanuel Macron a appelé à la mobilisation face à « la grande bascule » que connaît d’après lui le pays dans un contexte de « fin de l’abondance », notamment de certaines matières premières. Dès le 14 juillet, il a annoncé une rentrée sous le signe de la sobriété énergétique, et c’est le sujet que le gouvernement veut imposer. Lors de sa conférence de presse post-conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a renvoyé au discours que doit prononcer sur le sujet Elisabeth Borne, lundi, à l’université d’été du Medef. Il a tout de même prévenu : « Il n’y aura pas de restrictions imposées par l’Etat. »
Dans l’entre-deux-tours de la présidentielle, en tentant de séduire l’électorat mélenchoniste, Emmanuel Macron avait repris à son compte le concept insoumis de planification écologique. « Mon quinquennat sera écologique ou ne sera pas », avait-il même lancé à Marseille. Après un été marqué par les effets très concrets du réchauffement climatique sur le territoire, le gouvernement est attendu au tournant, un projet de loi sur la planification écologique doit aussi être déposé cet automne.
L’inflation et la guerre en Ukraine
« Les priorités des Français sont les priorités du gouvernement », a dit Olivier Véran ce mercredi après le Conseil des ministres. Et la priorité des Français en cette rentrée si on en croit les sondages, c’est l’inflation. Même si le prix du litre de carburant a reflué un peu cet été, le dossier de l’augmentation des prix reste brûlant. « Sans triomphalisme », le gouvernement souhaite tout de même souligner que les mesures qu’il a prises depuis le début de l’année ont « limité de 1,5 point » le taux d’inflation au printemps d’après l’Insee.
Si la guerre en Ukraine, principale raison de la flambée des prix, notamment de l’énergie, semble loin d’être terminée, le bouclier tarifaire aura, lui, une fin. Sans l’annoncer, Olivier Véran a tout de même commencé à préparer les esprits à la fin du dispositif qui court pour le moment jusqu’à la fin de l’année : « La dette nous obligera à faire des choix, on ne pourra pas indéfiniment geler les prix, mais on le fera progressivement. » Une sortie cohérente avec celle d’Emmanuel Macron, la semaine dernière qui, dans le contexte de la guerre et du soutien de la France à l’Ukraine, a appelé les Français et les Françaises à « accepter de payer le prix de la liberté ».
Les négociations sur la réforme des retraites et le durcissement de l’assurance chômage
C’est vrai qu’on entend moins parler de la réforme des retraites depuis la réélection d’Emmanuel Macron. Ça a portant été le principal marqueur de sa campagne présidentielle : amener progressivement l’âge légal de départ à la retraite à 65 ans. Dans l’entre-deux-tours, il a semblé n’aller que jusqu’à 64 ans, laissant son ou sa successeure décider de la suite. Le ministre en charge du dossier, Olivier Dussopt, avait indiqué en juillet dans Le Parisien que les consultations avec les syndicats avaient lieu dès après le lancement du fameux Conseil national de la refondation voulu par Emmanuel Macron, le 7 septembre.
Le ministre annonçait une entrée en vigueur de la réforme à l’été 2023, mais les syndicats voient rouge. Sud et CGT ont déjà annoncé un appel à la grève pour le 29 septembre et la CFDT ne semble pas beaucoup plus disposée à discuter d’une telle réforme. Autre projet qui suscite l’ire des centrales : celle qui doit durcir à nouveau l’accès à l’assurance chômage. Enfin, le gouvernement parle de « rendre sensible le fonctionnement de l’assurance chômage à la conjoncture économique », d’après les mots du porte-parole, Olivier Véran, ce mercredi. En clair, serrer les conditions d’indemnisation en cas de conjoncture économique favorable, et desserrer quand c’est la crise. Les discussions doivent là aussi commencer début septembre.
Le budget 2023
C’est le gros morceau de toutes les rentrées de tous les gouvernements : l’élaboration, l’examen et le vote du budget de l’année suivante, qui a toujours lieu à l’automne. En temps de majorité absolue, ce rendez-vous important, qui permet au gouvernement de concrétiser ses priorités, n’est politiquement pas le plus difficile. Ce sera bien sûr différent cette année. Car le vote du budget est un vote qui engage : le voter, c’est être dans la majorité. Le gouvernement pourra tenter d’acheter des abstentions, mais il en faudra un paquet. Ainsi, dans l’exécutif, on n’hésite déjà plus à brandir la menace du 49.3.
L’article 49.3 de la constitution permet au gouvernement de faire adopter un texte sans vote… Sauf si une motion de censure est adoptée dans la foulée, auquel cas, non seulement le budget n’est pas adopté, mais le gouvernement tombe. Il ne peut être utilisé qu’une fois par chaque session parlementaire (une fois par an, en gros) ET pour l’adoption du budget. On voit mal les oppositions faire déjà tomber le gouvernement, d’autant qu’il faut que Nupes, LR et RN votent en même temps la même motion pour qu’elle passe. Mais ça ne marchera peut-être pas à tous les coups.