PAS CONTENTL’accord PS-LFI, « c’est du rafistolage » pour Jean-Marc Ayrault

Législatives 2002 : L’accord PS-LFI, « une forme de démission » déplore Jean-Marc Ayrault

PAS CONTENTL’ancien Premier ministre critique l’accord électoral conclu entre le Parti socialiste et La France Insoumise en vue des législatives. Il pointe du doigt, en particulier, les divergences sur l’Europe et la réforme des retraites
Frédéric Brenon

F.B. avec AFP

Décidément, l’accord conclu mercredi entre la France insoumise (LFI) et le Parti socialiste (PS) pour les législatives de juin, ne fait pas l’unanimité chez les anciens leaders du Parti socialiste. L’ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault, toujours écouté avec attention même si sa parole est devenue rare, a qualifié l’entente de « rafistolage » et de « démission » qui risque de fracturer le PS.

« Je suis profondément déçu par le texte qui vient d’être rendu public. Je vous dis mon désaccord avec regret », déclare l’ancien maire de Nantes. « C’est du rafistolage », estime-t-il, dénonçant le « prix exorbitant » payé par le PS, qui serait « absent dans 500 circonscriptions sur 577 ». « Il y a une forme de démission qui n’est pas défendable », a estimé l’ancien Premier ministre de François Hollande. « En même temps, j’ai bien conscience qu’avec 1,7 % des voix à la présidentielle, ça ne met pas le Parti socialiste en situation confortable », a reconnu Jean-Marc Ayrault.

L’Europe et la retraite à 60 ans comme désaccords

Parmi ses points de désaccords avec le communiqué commun PS-LFI, l’ancien ministre des Affaires étrangères a regretté « une espèce de fuite en avant » sur la question européenne. « Il faut travailler pour faire évoluer les traités, et pourquoi pas les changer, mais il faut veiller au respect de l’État de droit si on veut éviter que M. Orbán en Hongrie ou M. Kaczynski en Pologne se permettent ce qu’ils se permettent », a-t-il estimé. « La construction européenne, c’est un combat qu’il faut mener, mais en affirmant clairement et fortement qu’il n’y a pas, pour la France, d’autres voies que la voie européenne », a-t-il ajouté, soulignant que l’Europe était « en train de progresser, de montrer qu’elle est utile : on l’a vu pendant la crise sanitaire, on le voit avec la crise énergétique et la crise alimentaire avec ce qui se passe en Ukraine ». « Donc ce n’est pas le moment de fragiliser cette construction. Au contraire, il faut la renforcer », a ajouté Jean-Marc Ayrault.

Quant au retour à la retraite à 60 ans pour tous, « c’est tromper les Français (…) c’est comme si on disait on va raser gratis », a-t-il estimé. « Après un tel échec à l’élection présidentielle, je mesure l’aspiration à l’unité » de la gauche mais « on ne peut pas la faire à n’importe quel prix et au dernier moment, sur des bases à la fois floues et avec des désaccords aussi profonds », a fustigé Jean-Marc Ayrault.

« Je vois bien les risques de fracture »

L’ancien président du groupe socialiste à l’Assemblée a jugé que le PS pouvait « garder un groupe parlementaire », sans accord avec LFI, grâce à la « bonne implantation » de ses députés.

Alors que des figures historiques du parti, comme François Hollande ou l'ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve, ont dénoncé cet accord, Jean-Marc Ayrault a appelé à « veiller à l’unité des socialistes ». « Je vois bien les risques de fracture et je pense qu’il faut les éviter », a-t-il déclaré. A plus long terme, il a appelé les socialistes à « tirer les leçons de nos échecs parce qu’on n’en est pas là non plus complètement par hasard ».

A Nantes, dans la troisième circonscription de Loire-Atlantique, fief historique occupé par Jean-Marc Ayrault pendant 30 ans, le PS ne présentera, pour la première fois, aucun candidat.