La défaite aux scrutins nationaux semble devenir une forme de routine. Deux mois après l’énorme crash de Valérie Pécresse à la présidentielle (4,78 % des voix), la droite n’obtient que la quatrième place au premier tour des législatives, avec 10,42 % des voix au niveau national. Mais comme l’a rappelé l’élue parisienne Rachida Dati sur TF1, « Les Républicains ne sont pas morts ». En s’appuyant sur leur puissant maillage local, la droite a sauvé les meubles un peu partout sur le territoire et aura un rôle central dans les jours à venir. Son électorat jouera les arbitres dans de nombreuses circonscriptions, tandis que les futurs députés LR pourraient devenir un groupe pivot pour Emmanuel Macron.

Une bonne réserve de voix pour les candidats du camp présidentiel

« On nous avait enterrés après la présidentielle, mais on est une force qui est là, bien présente. Notre ancrage territorial nous a permis de réaliser un résultat correct, qui va nous permettre d’obtenir plus de sièges que ce que les sondages nous prédisaient », souffle Julien Arnaud, membre du bureau national LR et secrétaire départemental de la fédération de l’Hérault. Dimanche soir, la droite et leurs alliés centristes se sont ainsi qualifiés dans environ 70 circonscriptions. Dans les quelque 500 autres scrutins législatifs, la droite aura à arbitrer de nombreux duels.

Christian Jacob a donné la consigne de vote dès dimanche, assurant qu’il ne fallait donner « aucune voix pour les extrêmes ». Le patron du parti demande implicitement à ses électeurs de soutenir les candidats de la coalition présidentielle (Ensemble !) lorsqu’elle est opposée à la gauche (Nupes) ou au Rassemblement national. « On a fait près de 11 % au niveau national. Donc le score de nos candidats éliminés va être un réservoir de voix important pour certains candidats de la majorité présidentielle », assure une élue LR.

« On peut devenir un groupe pivot »

Pour le reste, la droite est en tête dans 40 circonscriptions. Selon les projections en sièges des différents sondages, LR et l’UDI peuvent espérer obtenir entre 33 et plus de 70 sièges dans la future Assemblée, contre une centaine aujourd’hui. Une baisse significative, qui devrait faire de la Nupes le principal groupe d’opposition à Emmanuel Macron. Mais paradoxalement, la droite pourrait avoir un rôle déterminant dans le prochain quinquennat. En cas d’absence de majorité absolue de la coalition présidentielle, le groupe LR-UDI aurait un rôle primordial pour faire passer les textes.

« Les cinq dernières années, nous étions déjà dans une opposition responsable et pas systématique comme LFI. Mais cette fois, on peut devenir un groupe pivot, avoir plus de poids sur la politique d’Emmanuel Macron. Il est par exemple nécessaire de réformer les retraites, ou prendre des mesures pour que le travail paie plus », indique la députée sortante Virginie Duby-Muller (LR) arrivée en tête dimanche dans la 4e circonscription de la Haute-Savoie.

« Nous ne serons pas dans une coalition, on ne gouvernera pas avec le président. Mais il aura peut-être besoin d’aller chercher 20 à 40 députés pour chaque projet de loi. Sur chaque amendement, ils devront discuter pied à pied avec nos députés et nos sénateurs, entendre nos propositions, cela permettra un rééquilibrage », ajoute Julien Arnaud. Au sein du camp présidentiel, on qualifie ce scénario « de politique-fiction », préférant insister sur « la mobilisation des candidats Ensemble ! qualifiés dans 3/4 des circonscriptions ». Mais en renvoyant dos à dos l'extrême-droite et l'extrême-gauche depuis dimanche soir​, la macronie fait déjà un premier pas en direction des électeurs de droite et des futurs élus LR du Parlement.